Mardi 22 novembre 2011
— Salut.
Le Twelve's. Minuit quarante huit minutes et plus de trois cents personnes présentes triées sur le volet. Partout. Par ci, par là.
A l'extérieur, la nuit était tombée. A l'intérieur, on avait l'impression que le monde leur appartenait.
Imaginez la salle plongée dans le noir, uniquement éclairée par les spots au plafond, les boules à facettes qui faisaient briller les robes des filles et étinceler le regard charmeurs des garçons. Les néons bleus un peu partout, sous le plancher, entre les lattes de parquets, qui bougeaient en symbiose avec les choix du DJ. Le brouhaha général et la musique au son maximum. Boum Boum. Boum Boum. L'euphorie d'une soirée bien arrosée, d'une événement qu'il avait fallu fêter ou l'argent de papa à dépenser.
Des mains étaient dans les airs, les talons hauts claquaient contre le sol et on aurait pu voir les notes de musique virevolter autour des silhouettes dansantes en diffusant une ambiance festive partout où l'on posait le regard.
La bonne humeur se propageait comme les verres étaient servis, l'alcool ingurgité et les baisers entre étrangers échangés.
Chaque battement de cœur sonnait en écho avec les vibrations des mûrs.
Ça tremblait. Ça s'agitait. Ça rigolait. Ca s'amusait. Ça vivait.
Les faisceaux lumineux changeaient de couleur plus ou moins rapidement, éclairant les visages des jeunes sur la piste de danse, au carré VIP plus haut, à ceux présents sur les banquettes jusqu'à l'immense bar ou les consommateurs attendaient plus ou moins patiemment leurs boissons.
Tout le monde connaissait cet endroit. Tout le monde s'y sentait bien.
Elle y était. Insouciante, un sourire tatoué aux lèvres, ses amies plus loin, une jolie robe sur elle et un peu plus de maquillage que d'habitude. Elle se sentait confiante et anormalement heureuse, comme si en franchissant le seuil des portes d'entrée, elle avait appuyer sur une touche 'pause' trop souvent cherchée et toujours non-trouvée.
Ses doigts tapaient tour à tour le comptoir pendant que sa tête bougeait au rythme de la musique. June venait de commander plusieurs verres, et attendait simplement qu'on la serve en évitant de penser à autre chose.... Pourtant.
— Salut, lui répéta le garçon à côté d'elle, un ton plus fort que précédemment, pensant qu'elle ne l'avait pas entendu la première fois.
Quelques mètres plus loin, derrière eux, un verre à la main, un chanteur désormais populaire regardait la scène d'un mauvais œil, méprisant, la rage à la gorge et le sang cognant contre ses tempes.
Elle ne l'avait pas remarqué et ne se doutait même pas de son absence. Pourquoi chercher les personnes que l'on cherche bizarrement à fuir ? Pourquoi elle penserait à lui, là, maintenant ? Il aurait déjà fait quelque chose s'il le voulait. T'envoyer un message pour dire qu'il aime ta nouvelle coupe de cheveux, c'est pas agir, manifestement pas.
Il avait craqué. Il l'aimait définitivement trop pour passer une journée de plus sans agir. Après la moquerie de trop de la part des garçons, il s'était levé, était parti prendre l'une des douches les plus longues de sa vie, s'était bien habillé, avait appelé des amis et s'était retrouvé à se frayer un chemin dans la file d'attente pour rentrer avant tout le monde dans l'espoir de la trouver. Zayn lui avait lâché un rapide « Fais pas le con. » un sourire aux lèvres en le voyant sortir à la hâte de l'appartement.
Ils étaient arrivés tard, peut-être une heure et demi après l'ouverture, et finalement, il l'avait remarqué au moment où il avait abandonné l'espoir de la retrouver.
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