12 - "Toi et moi, on ne peut pas être amis, Evy"

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- Tu arrives à marcher ?

- Je ne suis pas en sucre, Stark, fais-je remarquer avec un demi-sourire.

Il est dix-sept heures et je peux enfin sortir de cet hôpital de malheur. J'ai dû appeler ma mère pour la rassurer sur mon état de santé et enjoliver mon pouvoir de guérison pour ne pas l'inquiéter. La douleur est toujours aussi lancinante et les médecins sont obligés de me bourrer de médicaments, mais j'essaie de rester assez lucide pour apprécier ma sortie forcée de l'hôpital. Tony a, on dirait, bien argumenté et promit que je réintégrerai une clinique dès mon retour à New York, or on sait tous que je ne quitterai pas la France avant samedi, comme prévu. Hors de question que cette blessure nous handicape tous. Peter a encore beaucoup de choses à visiter et je veux profiter de mes deux derniers jours de vacances, même si je les passerai en fauteuil roulant. De toute façon, je ne peux pas prendre l'avion dans cet état. 

Avec l'aide d'une infirmière et de Peter, je me lève de mon lit, non sans grimacer de douleur, et essaie de faire un pas pour atteindre le fauteuil prêté par l'hôpital. J'ai mal à en crever, mais ma volonté de quitter ce lit de malheur est plus forte et je serre les dents jusqu'à ce que mes fesses soient posées dans le fauteuil. L'infirmière repose ma jambe sur la civière et je prie pour que personne ne soit maladroit à mes côtés. Avec la jambe tendue comme ça, je risque de me prendre des murs à répétition. C'est d'ailleurs pour cela que c'est Tony qui se charge de me pousser hors de la chambre et non pas Peter, déjà maladroit de nature, mais en plus nerveux comme jamais.

- Arrête de trembler Pete', ris-je en posant ma main sur ses doigts tortillés. Je vais bien.

Il acquiesce en déglutissant, néanmoins je sais qu'il s'inquiète pour moi. J'avoue que cette blessure n'est pas belle à voir. Le pansement, que je change pourtant toutes les trois heures, est déjà tout sanguinolent et la vue de mes points de suture noirs sur ma peau rouge et jaune dans le même temps, donne envie de vomir. Les médecins ont fait quelque chose de très propre, mais le gonflement et les rougeurs mettront du temps à partir. J'ai beau compter sur mes pouvoirs pour guérir rapidement, je ne suis pas sûre que ça marche réellement. Après tout, je les ai définitivement perdus. 

Dans l'ascenseur, les médecins et les patients prennent bien soin de ne pas s'approcher de moi et je les en remercie d'un sourire. Heureusement, aucun d'entre eux ne demande ce qui a bien pu m'arriver pour que j'aie une plaie aussi béante sur la cuisse. D'ailleurs, ça m'étonne que les médecins n'aient pas non plus posé de questions. À moins qu'ils l'aient fait et que Tony ait trouvé une excuse implacable. 

De retour à l'hôtel, nous nous installons dans la suite de Tony et partageons un bon dîner typiquement français.

- Ça change de la bouffe dégueulasse de l'hôpital, fais-je remarquer.

Tony sourit et Peter me scrute, sûrement surpris de mon humeur. À vrai dire, je rayonne. J'essaie le plus possible de sourire et de positiver parce que je sais que, si je me laisse aller, je retomberai dans la dépression qui m'a submergée ces derniers mois et que j'aurai du mal à remonter une seconde fois. Je ne peux pas laisser le champ libre à mes idées noires. J'ai réfléchi et déprimé toute la journée d'hier, maintenant je dois aller de l'avant. Je m'occupe l'esprit en demandant à Tony des nouvelles de ces Vandales. Ils ont été emprisonnés et les journaux n'ont cessé de parler de Spider-Man. Je suis contente que Peter ait droit à ce retour en fanfare. J'ai de la chance que personne ne m'ait aperçue, les habitants de New York n'auraient pas compris qu'à son retour aux Etats-Unis, Outbreak disparaisse de nouveau.

Malgré tout ça, ce retour aux sources m'a fait du bien. Je me suis rendue compte qu'Outbreak faisait partie de moi et que je ne pouvais pas la renier. Malheureusement, j'ai mis trop de temps à le comprendre et dorénavant, c'est elle qui me renie. Une tristesse noire m'enveloppe toute entière quand je prends réellement conscience que j'ai laissé partir ce qui m'était arrivé de mieux. Je me déteste, mais il est trop tard, je ne peux plus rien faire. 

Outbreak Tome 3 ► Marvel ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant