Vous souvenez-vous de la première chose que vous avez ressenti ? Était-ce l'amour ? La haine ? La joie ? Ou la colère ? Moi, la première chose que je ressentis fut le vide. Un vide glacial et pénétrant qui semble te dire « abandonne ». Et c 'est vrai, j'ai failli abandonner. Je ne savais pas quelle raison j'avais pour tenter de percer ce vide. Tout était fini avant même le commencement. Et pour cause, je n'avais rien, aucun souvenir, aucune sensation. Rien de réel, ni même tout fait d'irréel. C'est là que je l'entendis. Une voix. Une seule chose de réel, une seule chose de concrète auquel me raccrocher. Et ce n'était pas seulement une voix... elle m'appelait.
« Ho ! Tu te réveilles ? »
C'était une voix d'homme... Il devait être adulte si je me fiais à la tonalité basse de sa voix. Je n'arrivais pas à déterminer plus de choses. Il fallait que j'ouvre les yeux désormais. Après un effort surhumain, mes paupières m'obéirent enfin. Je fus d'abord éblouie par la lumière et ne vis qu'un écran blanc qui semblait s'interposer entre moi et mon environnement. Malgré cela, je parvins à distinguer les traits de ce décor pour le moins surprenant.
C'est tout d'abord son visage que je vis. Il me regardait avec de l'étonnement dans les yeux, assis derrière des barreaux de fer. Il ne portait qu'un léger pantalon, et une chemise blanche délabrée, ou plutôt en pièces. Ses cheveux, s'arrêtant en bas de sa nuque, étaient gris poivre, tout comme sa barbe de trois jours qui recouvrait une mâchoire carré. Ses yeux bleu-azur m'entouraient d'une affection encore inconnue pour moi. Je détournais le regard pour m'apercevoir que, bien que je sois sorti du néant, il me restait encore à sortir de prison. Des barreaux de fer, me laissant à peine la place pour m'allonger, m'entouraient de toutes parts, mis à part le mur fait de bois qui se trouvait derrière moi. Deux autres cellules m'encadraient, et trois autres se trouvaient en face, toutes disposées de la même manière. La cellule à ma droite abritait l'homme au poil gris-poivre. Je tournai la tête dans tous les sens, tentai de me lever, avant de chuter lamentablement sur les fesses. L'homme m'interpella alors : « Ne te lève pas, tu vas tomber. Déjà que tu n'as plus le sens de l'équilibre... » Je pris un moment pour comprendre ces mots. Et maintenant que je me concentrais cela me semblait évident. Le sol bougeait d'avant en arrière. Nous étions sur un bateau !
Je plissai fort des yeux, espérant de tout cœur que ce ne soit qu'un rêve. Mais cela ne me procura qu'un violent mal de crâne. Je pris ma tête dans mes mains et sentis quelque chose... c'était chaud, liquide et gluant. Ça sentait mauvais, un peu comme du métal. Je contemplai ma main rouge écarlate, du sang ! Je saignais. Que m'était-il arrivé ? Étais-je blessée ? Où avais-je atterri ? Et qui était cet homme ? Des tas de questions se bousculaient au portillon sans que je ne puisse obtenir de réponse. Seulement deux questions revenaient à la charge de façon immuable : qui étais-je ? Et pourquoi je ne me souvenais de rien ?
Comme je n'avais d'autre choix que de cohabiter avec cet homme, je me résignai à ne pas l'agresser avec mes questions. Quand bien même j'en mourais d'envie. Je lui demandai simplement : « Qui es-tu ? » Il parut surpris. Autant que moi à vrai dire, j'avais une voix bien... différente de l'idée que je m'en étais faîte. Elle était plus mélodieuse. Il esquiva : « Tu es amnésique et tu te retrouves dans un endroit inconnu. Tu devrais avoir des milliers de question à me poser, et tu me demandes qui je suis ?
- Oui... je crois bien que c'est ce que j'ai dit.
Mais, d'ailleurs, comment savait-il que j'étais amnésique ?
