Lorsque j'aperçus Arion, je courrai jusqu'à lui et en serrant sa grosse tête, je lui murmurai : "On y va, mon grand." Il planta ses yeux verts dans les miens, comme s'il comprenait que quelque chose n'allait pas. À vrai dire, il me lançait ce regard depuis que nous étions précipitamment partis du palais. Je soupirai en collant me tête contre la sienne avant de lui promettre de lui avouer plus tard, lorsque nous aurions le temps. Cela pouvait sembler bizarre d'avoir des comptes à rendre à un cheval, mais pour moi, c'était on ne peut plus naturel. Il me conduisait où je voulais, supportait ma charge, alors il coulait de source que je me devais de lui expliquer pourquoi. Mais le moment était mal choisi, aussi montais-je en scelle avant de lui indiquer de démarrer d'un léger coup de talon. Klevs nous rejoignit alors en trombe en me criant de démarrer. Le regard paniqué il ajouta que le prince l'avait remarqué. Je partis au quart de tour et, le temps qu'Arion se retourne, le prince était devant nous, accompagné de sa garde. Klevs sur sa monture, à mes côtés, les deux camps se faisaient face. Je me dis alors que raisonner Akim pourrait être possible, bien que nous n'étions pas encore à la moitié du chemin. "Akim, écoute. Je dois absolument voir mon frère. Ce n'est peut être pas encore une question de vie ou de mort, mais cela le deviendra incessamment sous peu. Alors, par pitié, laisse moi y aller..." Sans rien dire, il planta son regard dans le mien. Les villageois arrivèrent rapidement sur la place du village, le chef et le vieil homme à leur tête, nous encerclant. Nous étions sur nos chevaux, eux ne les avaient pas récupéré. Il nous restait une chance s'il refusait. Mais à ma grande surprise, il avança, sans ses gardes, pour me regarder de plus près. Ses yeux reflétaient une inquiétude et une sincérité qui me transpercèrent. Je n'aimais pas le voir comme cela. Alors, d'un ton doux, il me murmura, comme si nous étions seuls, comme s'il n'y avait pas une centaine de personne présente, à boire la moindre de ses paroles : "N'as-tu donc pas compris pour quelle raison je me refusais à te laisser partir ?
- Parce que vous ne supportez qu'elle préfère aller retrouver son frère ? proposa Klevs.
À ma grande surprise, Akim ne lui lança pas même un regard de travers. Il l'ignora pour me répondre, les yeux m'enveloppant d'une douceur inconnue :
- Si je m'y refusais c'était par peur de te perdre. Car si mes obligations ne me forçaient à rester au palais, je t'aurais accompagner jusqu'au bout du monde si tu me l'avais demandé. Je t'aurais protéger de tous les dangers si c'est qu'il te fallait pour te rendre heureuse.
Comment cela était-il possible ? Mon coeur se réchauffait en même temps qu'il se serrait. L'esprit confus, je murmurai, les yeux braqués dans les siens, ne voyant que son regard :
- Cela fait beaucoup de "si"...
- Me le demandes-tu ? interrogea-t-il, le regard plein de promesse.
Je me perdis dans ses yeux d'un bleu captivant.
- Voudrais-tu m'accompagner jusqu'à Izmir ?
Mais alors qu'il allait répondre, Lancelin posa une main sur son épaule. Il se rendit compte de ce que j'avais demandé. Le coeur remplit d'espoir déchu, je vis ses yeux sombrer vers la déception, la réalité. Nous n'étions pas des voyageurs partageant la route. Nous étions prince et princesse de nos royaumes, nous avions des obligations à faire passer avant tout. Je compris aussitôt ce que Lancelin cherchait à lui dire, d'une main désolée. Akim plonge une dernière fois son regard plein d'excuse dans le mien avant de battre des paupières. Lorsqu'il rouvrit les yeux, son visage de prince avait repris le dessus. Il répondit, avec un regret dans la voix : "Je te promets que j'irais trouver ton frère et que je te le ramènerai, mais j'aimerais que tu restes au palais pour le moment."
Je sus que la partie était perdue. Lancelin voulut s'avancer vers moi afin de prendre la bride d'Arion. Je fermis les yeux, faisant appel à Mère Nature. Elle m'envoya le Sénoum et l'Alyabisa, celui-ci prit la forme du sable du désert. Ils formèrent un mur, comme invisible. Le vent une barrière pour les empêcher de passer, le sable un chemin pour les faire reculer. Tandis que Lancelin bataillait pour avancer, rien que pour toucher le mur de vent, je tournais la bride d'Arion. Lançant un dernier regard à Akim, je le vis terriblement triste. Ignorant difficilement son appel à l'aide, je mis mon destrier au galop. Je chargeai le Sénoum et l'Alyabisa de les retenir au village tant que nous n'aurions franchis les portes d'Izmir.
Galopant comme un apeuré, Arion ne cessa de pousser ses muscles au maximum du possible afin de les distancer, le sable se soulevant sous ses sabots, le Soleil éclairant notre chemin. Je finis par ne plus entendre le Sénoum rugir autour du village, peut être usait-il de sa puissance pour les effrayer un peu. Je souris face à ses gamineries, sachant que jamais il ne leur ferait de mal.
