Le chemin avait repris dans le plus grand des calmes, un calme serein qui nous faisait comprendre que quitter Doha n'était pas une si mauvaise chose. Lorsque l'aubergiste nous avait vu, le matin, en train de faire nos bagages, il avait été surpris d'apprendre que nous ne restions qu'une seule nuit. Ou plutôt, ces poches pleines de sous lui avaient susurré que ce n'était pas là le moyen de les renflouer. Ainsi, puisque nous partions, il n'avait cessé d'être désagréable, ce qui lui avait valu nombre de regards mauvais de la part des gardes.
À présent, nous étions de nouveau sur la route, moi sur Arion, derrière Klevs. Au moment où mes yeux s'étaient posés sur ma monture, je lui avais sauté au cou. J'étais si heureuse d'apprendre qu'on l'avait bien traité, et pour cause, le cheval était resplendissant de santé, bien plus que lorsque nous étions arrivés, la veille.
Le bel étalon n'avait chaumé lors de la traversée du désert, en portant deux personnes au lieu d'une, si bien qu'au moment de notre arrivée à l'auberge, j'avais cru qu'il s'effondrerait de fatigue. Heureusement, Arion était solide et de nature travailleuse. Il ne rechignait pas à la tâche, et son dévouement était grandement apprécié.
Il nous restait deux journée à cheval pour atteindre le palais personnel du prince et, malheureusement, mon angoisse ne cessait d'aller grandissante malgré les paroles d'Adalburge. Si le prince tenait autant à moi que ce que la garde laissait entendre alors cela serait encore plus difficile de lui annoncer mon amnésie. De toutes les manières, dans deux jours, au palais, j'aurais les réponses à mes questions.
Le soir commençait à tomber et la chaleur du soleil s'adoucissait. Savourant par avance la venue de la Lune et ses vertus bienfaitrices, je ne pus m'empêcher d'esquisser un fin sourire. Desserrant l'étreinte de mes bras sur le torse de Klevs, je respirais profondément les quelques brises fraîches qui venaient déjà me chatouiller le visage. Chaque journée, je n'attendais que cela, la venue de la nuit. Comme chaque jour était épuisant, de par ma difficulté à contrôler le pouvoir destructeur du Soleil, je n'arrivais à bénir la nuit au moment de son arrivée. Le ciel nocturne du désert était parsemé d'étoiles et j'avais déjà pu, lors des nuits précédentes, avoir le loisir de les regarder d'un œil émerveillé. Au Royaume d'Or, les nuits étaient souvent trop fraîche pour qu'on ne m'autorise à sortir dehors afin d'observer le ciel, à mon plus grand regret. Si bien que quelques fois, avec mon frère, nous nous échappions, montions en haut de la plus grande des tours et admirions les millions de points lumineux dansant dans le ciel. À cette époque, c'était encore ma mère qui était la détentrice des pouvoirs des astres. À cette époque, je n'avais pas encore connaissance des responsabilités qui pèseraient sur moi dès sa mort. Balder m'avait annoncé que j'étais censé l'apprendre le jour de mon mariage, bien qu'il n'avait pas encore été programmé.
Alors que je divaguais à me souvenir de mon royaume, j'entendis Lancelin annoncer : « Il se fait tard. Nous dormirons là-bas, à l'Oasis de Funan. » Lorsque je dirigeai mon regard vers la dite oasis, mes yeux s'ouvrirent en grand. Cet endroit, situé à quelques dizaines de minutes, avait tout du petit coin de paradis. Un petit bois luxuriant était accolée à une petite source d'eau pure. Et lorsque nous fûmes assez proches pour nous y arrêter, je ne pus me retenir de tendre la main vers ces arbres aux nuances de verts scintillants. Cet endroit serait certainement l'un des plus beaux lieu où j'eus le loisir de passé une nuit. Les gardes, aidés de Klevs, commencèrent alors à monter la tente, allumer le feu et préparer le repas. Et alors que je me tournai pour les aider, je retirai à peine ma main du tronc d'un jeune arbre que j'entendis quelque chose. Pas le vent, pas les insectes aux mélodies enchanteresse, ni le doux bruit de quatre personnes s'entraidant. Non, j'entendis une voix. Une voix qui m'appelait. Une voix douce qui semblait m'apaiser et me fortifier. Mais alors que je fus presque certaine de l'avoir entendu, comme si elle n'avait pas existé, elle disparut.
Alors je secouai la tête, certaine d'avoir rêvé. Peut-être le Soleil me faisait plus que simplement m'épuiser à me tenter. Ou peut-être étais-je simplement trop fatiguée du voyage. Je retournai autour du feu, où bouillait désormais un potage d'une odeur délectable. Au même moment, la jeune femme qui nous accompagnait servit une grande coupole de breuvage à chacun. Je finis tranquillement mon repas, repensant encore et encore à cette voix si tendre à mes oreilles.
Perdue dans mes pensées, je ne remarquai pas que cela faisait quelques temps que les gardes tentaient de m'appeler, lorsque je sursautai. Me regardant d'un œil inquiet, pour la première fois du voyage, Conrad s'adressa à moi de sa voix bourrue : « Vous allez bien, princesse ?
- Oui... Oui, je vais bien. Merci, Conrad. Je pense que je devrais me coucher, je suis épuisée. »
Hochant simplement la tête, sceptiques, ils me laissèrent disposer et je me rendis à l'intérieur de la tente. Me dévêtant pour me retrouver en petite tenue, je me glissai sous les couvertures, sachant que la seule personne qui entrerait serait Adalburge. Puis sans m'en rendre compte, je m'endormis, d'un sommeil sans songe.
« Ariane, descendante d'Héra... je t'attends. Rejoins-moi.»
Ouvrant doucement les yeux, je ne saisis pas immédiatement les mots que je venais d'entendre. Je remarquai qu'il faisait nuit noire dehors. Alors que j'allais me recoucher, la voix insista. « Rejoins-moi. » Désormais certaine de n'avoir pas rêvé, je décidai d'écouter cette voix. Elle me disait d'un ton doux, protecteur, de la rejoindre, bien que je ne savais pas où elle se trouvait. Puis je me rendis compte d'une chose. Je n'entendais pas la voix à travers mes oreilles. Elle résonnait à l'intérieur de moi comme une agréable vibration.
Alors je sortis de la tente à pas de loup, espérant ne pas réveiller Adalburge. Et quand je crus qu'elle m'avait entendu, je vis une chose magnifique et inquiétante. Elle semblait dormir d'un sommeil si profond qu'il ne pouvait être naturel.
Cette voix, qui souhaitait que je vienne la trouver, m'aidait à sa façon à y parvenir. Souriant doucement je marchais au dehors de l'habitacle, voyant que tout le monde se trouvait dans le même état que la garde.
C'est alors que je le vis. Un petit être brillant comme une étoile qui sortit d'un bosquet. D'une lueur pâle, bleutée, avec des yeux d'un rouge vif, son apparence me saisit. Puis, le petit être pencha la tête sur le côté et fit marche arrière.
Je décidai de le suivre.
Marchant à travers le bois, sur les feuilles vertes formant un chemin frais sous mes pieds nus, je suivais le petit être lumineux. La petite boule de poils, semblant être un lapin, trottinait sur le sol mousseux, regardant par moments si je le suivais toujours. Je me demandais jusqu'où le petit animal allait me conduire. Mais, étrangement, je n'avais pas peur. Il n'y avait aucun doute dans mon esprit sur l'aspect bienveillant de cette créature merveilleuse. Tout cela était sans aucun doute lié à mon héritage un peu spécial. Finalement, la créature s'arrêta, semblant m'indiquer la fin du chemin. Alors je me baissais, caressais sa petite tête poilue avant de me relever. Je respirais lentement, je n'avais aucune idée de ce qui se trouvait derrière la barrière que formaient ces branches, mais une lueur pâle se dégageait de derrière.
Je saisis les larges branches et les écartai, rentrant dans ce qui me semblait être le cœur de la forêt.
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Voilà la fin du chapitre 15 ! Alors alors, que pensez vous qu'elle trouvera dans ce bois ? Qui l'appelle ? Et surtout, pourquoi ?
Dîtes-moi ce que vous en pensez ! J'espère que ça vous aura plu ;-).
Bisous <3
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Le Joyau de la Couronne
خيال (فانتازيا)Dans un monde où la magie est source de beauté et de pouvoir, Ariane, princesse du Royaume d'Or, cherche son chemin. Lorsqu'elle se retrouvera seule à devoir contrôler des pouvoirs dont elle ignore encore tout, chercher son frère, supposé mort, et...