Marguerite

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Il est 18:00. Anna n'est toujours pas rentrée. Elle n'a pas appelé. Bien sûr, il fait encore jour! Mais Anna a dit qu'elle rentrerait en fin de journée. Marguerite pensait en fin d'après-midi. Elle l'appelle.

"Bonjour, vous êtes bien sur ma messagerie, laissez-moi un message et je vous rappellerai !"

  Marguerite raccroche. Et finalement rappelle :

" Anna, c'est Mamie. J'aimerais bien que tu me rappelles ma chérie pour me rassurer."

  Marguerite a peur. Est-ce qu'elle va bien? Je vais appeler sa mère.

-  « Allo. Anne-So? C'est moi...
-  Oui, je sais bien maman que c'est toi. Que se passe-t-il ?
-  Anna n'est pas rentrée.
-  Je pense qu'elle ne tardera pas à le faire maman. C'est vrai que c'est inquiétant d'avoir des ados à la maison ! Je vais l'appeler. Je te rappelle  tout de suite après !
-  Oui, rappelle-moi ! Je suis morte d'inquiétude. »

Quelques minutes passent. Benoit arrive dans la cuisine.

-  « Mamie, ça va ? Demande Benoît.
-  Oui, oui mon chéri.
-  Tu veux que je t'aide à préparer les haricots que nous avons ramassé dans le potager ?
-  Je crois que je ferais des pâtes ce soir. Tu les aimes les pâtes ?
-  Oh ouiiii ! Super ! »

  Et il court vite dire aux petites qu'au menu, nous avons des pâtes à dîner ! Et les filles sautent de joie! Le téléphone sonne. C'est Anne-Sophie.

-  « Allo! Alors?... Des nouvelles ?
-  Je suis tombée sur sa messagerie. J'ai essayé en trois fois et rien. Tu as raison, c'est très inquiétant ! Dès que Fabien arrive, je lui en parle. Il ne va pas tarder. On doit sortir ce soir. Barbecue chez des amis!
- Je suis très inquiète. Il est 18:30 et j'ai l'impression que les minutes sont des heures !
- Je te rappelle maman .
- Merci ma chérie ! »

  Et Marguerite met de l'eau à bouillir pour les pâtes. Elle est bouleversée ! Et s'il était arrivé quelque chose à Anna? Comment se remettre de cette situation ?
Le téléphone sonne à nouveau. Une lueur d'espoir brille dans ses yeux ! C'est Anne-Sophie...

- « Oui?...
- Maman, c'est toujours moi. J'ai appelé la mère de Julie. Julie n'est pas à Montpellier. Elle est chez son père ici même à Bordeaux. Anna nous a menti. Est-ce qu'elle allait bien?
- Oui, bien sûr. Nous avons passé beaucoup de temps ensemble. On ne s'était jamais senties aussi proches l'une de l'autre depuis quelques temps. On a peint ensemble, cuisiné ensemble ! Elle m'aidait à ranger ! Je me disais qu'elle avait grandi et je la trouvais touchante!
- Maman, Fabien et moi allons prendre la voiture pour venir. Je crois qu'elle a fait une fugue !
- Une fugue ? Non, je ne peux pas y croire! Elle paraissait si bien!
- Je ne t'en avais pas parlé mais Anna voulait partir quelques jours avec ses amies en Espagne. J'ai refusé car je sais que ce moment était important pour toi!
-  As-tu appelé ses amies ?
-  Elles disent ne rien savoir ! Nous sommes inquiets ! On arrive! »

Marguerite est sous le choc! Anna ne voulait pas de ces vacances !..

- « Soyez prudents sur la route !
À toute à l'heure ! »

  Marguerite s'assoit , oubliant les pâtes ! Elle se rappelle enfin et les sort du feu. « Mince, elles sont trop cuites! ». Elle sait qu'elle doit s'occuper des trois autres petits mais là, elle se rend compte qu'elle n'est pas au mieux de sa forme. Alors, elle décide de contacter son amie Annie.