Le soir tomba. La Lune m'apaisa et combla mon esprit fatigué de milles caresses. Le feu fait à partir de branches sèches sur le sable suffit à nous réchauffer. À perte de vue, il n'y avait que des dunes, si nous oubliions le rocher de granit sous lequel nous nous étions allongé pour la nuit. Épuisée autant moralement que physiquement, j'entamais ma nuit.
Réveillée par une caresse prude sur ma joue, j'ouvris les yeux pour me retrouver face à Klevs. Il me sourit avant de m'annoncer d'une voix amusée que nous devions repartir. Groggy de sommeil, je me relevai, rangeai la couverture sur laquelle j'avais dormis dans la besace que portait Arion, déjà bien éveillé, avant de monter en scelle. La nuit avait dû être plus reposante pour ma belle bête que pour moi, il semblait plus frais que la veille. Les courbatures dans mon dos m'empêchèrent de dire pareil.
Notre chemin reprit. Plusieurs jours passèrent. Nous discutâmes de tout et de rien. Il me raconta à quel point sa soeur, Eléa, avait été subjuguée lorsqu'elle m'avait vu. Selon lui, elle disait qu'elle n'avait jamais vu une fille si belle. Au compliment, j'avais rougis, me souvenant du sourire charmeur de la jeune fille. Elle aussi devait faire tourner quelques têtes. Je lui fis promettre de lui passer le bonjour de ma part la prochaine fois qu'il lui enverrai une lettre.
Je lui racontai ce dont je me souvenais de mon frère, j'omis cependant de lui révéler ma perte de mémoire. Je parlai du courage de Maxime quand une fois, nous nous étions baladé dans la basse ville, étant plus jeune, et qu'un homme nous avait abordé, pensant à de chétifs enfants. Il avait été appréhendé par mon frère puis remit aux gardes les plus proches. Depuis toute petite, il était mon héros. Je le voyais comme le grand frère le plus fort, le plus vaillant qu'il ait été. Et même si aujourd'hui je voyais ses défauts, il resterait dans ma tête le chevalier intrépide qui me protégeait,étant petite. Je lui parlais aussi de mes parents, tout du moins ce dont je me souvenais d'eux. Je parlai de ma mère, de sa douceur incomparable quand elle me chantait des berceuses le soir, de son instinct protecteur lorsqu'un bourge un peu égocentrique paraissait dans la cour et qu'elle me mettait discrètement derrière elle comme pour me protéger en le saluant d'un sourire hypocrite, de sa ferveur et de son regard déterminé quand elle annonçait son avis dans les conseils de mon père. Je la regardais alors avec des yeux émerveillés, me promettant de lui ressembler lorsque je grandirais. Elle m'avait toujours conseillée de m'entourer d'amis de confiance car si même un jour je me retrouvais sans couronne, sans famille ni royaume, ce serait sur eux que je pourrais compter. Aujourd'hui, je me rendais compte à quel point elle avait su voir dans l'avenir. Peut être avait-elle vécu situation similaire. Quoi qu'il en était, j'avais pu compter sur la précieuse aide de Balder, du chef Morgdis et de Klevs.
Je parlai aussi de mon paternel. Il était resté dans mes souvenirs le roi du Royaume d'Or, son visage fier lorsqu'il observait son peuple, ses yeux plains d'amour lorsqu'ils les posaient sur sa petite famille.
Je me souvenais des mots qu'il avaient dit à mon frère, au moment de prendre une épée pour la première fois, devant ma mère et moi : "Mon fils, tu ne brandiras cette épée que dans le seul but de protéger. Tu devras protéger notre Royaume, notre famille, ta mère et ta petite soeur. Et lorsque tu seras marié, tu te devras aussi de protéger ton épouse, avait-il ajouter d'un regard pour ma mère, Mais tu dois me faire le serment de ne jamais la retourner contre ceux qui ne la méritent pas, que se soit pas haine ou jalousie, jamais, tu m'entends ?" Jusque là, mon frère avait toujours tenu cette promesse. Je me demandais s'il en serait toujours le cas.
Je relevai la tête, voyant que Klevs s'était arrêté. Regardant devant moi je vis tout un petit monde s'affairer. Le lieutenant me souffla à l'oreille : "Bienvenue à Izmir, princesse."
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Hellooooooo tout le monde !
Alors ça va ? Qu'en avez-vous penser ? La réaction d'Akim ? D'Ariane ?
Et alors alors, on a une partie du passé d'Ariane et Maxime de révéler, qu'en avez-vous penser ? Perso, depuis le début, j'adore son grand frère ><.
Ils sont enfin arriver à Izmir, que va-t-il se passer ?! Va-t-elle pouvoir voir Maxime ?
La suite au prochaine épisode ;-).
Bisous <3
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Le Joyau de la Couronne
FantasyDans un monde où la magie est source de beauté et de pouvoir, Ariane, princesse du Royaume d'Or, cherche son chemin. Lorsqu'elle se retrouvera seule à devoir contrôler des pouvoirs dont elle ignore encore tout, chercher son frère, supposé mort, et...