Mercredi 6 juillet 2011, à 15h21 :
Cela faisait désormais vingt minutes qu'elle fixait un point invisible, en face d'elle. Imprécis et imaginé.
Elle avait perdu la notion du temps, un rayon de soleil traversait la fenêtre jusqu'à éclairer son visage sombre, et elle ne se souvenait même plus de qui elle était ou de la personne qu'elle souhaitait devenir.
Vide et pleine de sentiments désagréables. Elle respirait mal, se sentait légère, était plutôt perdue, déséquilibrée. C'est vrai, elle avait la tête qui tournait et ses pensées se baladaient d'un point à un autre sans qu'elle ne puisse réellement y faire quoi que ce soit.
Là, assise sur son canapé, dans le calme le plus absolu et la peine la plus désagréable qui soit, elle se demandait quand était la dernière fois que quelqu'un lui avait dit l'aimer. Puis, la dernière fois qu'on l'avait prit dans ses bras. Qu'on lui avait fait un long bisou sur la joue. Qu'on lui avait montré qu'elle était importante ici.
Au bord de ses paupières, une larme vit le jour jusqu'à salir son visage intacte sous la douleur. Ses yeux fixaient toujours aussi sérieusement ce point, sans ciller, sans changer de trajectoire. Peut-être n'avait-elle même plus la force mentale pour y remédier.
Et les perles salées noires sur ses joues s'accumulèrent jusqu'à tomber en rafale sur son chemisier. Ses lèvres, ses sourcils, son front demeuraient inchangés.
June faisait l'inventaire de sa vie, et il lui était évident qu'elle avait plus perdu, que gagner. Qu'elle avait plus donné, que reçu. Et, à l'heure qu'il était, elle n'avait absolument plus rien.
Comment pouvait-elle être entourée, et pourtant, se sentir aussi seule, à l'intérieur ?
C'était comme si il était entré dans sa vie et l'avait contrainte à se créer un tout nouveau monde autour de lui, et lui seul. Un royaume où il contrôlerait tout, et c'était actuellement ce qu'il s'était passé. Elle s'était reconstruite à ses côtés, et, il y a quelques mois, ce dernier l'avait abandonné.
Abandonner. C'est tellement con, comme mot. Comment tu peux a-ban-donner une personne humaine ? T'abandonnes des choses qui t'appartiennent, mais les être-humains, les gens, ils ne t'appartiennent pas, si ? Tu peux pas les prendre, et les jeter comme tu le ferais avec un vieux livre, un pull troué, une paire de chaussures qui prennent l'eau, une télé qui ne fonctionne plus.
Lui l'avait finalement aidé à se relever, puis, il l'a repoussé encore plus violemment contre le bitume qu'elle connaissait pourtant par cœur. Son cœur, oui, on en parle de lui ? Fragile et dans un piteux état. Il était certainement en miettes, d'ailleurs, mais, sans qu'elle ne connaisse la raison ou qu'elle ne le veuille, il battait encore sous sa poitrine, lui envoyant une décharge douloureuse toutes les secondes.
Un calvaire et une contrainte, elle en était arrivée au stade où elle devait survivre, et non vivre. Elle vivait, mais n'existait plus. C'était plus pareil. Avant, elle se levait avec la sensation de servir à quelque chose, d'être là pour une raison. Maintenant, elle se levait avec la hâte que la journée se finisse pour qu'elle puisse se dire qu'elle avait réussi à tenir une journée de plus sur Terre.
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