- « Allo! Annie? J'ai vraiment besoin de toi maintenant... je t'expliquerai ... Viens vite...»

Et Marguerite se met à pleurer. Ses larmes coulent en trombes sur son visage.

- « Marguerite, que se passe-t-il ? Écoute, je raccroche et j'arrive ! »

  Et elles raccrochent toutes les deux. Quelques minutes plus tard, Annie est là. Elle pénètre dans la cuisine et voit son amie toute tremblante ! Elles se prennent dans les bras l'une de l'autre et Marguerite raconte.

- « Bon, pour commencer, dit Annie, on va refaire des pâtes pour les petits ! Celles-ci sont immangeables !!!
- Merci... merci beaucoup...! »

Petits sourires tendresse. Annie est une amie merveilleuse ! Marguerite s'est toujours dit qu'elle avait eu beaucoup de chance de l'avoir à ses côtés. Quand Raymond est parti, elle l'a beaucoup accompagnée dans sa peine. Les pâtes sont enfin prêtes, les enfants s'assoient pour le dîner. Marguerite regarde l'horloge. Il est 20:30. Elle espère toujours. « Peut-être que Anne-So et Fabien viendront pour un rien !Oh mon Dieu ! Protégez ma petite fille ! ». Ça faisait longtemps que Marguerite ne s'était pas adressé à Dieu ! Elle ne savait même plus prier!
Les enfants terminent le repas. Marguerite ne peut rien avaler. Ils n'ont presque pas parlé.Les petites ont demandé où était Anna. Mamie Aquarelle a répondu qu'elle rentrera certainement plus tard. Ces mots ont eu du mal à sortir de sa bouche. Annie a tout géré . Le dîner, le rangement, et le couchage des enfants. Il est 22:00, et le téléphone sonne.

- « Allo ! Maman ? C'est Isabelle ! Je viens de rentrer. J'ai entendu le message d'Anne-So. Nous partons à l'instant pour vous rejoindre ! »

  Marguerite se met à pleurer. Elle pleure de plus en plus fort! Et Isabelle, tout en essayant de la consoler, pleure aussi ! Annie prend le téléphone.

- « Êtes-vous sûrs de vouloir prendre la voiture maintenant ? Pourquoi ne pas attendre demain ?
- Annie, c'est toi? Je suis heureuse que tu sois là. Tu sais, je ne pourrais pas dormir cette nuit si je sais que ma nièce n'est pas rentrée. À plus tard Annie et merci de t'occuper de maman et des enfants !
- À plus tard! Bonne route! Je vais donner un calmant à Marguerite. Elle est à bout et se sent si coupable!
- Merci mille fois ! »

Annie va retrouver Marguerite qui était assise dans le canapé. Les trois enfants ont accouru vers elle en entendant ses pleurs . « Maintenant, on ne pourra plus leur cacher la vérité ! On a un vrai problème ! »
Annie donne un calmant à Marguerite. Elle s'apaise. Les petits sont là. Elisa et Lilou s'endorment contre elle . Benoît reste soucieux. Lui qui est si bavard, en général,n'a plus de mot!
Il est 23:35. Une voiture se gare. Annie va ouvrir. Anne-Sophie , suivie de Fabien, entre dans la maison . Marguerite réussit à écarter les petites de ses jambes sans les réveiller. Elle se tient debout comme prête à accueillir la colère de sa fille et de son gendre. Mais au lieu de ça, Anne-Sophie la serre dans ses bras. Fabien porte les petites dans leurs lits. Et Annie prépare un café. De part ses contacts , Fabien a pu prévenir les autorités. Ils seront là bientôt ! La nuit va être longue ! La nuit va être triste! Il faudra beaucoup de café et surtout, beaucoup de courage !

Mamie Aquarelle Où les histoires vivent. Découvrez maintenant