Chapitre 29

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Une bombe à retardement... Une bombe à retardement. Dans les sous-sols de notre palais, occupé par des bandits, se trouvait le moyen de mettre fin au monde. J'en restai sans voix. Comment avait-on fait afin que personne ne soit au courant ? Moi-même, je venais de l'apprendre... Je me demandais par ailleurs qui l'avait annoncé à mon frère. Et sans s'en rendre compte, Maxime répondit à mes questions muettes, tandis que je l'écoutais avec attention. "Mon père me l'a révélé en même temps que ma mère enseignait ce qu'elle savait de son pouvoir à Ariane. Depuis toujours, les hommes de notre famille sont chargés de garder ce secret. Ma mère n'en a jamais rien su. Et c'est aussi pourquoi Ariane ne doit en aucun cas le savoir.

 - Je ne vous suis pas. En quoi le fait qu'Ariane soit au courant pourrait être néfaste ? , demanda Akim à ma place.

Maxime poussa un long soupir de résignation.

 - La seule façon d'ouvrir la porte bloquant l'accès au Joyau des Six Royaumes est d'user du pouvoir des Astres. Autrement dit...

 - Autrement dit, Ariane est la clé afin d'accéder à cet immense pouvoir, compléta le prince de Saphir.

Je décidai soudain que j'en avais trop entendu. Ma respiration se bloquait à chacun de mes mouvements et mon cœur menaçait d'exploser s'il gardait une cadence si soutenue. Le sentiment écrasant d'être seule au milieu de la tempête m'oppressait la cage thoracique, me coupant le souffle. Je me relevai lentement, espérant ne pas tomber. Et alors que mes jambes ne me supportaient plus, je sentis autre chose me soutenir. Le Sénoum formait comme un coussin autour de moi, m'empêcha de basculer. J'eus comme l'impression qu'il avait senti l'immense désespoir qui s'était emparé de moi à l'annonce de toutes ces nouvelles informations. Mon esprit mesura à peine l'immensité de ma proximité avec les éléments pour parvenir à ce tour-ci. Sans que je n'ai rien demandé, les éléments d'eux-même m'aidaient.

Lorsque ma tente apparut devant moi, je me demandai à quel moment j'y étais parvenu. Tout autour de moi, semblait obstrué par un voile transparent, formant une barrière entre moi et le monde extérieur. J'entrai, m'allongeai de le lit qui m'était destiné et fermis les yeux. Je ne dormis pas une seule brève seconde de toute la nuit.

Le chant des oiseaux me fit ouvrir les yeux, sonnant comme le plus beau des sons à mes oreilles. La nuit était passée avec ses questions, ses doutes et ses peurs. La Lune, avec elle, avait emporté mes confusions, ne restait plus qu'un grand vide. L'esprit vissé sur la seule idée d'aller retrouver mon frère, mes jambes me propulsèrent hors du lit. Je pouvais sentir en permanence comme un halo m'entourer. Un étrange mélange de vent, de lumière et de paix. Quiconque tenterait de m'approcher s'y heurteraient comme s'il se heurtait à mon esprit lui-même. Voilà ce que cette aura représentait, ma conscience elle-même.

Me portant jusqu'à Maxime, mes sens aiguisées au maximum le firent se retourner. Il ouvrit de grands yeux en me voyant, tout comme les gens s'étaient retournés à mon passage. Bégayant de maigres mots, il finit par vouloir m'attraper le poignet pour m'emmener ailleurs. Et bien qu'il commença par se heurter à ma protection, je le laissai faire.

C'était étrange de voir se refléter dans les yeux de son frère bien-aimé, l'image d'une étrangère. Car c'était que j'avais l'air d'être pour lui. Et je ne pouvais lui en vouloir. Moi-même, à sa place,aurais je réagis de la même façon.

Ainsi, il me guida jusqu'à la tente dans laquelle ils avaient discuté la veille. En m'asseyant, je soupirai, retirant pour un temps cette enveloppe spirituelle.

Je clignai des yeux, comme au revenir d'un songe. Regardant mon frère, je le saisis en train de m'observer d'un œil inquiet. Puis il murmurant : "Qu'est-ce que... Qu'est-ce que c'était que ça ?

Le Joyau de la CouronneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant