Il fit un nouveau pas en arrière, en soupirant, ne voulant pas l’oppresser.
Une voix résonna dans tout la halle, mais eux, n’y prêtaient pas attention.
Ça avait plutôt été un soupir de déception, parce qu’il ne se sentait plus aussi proche d’elle que la seconde précédente. Au contraire. C’était comme si elle était réellement revenue, et que, tel un rêve, elle était repartie.
Des fois, quand quelqu’un vous touche, ou bien quand vous imaginez que quelqu’un vous touche, quelqu’un que vous aimez, manifestement, vous fermez instantanément les yeux pour pouvoir laisser vos autres sens agir sans que vous ne puissiez lutter.
Ça commence par le toucher. Les frissons, les muscles qui se décontractent, un petit pic dans le cœur, pas très agréable, mais qui ne fait que du bien. Souvent, les jambes deviennent coton, puis le souffle se fait irrégulier et les bras peuvent se mettre à trembler légèrement, comme le reste entier du corps, à vrai dire.
Puis il y a l'odorat, sens presque aussi important que le toucher. Probablement plus intense, car les effets ne sont pas visibles mais intérieurs. Très, intérieurs. Ça peut être un parfum enivrant qui vous fait absolument tout oublier sur terre, jusqu’à votre propre identité. Déstabilisant. Ça pique, mais là encore, ça ne fait que du bien. Quelques arômes qui vous laissent totalement impuissant(e), qui amplifient vos tremblements, et qui, après le pic pas très agréable dans le cœur, vous le fait battre plus vite que d’habitude. Le parfum peut être remplacé par un mélange de café, comme les 3 derniers qu’il avait engloutit parce qu’il était stressé de vous voir, parce qu’il était fatigué et qu’il avait passé une bonne partie de la matinée dans l’aéroport pour être sûr et certain de ne pas vous rater.
Et après ça, tous les chamboulements sous la peau qui ont été provoqués par une simple caresse, un simple bisou, une simple étreinte disparaissent progressivement, ou radicalement, pour laisser place à un petit creux dans la poitrine, qui lui, certes, n’était pas agréable, mais ne faisait pas du bien non plus.
« Elle était tombée amoureuse de lui comme on s’endort, tout doucement, puis, tout d’un coup. »
Pendant deux secondes, peut-être trop longues, certainement un peu trop courtes, pourtant, ils se regardèrent.
Et sans un mot, ils se disaient tout.
Elle baissa les yeux la première, un peu gênée, un peu rouge, aussi.
Il l’imita.
Du bout de son bras gauche, il portait le sac de la blonde, et sa main droite, libre de toute charge, ne voulait que s’emmêler à la sienne.
Cette dernière releva la tête vers lui comme si elle venait de l’entendre penser, et, un peu fatiguée, un peu étonnée et ne préférant pas faire quelque chose qu’elle pourrait regretter par la suite, elle refoula cette envie profonde. Entre ses tempes, elle sentait encore les longues heures de vol et un décalage horaire trop difficilement effaçable.
Elle lui lança un dernier regard, les yeux un peu plissés par la fatigue et la luminosité trop forte. Puis, peureuse qu’ils restent ainsi pendant une éternité qui au final lui semblerait courte, elle commença à marcher vers la sortie de l’aéroport.