Chapitre 22

346 42 38
                                    

"Cela devait être notre chambre, une fois mari et femme..."

Les larmes me montèrent aussitôt aux yeux, me brûlant les paupières. Un battement de cils suffit à faire tomber les premières.

Devant moi se trouvait une pièce magnifique. Un lit à baldaquins, immense, placé au milieu de la suite était recouverts de draps d'une blancheur immaculée, semblant doux comme de la soie. Les légers voiles d'un rouge transparent qui pendant depuis le dessus retombaient sur les côtés du matelas. De légères pétales de roses rouges avaient été déposées sur le dessus du lit avec délicatesse. Une petite table où on devinait aisément que les petits-déjeuners étaient servis se devinait sur la gauche, recouverte d'un simple napperon blanc. Une baie vitrée, dans la continuité de la table, s'ouvrait sur un grand balcon, probablement celui sui menait sur la cour, m'intima une petite voix.

La pièce semblait dégager une aura magique, irréelle. Comme si elle avait été tirée d'un songe. Puis j'eus les flashs.

Devant moi se dessinait cette même pièce. Au balcon, Akim et moi étions en train de siroter tranquillement un verre quand je posai ma tête sur son torse. Il enroula son bras autour de mes épaules, m'enserrant dans sa poigne protectrice. Puis, Akim déposa le verre sur la rambarde épaisse du balcon en marbre. Il saisit mon menton de son autre main pour plonger ses yeux dans les miens. Il me murmura d'une voix altérée : "Il va falloir que tu restes toujours auprès de moi... Je crois ne plus pouvoir me passer de ma bouteille d'oxygène." Il me sourit tendrement avant qu'un voile noir ne tombe sur ses iris devenus hypnotiques. Il souffla tout en s'approchant de moi, la voix rauque du désir qui l'enivrait : "Puis-je prendre une respiration ?" Je n'eus qu'à légèrement hocher la tête, les yeux rivés sur ses lèvres si tentantes pour qu'il vienne dérober ma bouche. Demandant l'accès, je lui offris sans retenue. Son baiser se fit plus passionné, et je manquai lâcher mon verre lorsqu'il le rattrapa soupirant contre mes lèvres : "Ne te blesse pas, mon amour." Oubliant totalement l'incident, je me concentrai sur ses lèvres chaudes, sa langue qui me faisait tourner la tête. Il attrapa mes hanches sans jamais me laisser le temps de reprendre mon souffle, me souleva. Mes jambes s'enroulèrent immédiatement autour de ses hanches où je sentais déjà son désir pulser. Mon coeur menaçait d'exploser, ma tête tournait d'une ivresse qui n'avait rien à voir avec ce que nous avions bu. Je sentis le matelas s'enfoncer sous mon dos et, bien que l'appréhension m'envahissait, je me laissai aller dans ses bras.

Je clignai fermement de yeux, comme pour chasser ces flashs. Je venais de me souvenir que nous n'avions pas attendu le mariage. Les joues rouges de honte, je sentis ma tête tourner quand je croisai son regard d'un bleu inquiet. Me caressant doucement la joue, il murmura, presque pour lui : "Tout va bien, mon amour ?" Puis il se rendit compte de notre promiscuité et se recula lentement, à regrets. Les souvenirs de cette nuit continuaient à me revenir en mémoire. Je lui avais tout donné cette nuit-là, et il en avait pris soin. Mes joues continuaient leur course pour savoir laquelle serait la plus rouge, tandis que mon regard ne quittait plus ses lèvres, entrouvertes par l'inquiétude. Je finis par lui répondre dans un souffle : "Je vais bien..." Mais comme il ne sembla pas satisfait de la réponse, j'ajoutai d'une voix tremblante : "Certains souvenirs me sont revenus..." Il sembla saisir le sous-entendu et se rapprocha infiniment de moi, cherchant ma main de la sienne, le regard plein d'espoir. "Quels souvenirs ?" Mon esprit troublé par ses lèvres si proches et sa voix altérée par l'émotion, je bafouillai avant de répondre, rouge comme une pivoine : "Des souvenirs intimes, dans cette chambre..." Alors il plissa les yeux, comprenant toute la portée de mes mots. Sans que je le veuille, ma voix avait semblé timide, presque apeurée, et il l'avait entendu, au vu de léger recul, de son regard poignardé. "Tu as peur... de moi ? De ce qu'il s'est passé ici ?

 - Non, répondis-je trop vite, Seulement, permets-moi d'être troublée par ce que j'ai vu..."

Ses yeux se firent plus doux, compréhensifs. Il se recula pour parvenir jusqu'à la baie vitrée et l'ouvrit. Un pincement au coeur me surprit lorsqu'il fit le premier pas loin de moi. Il s'appuya contre la rambarde du balcon, les cheveux jusqu'à la nuque, secoués par le vent. Dos à moi, il me demanda, des plus sérieux : "Tu veux aller à Izmir ?"

Le Joyau de la CouronneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant