13 - "J'ai préparé un véritable festin pour ton retour"

531 80 56
                                    

Le lendemain, je profite de mes dernières heures en France pour aller me balader dans le parc. Peter est obligé de me pousser et les bordelais me jettent des coups d'œil remplis de pitié et d'interrogations, se demandant ce qu'il a bien pu m'arriver, mais au moins, je profite de l'air doux du Sud de la France. Je laisse les rayons du soleil réchauffer ma peau alors que j'ai la sensation de ne pas avoir respirer l'air extérieur depuis des jours. Tony a passé des coups de fils toute la matinée avant de m'annoncer, durant le déjeuner, qu'un homme m'aidera une fois arrivée à New York. Il n'a pas voulu m'en dire plus, mais j'imagine qu'il parle de ma rééducation. Ça ne m'étonnerait pas que Stark ait engagé un des meilleurs médecins pour remettre sa pouliche sur pied. 

On a beau dire ce qu'on veut, Monsieur Stark a un cœur en or. Je sais qu'il ne fait pas ça par intérêt, pour se racheter ou autre chose ; il s'inquiète réellement pour ma santé. Je n'ai pas encore guéri comme je l'avais espéré et j'imagine que mes pouvoirs ont totalement disparu, cette fois. Je vais devoir me rendre au lycée en fauteuil roulant, en béquilles dans deux semaines si j'ai de la chance, et devoir expliquer à tous les petits curieux comment je me suis fait cette blessure. Je pense que je prétexterai une chute et qu'une barre de fer m'a traversé la jambe. Pas besoin de dire que j'ai pris une balle dans un malheureux accident, on me prendrait pour ce que je ne suis pas : une miraculée, une héroïne à sa façon. 

Maman, James, Jo et Liv vont venir me chercher à l'aéroport. Il paraît aussi que mon père veut me voir. Alors j'imagine qu'un grand repas de famille m'attend ce soir. 

Vers quatorze heures, je boucle mes bagages et rejoins Peter dans le couloir. Je referme ma chambre d'hôtel pour de bon et souris parce que, malgré tout ce qui est arrivé, ce voyage était plutôt pas mal. La France est un très beau pays et j'ai adoré exercer la langue de Molière comme j'ai pu. Je commence à avoir mal aux bras, mais j'insiste pour me traîner toute seule jusque dans l'ascenseur puis dans le hall d'hôtel.

Je déteste me sentir aussi vulnérable. Heureusement pour moi, c'est temporaire, mais je comprends maintenant pourquoi les personnes à mobilité réduite souhaitent à ce point montrer qu'ils sont capables de se débrouiller seuls. Voir cette pitié dans les yeux d'Happy quand il me soulève de mon fauteuil pour me déposer sur les sièges, comprendre que le simple fait de me porter peut le déranger, que c'est compliqué d'être à mes petits soins, veiller à ne pas me faire mal et demander toutes les trente secondes si ça va : c'est agaçant.

Dans l'avion, rebelote. Les hôtesses et les stewards essaient de m'installer confortablement. Tony a l'avantage d'avoir un jet plutôt grand, on ne manque pas de place. Mais ça me manque déjà de ne pas pouvoir bouger comme bon me semble. 

Les heures de vol sont un supplice, je tente comme je peux de dormir, de regarder un film, de bavarder avec Happy, Tony ou Peter, mais je n'ai qu'une seule hâte : rentrer chez moi.

Quand le pilote annonce enfin la descente de l'avion, je soupire de bonheur. J'ai les muscles tout engourdis, on dirait qu'ils se sont changés en pierre.

Dans le hall de l'aéroport, je reconnais l'épaisse chevelure de jais de ma mère et lui fais de grands signes. Quand elle pose ses yeux sur moi, sa fille maintenant cloitrée dans un fauteuil roulant, son visage se ferme. Elle garde tout de même son sourire pour faire bonne figure. Peter me pousse jusqu'à elle et, pendant qu'il prend sa tante May dans ses bras, je serre ma mère comme je peux en essayant de ne pas trop tirer sur ma blessure. James dépose un bisou sur ma joue et Jo m'attrape la main.

- Ça fait bobo ? demande-t-il.

Je souris et lui caresse les cheveux.

- À peine. T'en fais pas, bientôt, je pourrai de nouveau faire la course avec toi au parc.

Outbreak Tome 3 ► Marvel ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant