Chapitre 25

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Quand j'entendis que le plan d'Ariane pourrait tomber à l'eau, je pris la parole pour la première fois. Prenant du même temps notre défense, je déposai mon épée à terre, tandis que la princesse me suivit en y déposant sa dague, offerte par mon chef. S'ils voyaient que nous n'étions en rien dangereux, alors peut être son plan avait-il une chance de fonctionner.

 - Si vous donnez nos armes ne suffit pas, nous pouvons même accepter de nous faire lier les mains. Tout ce qui nous importe est d'échapper à la vigilance du prince.

Le père du chef sourit.

 - Tu vois, Ouakil ? Je te l'avais dis. Ces jeunes sont dignes de confiance. Si cela peut te rassurer, prends leurs armes, mais ne les attache pas.

Alors le chef obéit à son père. Un homme vint prendre nos armes tandis que la dénommée Joly s'approcha pour nous conduire jusqu'à chez elle. Avant de quitter les hommes, j'expliquai que les chevaux étaient connus du prince et sa garde et donc qu'ils devraient être camouflés, eux aussi. Le vieil homme acquiesça.

Nous suivîmes Joly en silence, remerciant l'ancêtre du regard. En homme humble, il hocha simplement la tête. J'appréciai depuis tout jeune déjà l'humilité des anciens et je les avais toujours tenu en grand respect. Alors avoir l'appui du vieil homme face à son chef représentait beaucoup, selon moi.

La jeune fille devait avoir l'âge d'Ariane et pourtant, elle était légèrement plus grande. Ses cheveux flamboyants s'agitaient au rythme de ses pas. Elle tourna son regard noisette vers nous avant de nous ouvrir la porte de son intérieur.

Mes yeux tombèrent sur la pièce devant moi. Faisant à la fois office de cuisine, de pièce à vivre et de chambre, la maison se résumait dans ces quatre murs. J'étais écœuré par la misère de ce village. Mon devoir en tant que lieutenant de la B.P.M.O était de veiller sur les gens voyageant à travers mers et océans, mais aussi de surveiller toute interaction pouvant tourner l'ordre du monde, des Royaumes à mal. Et ceci en était une. Cela me faisait mal au cœur de voir ces habitants vivre dans ce village délabré alors qu'il y avait quelques années à peine, j'étais à la même place qu'eux, dans un village tout aussi en manque d'aide. Mais rien ne servait de remuer le passé.

Nous entrâmes dans la maison et la jeune fille referma la porte, avant de nous proposer une boisson. Poliment, je refusai. Nous avions tout ce qu'il fallait avec nos destrier et l'eau ne devait pas être une denrée commune sur ces terres, coincées entre le sable et le soleil. Ariane semblait épuiser de la traversée. Une princesse comme elle ne devait pas avoir pour habitude de sillonner le pays à cheval, aussi lui tendis-je la chaise afin qu'elle s'assoit. Et même si je vis son envie de refuser, l'appel de la fatigue pris le dessus et elle accepta dans un sourire. Le visage reconnaissant qu'elle m'adressa me réchauffa le cœur.

Depuis que je l'avais sauvée dans la cale de ce navire de trafiquants, j'avais posé sur elle un regard neuf. Elle avait toute la beauté indicible d'une nymphe et avançait partout avec grâce et majesté. Sans jamais sortir de l'humilité qui lui collait à la peau, je l'avais vu s'adresser à tous avec sa voix chantante. Sans que je ne comprenne comment, elle m'avait enchanté de ses charmes. Et chaque fois qu'elle paraissait devant mes yeux ébahis, je retenais un soupir d'admiration. Jamais je n'avais vu femme comme elle. Pétrie d'innocence et pourtant si sage, elle devait avoir hérité d'une éducation hors-pair. Et même lorsque j'avais appris avec incrédulité son titre, jamais il ne m'avait semblé si bien porté.

Bientôt, des sabots résonnèrent à nouveaux dans le village, interrompant mes pensées. Je demandai à la jeune fille de fermer les volets. Celle-ci s'exécuta au moment même au je lançai un regard à la belle nymphe sous mes yeux. Son air déterminé me fit sourire. Elle persévérait dans l'idée de retrouver son frère et ne cesserait d'y penser tant et si bien qu'elle n'y parviendrait. Sa détermination demeurerait sans faille. Je la vis tressaillir lorsque la voix grave et assuré du prince résonna dans la cour : "Bonjour, villageois. Nous sommes à la recherche d'une jeune fille aux cheveux blonds et à la beauté sans pareille, elle se trouve avec un homme de taille moyenne, une épée à la hanche. Le savez-vous vu ?

 - Qui sont-ils pour vous, mon prince ? interrogea respectueusement le vieil homme.

Lancelin coupa l'homme.

 - Le prince n'a pas à répondre à cette question, vieil homme. Veuillez-nous dire si vous les avez vu.

 - Tout va bien, Lancelin. Ariane est ma fiancée, la princesse du Royaume d'Or. Et l'homme qui l'accompagne est un lieutenant de la B.P.M.O.

Des murmures de stupéfaction se firent entendre parmi les villageois et je sentis le regard de Joly se tourner vers nous. Il suffisait que l'un d'entre eux parle afin que le plan échoue.

Je tendis mon oreille vers la réponse que donnerait le village. Ce fut le chef, Ouakil de son nom, qui répondit, à ma plus grande surprise : "Nul visiteur n'est venu dans notre village depuis des mois, Votre Majesté. Si je puis me permettre, le dernier en date était par ailleurs un escadron de vos forces de l'ordre. Celles qui sont chargées de récupérer nos impôts en échange des vivres que vous nous avez promis. Vivres que nous n'avons jamais reçus, compléta-t-il." Je jubilai intérieurement de l'affront indirect que le prince venait de recevoir. Non seulement, il se rendait compte de la misère de son peuple, mais, de plus, le chef, volontairement ou non, nous avait couvert en changeant de sujet. J'attendais impatiemment la réponse de "Sa Majesté", qui ne tarda pas à venir : "Chef Ouakil, vous m'en voyez désolé." Le dénommé fut surpris que le prince sache son nom et on l'entendit faire un léger pas en arrière. "Je puis vous promettre que ceux-ci ont été envoyé. Des bandits doivent les avoir saisi en chemin. D'autres vous seront procurés d'ici peu. Cependant, je me dois d'insister. Vous êtes parfaitement certain de n'avoir reçu aucun visiteur dans votre village aujourd'hui ?" Je crispai les mâchoires, persuadé que celui-ci allait nous vendre pour les vivres. Crispé, tendu, attendant la sentence, j'entendis le chef prononcer d'une voix pleine de défi : "Comme je vous l'ai déjà dit, nos derniers visiteurs remontent à des mois." Et je sus que nous étions sauvés. Toutefois, c'était ce que je croyais, jusqu'à ce que le prince demande d'une voix décontractée : "Alors cela ne vous dérangerait pas si ma gare et moi restions dans votre village pour la nuit.

 - Bien évidemment, ce serait pour nous un honneur. Suivez-moi je vais vous conduire jusqu'à chez moi, vous pourrez vous y reposer."

Sur ces paroles, plus que tendues de la part du chef, le son des pas sur le sable parvint jusqu'à nos oreilles, puis finit par s'éloigner. Inquiet de la suite, je tendis dans un réflexe la main sur la garde de mon épée lorsque j'entendis la porte grincer. Malheureusement, j'avais oublié le gage de confiance que celle-ci représentait. Le vieil homme apparu dans l'embrasure et nous sourit malicieusement en annonçant : " Vous devriez partir maintenant, tant qu'ils sont occupés par Ouakil. Vos armes et vos montures vous attendent au bout du village. Faîtes vite, les jeunes." Immensément reconnaissant, je me permis de sourire à l'ancien tandis que je vis la princesse se précipiter vers lui pour l'enlacer. Quand bien même cette vision m'attendrit, elle me serra du même temps le cœur. Alors le vieil homme tapota gentiment son dos en lui soufflant : " Ne vous enfaîtes pas, princesse. Tout se passera bien. Allez-vous en maintenant." L'embrassant sur la joue, elle se releva avant de sortir prudemment dehors. Alors que je tentai de la suivre, la canne de l'homme en travers de l'embrasure m'en empêcha lorsqu'il darda sur moi un regard déterminé : " Veillez bien l'un sur l'autre. D'accord, petit ? Ne prends pas tout sur tes épaules. Elles ne sont pas infinie." Touché par les paroles de l'ancien, je souris douloureusement. Il avait percé une barrière que je me bernait à tenir fermé. Je hochai simplement la tête et sortit rejoindre la diaphane princesse.

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Coucou !!! Alors ? Cette fois, de qui est le point de vie ? XD Je suppose qu'il vaut mieux vous le dire, même si je suppose que vous avez deviner, intelligent comme vous l'êtes ;-). C'est le point de vue de Klevs ><.

Alors ? Le défense du chef ? Qu'est-ce que vous en avez penser ?

Le vieux ? Il vient chercher Ariane et Klevs, ils vont pouvoir partir... Mais pourront-ils y arriver sans se faire voir par le prince et sa clique ? Mystère, mystère...

Bisous ! <3


Le Joyau de la CouronneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant