9 - "Heureux de te revoir Outbreak"

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Le lendemain, je me résigne à descendre petit déjeuner, or je m'isole sur une table différente de celle autour de laquelle sont assis Happy, Tony et Peter. Je sens le regard de ce dernier sur moi, mais je n'ai pas envie de le regarder, de lui parler ou encore de m'excuser. Je croyais que lui et moi étions sur la même longueur d'onde, mais il a retourné sa veste en une seconde. Cela me prouve une nouvelle fois qu'il a une âme de héros et que moi non. Il est prêt à tout pour aider les gens, même si ça lui fait du mal de reprendre une vie qu'il a laissée de côté, même s'il a ôté la vie d'un civil, qu'il a été faible face à la manipulation d'un vilain et qu'il en a payé le prix. Il n'aura pas besoin de moi, Spider-Man n'a besoin de personne pour être à la hauteur. 

Je remonte directement dans ma chambre après avoir petit-déjeuné et m'allonge sur mon lit en soupirant. Finalement, je décide de regarder la télévision. Peter et Tony vont sûrement bientôt se mettre en route puisque les informations montrent une autre prise d'otage dans une banque pas très loin d'ici. A croire que ce gang de voyous ne s'arrêtera jamais. Le coeur battant, je scrute les visages effrayés des hommes, des femmes et des enfants enfermés avec les malfaiteurs. La caméra ne peut pas filmer plus puisque la police la recalle derrière le cordon de sécurité. 

Les images défilent et je commence à manquer d'air. J'éteins rapidement l'écran et balance la télécommande de l'autre côté de la pièce. Elle se fracasse sur le sol et je fixe les piles de longues minutes, en retournant les vidéos du braquage dans mon esprit. Je me laisse alors imaginer ce que j'aurais fait si j'étais toujours Outbreak. Je serais rentrée par surprise déjà et j'aurais désarmé les malfrats avant de leur faire bouffer le sol...

Mais je ne suis plus cette fille là. 

On toque à ma porte. Je ne veux pas répondre, c'est forcément Peter. Je m'approche tout de même de l'entrée et me colle contre la porte en bois. J'entends la respiration de Peter de l'autre côté.

- Evy..., souffle-t-il. On y va. Je suis désolé, mais ces gens ont besoin de moi. À tout à l'heure.

Je visualise ses pas remonter le couloir et entends la sonnette de l'ascenseur. Je ferme les yeux un instant et déglutis. 

J'ouvre ma porte en grand, mais Peter a déjà disparu. Le cadran de l'ascenseur m'informe qu'il est dans le hall. Mon pied bute alors contre un objet. Je baisse le regard et aperçois une valise argentée. Un post-il est collé dessus.

"Comme tu as décidé de ne pas participer à ce complot, je me suis dit que tu voulais le récupérer. Ne t'en fais pas, je n'y ai pas touché, c'est ton oeuvre, c'est Outbreak. Excuse-moi de t'avoir menti. - T.S."

Je me crispe en relisant le mot de Tony Stark. Je sais ce qu'il y a dans cette valise. Ma mère a dû le lui donner. C'est elle qui s'en est occupée après notre bataille contre Lewis Saint-Germain. Elle s'est chargée des réparations, d'enlever la crasse et le sang puis l'a déposé sur mon lit. Je me rappelle l'avoir balancé dans mon armoire comme un vulgaire torchon et ne plus y avoir touché depuis. 

J'attrape la valise et entre de nouveau dans ma chambre. Je pose le tout sur la table et ouvre délicatement le "cadeau" de Stark. Mon costume est soigneusement plié à l'intérieur. Le masque y repose par-dessus. Il est intact, mais le reste de la combinaison semble bien mal en point.

Les couleurs sont délavées et la poussière s'est amoncelée dans les plis. Je ne reconnais plus mon costume. Lui qui était si brillant et vif, il est dorénavant terne et morose, comme moi. Outbreak doit lui manquer. Ses mouvements souples, sa capacité à se rouler au sol sans faire une seule égratignure et ce flot de pouvoirs qui déferlait dans ses veines. 

À moi aussi, tout ça me manque. 