- Soit, se résigna-t-il, Mon nom est Balder Craus. Je vivais au loin, à l'ouest avant. Mais désormais, on me trimballe comme esclave.
- Tu m'as l'air plutôt fort... Pourquoi ne t'échappes-tu pas ?
Un rictus amer se forma au coin de ses lèvres.
- Je l'ai déjà fait. Je me suis échappé pardi ! Mais ces gars-là vous rattrapent toujours, ma belle. Pour ça, on m'a coupé le petit-doigt.
Il me montra sa main gauche composée de quatre doigts entiers, seulement quatre. Cette vision m'horrifia.
- Je ne vais plus faire cette erreur. Un jour, la B.P.M.O. trouvera ce navire et s'en sera finit d'eux. Nous serons libre.
- Excusez-moi... C'est quoi au juste la B.P.M.O. ?
- Oh ! C'est vrai que tu es amnésique... C'est la Brigade de Protection des Mers et Océans.
- Je vois. Euh... dîtes M.Craus...
- Appelle-moi Balder, par pitié !
- Savez-vous... qui je suis ?
Il s'arrêta net dans son élan d'euphorie. Je voyais ses yeux me sonder et m'analyser comme le ferait une machine. Je compris qu'il savait quelque chose.
- Non, désolé jeune fille... J'aimerais t'aider. Mais je sais simplement qu'ils t'ont jetée ici, couverte de blessures en disant que « il » s'était bien battu pour te protéger mais que finalement les faibles étaient destinés à mourir. Je ne sais pas de qui il voulait parler. Désolé, s'empressa-t-il d'ajouter. »
La sincérité de sa voix me fit renoncer à approfondir le sujet pour le moment. Je profitai de cet instant de silence pour tourner la tête et regarder d'où venait cette vague de fraîcheur qui apaisait mon dos endoloris par le bois. Je remarquai un petit hublot encadré par les planches. Il faisait nuit dehors. Je tentai de me hisser pour observer le décor dont on me privait la vue. Mais une vive douleur à l'épaule me fit lâcher prise et je m'écroulai, allongée, au sol. Je fus prise de vertiges et la dernière chose que mes yeux eurent le temps de voir fut l'astre lunaire, paradant dans sa forme la plus entière.
Je repris lentement conscience, après quelques gémissements, j'ouvris délicatement les yeux. Je me trouvai toujours dans mes quelques mètres carrés de prison et rien ne semblait avoir changé. Seulement lorsque je me rassis, je constatai avec horreur que Balder ne se trouvait plus dans la cellule voisine. Je commençai à m'agiter, où l'avait-on emmené ? S'était-il échappé encore une fois ? Allait-il revenir ? Que se passait-il ? Décidément, je ne savais pas grand chose. Je me maudis d'avoir perdu la mémoire. Je me déplaçai jusqu'aux barreaux mais une douleur intense aux jambes me fit reculer et m'écrouler à terre. J'observai ma jambe, puis le sol, rien qui auraient pu me blesser et ma jambe était intacte. Il n'y avait qu'un rais de soleil qui perçait à travers le hublot. Je tendis ma main et la plaçai sous la lumière. Je hurlai de douleur en la retirant vivement. Qu'est-ce qui m'avait fait ça ? Étais-je allergique au soleil ? Ou bien était-ce simplement mon imagination ? Je tentais l'expérience une seconde fois, qui ne fut pas moins douloureuse. Je ne savais pas pourquoi, je ne savais pas comment, mais le soleil était dangereux pour moi. Il fallait que je fasse très attention.
---------------------------------------------------------------------
Bon, premier véritable chapitre. A votre avis, qui est notre jeune amnésique ? Je suis sûre que vous pouvez trouver ;-)
N'hésitez pas à voter et commenter !
Merci d'avoir lu ! Bisous <3
VOUS LISEZ
Le Joyau de la Couronne
FantasyDans un monde où la magie est source de beauté et de pouvoir, Ariane, princesse du Royaume d'Or, cherche son chemin. Lorsqu'elle se retrouvera seule à devoir contrôler des pouvoirs dont elle ignore encore tout, chercher son frère, supposé mort, et...