L'air s'insinuant dans mes poumons me conférait une force nouvelle chaque fois que mon esprit exigeait de la nature son aide. Le Mistral, un ami longuement perdu, vint à moi. Il caressa tout d'abord ma nuque, souleva mes cheveux sous les stupéfactions des hommes autours, puis s'enroula autour de mes poignets. J'avais obtenu l'aide dont j'avais besoin.
Je rouvris les yeux. La plaine était à moi. L'onde surnaturelle qui se dégageait de mon corps se propagea jusqu'aux hommes. Je perçus chaque infime mouvement, chaque caillou minuscule, chaque bruissement de feuille. Je commençai par soulever toutes les infimes aspérités solides de la terre jusqu'à hauteur de ma poitrine, créant un large anneaux autour de moi. Puis d'un simple mouvement du poignet, elles vinrent former un dôme autour de moi. Avec ces pouvoirs, je me sentais plus en sécurité que jamais, comme si la nature elle-même tentait de me défendre. Mon esprit en harmonie avec le moment parvint seulement à distinguer la voix grave du chevalier noir ordonner : « Attaquez-la. »
Consciente de sa mise à l'épreuve, j'ouvris les brèches nécessaire dans le dôme afin que les soldats passent, les refermant à l'instant même où les soldats de Saphir voulurent me venir en aide. Ce n'était malheureusement pas leur combat. Hésitants, les hommes s'approchèrent d'un pas lent, épée en main. Peut-être avaient-ils peur, malgré tout, de me blesser... ou de se faire blesser. Je me promis de ne jamais leur faire de mal. L'un d'eux finit par se décider en croisant le regard sévère de son général. Il cria pour se donner du courage et s'élança, tentant de me trancher le ventre. D'un simple regard, un coussin d'air repoussa l'attaque, faisant voler l'arme qui se planta plus loin dans le sol. Immédiatement, l'homme prit peur tandis que d'autres s'étaient finalement décidés à attaquer. Une bourrasque sphérique s'éloignant de moi grandit d'un seul geste et les propulsa aux limites du dôme toujours en place. Avant même qu'ils aient pu se reprendre entièrement, des dizaines d'insectes vinrent se faufiler dans leurs vêtements. La dizaine d'homme se débattit, tentant de retirer les bêtes rampantes et grouillantes de leur emplacement. Un seul regard sur moi leur fit comprendre la suite des événements. Vaincus, ils s'agenouillèrent, rentrant leur épée dans leur fourreau. Alors, avec un dernier spasme de dégoût, ils furent débarrasser de leurs bestioles.
Voyant la stupéfaction dans les yeux du chevalier noir, les pierres revinrent doucement à leur place, évitant soigneusement les soldats. Fermant les yeux pour savourer pendant un bref instant la présence du Mistral, je le laissai s'échapper sous les applaudissements des autres soldats. J'aperçus alors Amine, se tordant de rire devant l'air du général. Je souris tendrement, il l'avait probablement anticipé. Mes yeux dévièrent alors vers ma seule famille, qui m'observait d'un œil douloureux. Interloquée, je me promis d'en trouver la raison. Pour le moment, il était temps de refaire nos provisions avant de reprendre la mer.
Alors que j'allais monter à bord du Téméraire, le général Hélios vint me trouver. D'un regard, il parvint à faire déguerpir les soldats accrochés à lui comme deux moules à leur rocher. Je vis alors à quel point il était dur pour un homme tel que lui de parvenir à prononcer un seul mot d'excuse. Lui épargnant alors ces dires, je le devançai : «Contentons-nous de remplir ce pour quoi nous sommes venus, n'est-ce pas, général ? » Je crus percevoir une infime trace de reconnaissance, qui disparut bien vite sous son masque impassible. « Cela sera pour le mieux, en effet. »
Et bientôt, lui aussi disparut.
Les jours qui suivirent se déroulèrent bien vite. À bord du navire, la tension était palpable. Tous connaissaient leur rôle dans cette immense bataille, chacun demeurait plongé dans ses pensées, seul maître de ses peurs. Bientôt, Maxime, Akim, moi-même ainsi que deux des meilleurs soldats, soit Conrad et Adalburge, irons dans un bateau autrement moins imposant jusqu'aux côtes d'Or. De là, nous traverserons de villages en villages pour atteindre la capitale. Nous étions censés y arriver en trois jours car l'attaque sur le château surviendrait le quatrième matin. Or, si nous ne parvenions pas à temps à faire tomber celui à la tête de notre Royaume, ce serait un véritable massacre dans les deux camps.
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Le Joyau de la Couronne
FantasiDans un monde où la magie est source de beauté et de pouvoir, Ariane, princesse du Royaume d'Or, cherche son chemin. Lorsqu'elle se retrouvera seule à devoir contrôler des pouvoirs dont elle ignore encore tout, chercher son frère, supposé mort, et...