Je me rends dans la salle de bains et me scrute dans la glace, mon costume à la main. Ça fait des mois que je ne l'ai pas touché, pourtant son tissu est le même. Quand je le tiens, quelque chose vibre en moi, comme si je me réveillais de nouveau. J'ouvre le robinet et l'eau coule abondamment dans le lavabo. Je glisse alors mon costume sous l'eau froide et entreprends de nettoyer ce qui masquait mon identité avant. Les couleurs commencent à reprendre vie et bientôt, le costume d'Outbreak s'offre à moi, resplendissant. Avec un sèche-cheveux, je finis de le nettoyer correctement. 

Puis, comme déconnectée, je me déshabille lentement et l'enfile. Le tissu épouse mes formes à la perfection. Les bottes accrochent mes pieds et mes gants me donnent une large amplitude de mouvement que j'avais oubliée. J'attrape mes cheveux et les noue en une demi-queue de cheval avant de me maquiller légèrement et de poser le masque sur mes yeux. Le fil ne se voit pas, il est comme invisible dans mes épais cheveux bruns et je le sens à peine. 

Je me revois la première fois que j'ai enfilé ce costume, avant d'être réellement Outbreak. J'avais l'impression d'être plus que vivante, d'être quelqu'un d'autre, quelqu'un de fantastique. 

Des sirènes retentissent alors dehors et je me pointe sur mon balcon pour voir filer à toute allure plusieurs voitures de police. Elles se rendent forcément sur le lieu du braquage.

Je ne sais pas ce qu'il me prend de faire ça, si c'est une bonne idée ou non, mais j'attrape mes clés et mon téléphone que je fourre dans mes bottes et réenfile mes vêtements par dessus ma combinaison. Je fourre mes gants et mon masque dans les poches de ma veste en jean et sors de ma chambre à la vitesse de l'éclair. Une fois à l'extérieur, je vole le taxi d'un homme d'affaire scotché à l'écran de son téléphone. Je donne l'adresse au chauffeur et il démarre. Je dois sûrement lui paraître étrange, surtout que je ne cesse de lui demander d'accélérer. La main serrée autour de mes gants dans ma poche, je regarde le paysage défiler en priant pour que je n'arrive pas trop tard. Je peux aider Peter ; Spider-Man et Outbreak font la paire et à deux, ils peuvent réussir n'importe quoi. 

Je n'ai jamais réutilisé mes pouvoirs depuis et ne me suis pas réentraînée, je prie donc pour que mes muscles se souviennent des mouvements et que mon énergie se réveille pour botter le cul de ces Vandales. 

Le chauffeur, un petit vieillard avec des lunettes d'aviateur, me dépose à l'endroit demandé et je lui balance une liasse de billet avant de sortir en trombe. Je n'ai pas été polie sur ce coup-là, mais je n'ai plus le temps. Le cordon de police va être compliqué à passer. Mais si je me présente à eux peut-être que ça passera. 

Je trouve une ruelle tranquille et enlève mes vêtements à la va-vite que je cache, roulé en boule, derrière une benne avant d'ajuster mon masque et de sortir de ma cachette. Courir dans mon costume me fait un bien fou. Je fends la foule qui s'écarte sur mon passage, se demandant ce qu'une fille déguisée pour le carnaval fait sur les lieux d'un braquage. 

J'arrive jusqu'à un policier, mais même en lui expliquant qui je suis, il refuse de me faire passer. Je fais donc demi-tour en espérant trouver une autre solution. Je ne sais pas voler, je ne peux pas me rendre invisible, alors comment entrer dans le bâtiment ?

Soudain, mes pieds quittent le sol et une main ferme s'enroule autour de ma taille. Je tourne la tête vers celui qui m'a attrapée en vol et souris de plaisir en croisant les fentes blanches de Spider-Man.

- Besoin d'un pass VIP ? demande-t-il.

Les toiles de Spider-Man nous permettent de survoler la foule et d'atterrir sur le toit sans que personne ne puisse nous arrêter. 

- Tu es venue, dit Peter, visiblement soulagé.

J'hausse les épaules.

- On verra ce que ça donne. 

Il acquiesce puis préviens Tony de mon arrivée surprise.

- Il dit : Heureux de te revoir Outbreak, transmet Peter.

Je souris malgré moi et nous passons par la porte de secours. Il est temps de se bagarrer un peu.

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Et me voilà repartie ! Maintenant, c'est un par semaine et pas de manquement. Heureux de vous revoir mes Outbreakers ! ^^ <3 


Outbreak Tome 3 ► Marvel ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant