On avance à grands pas!

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Le téléphone sonne. Marguerite se précipite pour y répondre comme quand on attend une bonne nouvelle. Mais sans qu'elle n'en attende vraiment une! Peut-être une envie de bonne nouvelle ! Peut-être un pressentiment ! Peut-être l'une de ses filles ! Et c'est une voix d'homme qui se fait entendre. C'est l'inspecteur Berenger.

- « Bonjour. C'est l'inspecteur Berenger. J'essaye de joindre votre fille mais elle ne répond pas. J'ai essayé sur le téléphone de son mari mais aucune réponse non plus!
- Ah... Je ne sais quoi vous répondre... Avez-vous des nouvelles informations à nous transmettre ?
- En effet ! Il s'est passé des choses à Lyon !
- On l'a retrouvée ?
- Nous avons comme une piste à explorer !
- Racontez-moi, s'il-vous-plaît?
- Voilà : il y a quelques jours, un chef cuisinier a disparu.
- Ah... Et quel est le rapport avec ma petite Anna?
- Je vais vous expliquer : ce type a changé de comportement après une discussion avec des collègues au sujet d'Anna. Et il a disparu le jour même ! Il n'est plus revenu travailler le soir-même ! Ses collègues ont tenté de prendre contact avec lui. Ils ont demandé l'adresse à leur patron et sont allés le voir. Il se trouve que l'adresse n'était pas bonne. La maison appartient au père du chef cuisinier. Mais c'est une femme qui y habite avec son fils. Elle s'occupe de tout là-bas et y récupère son courrier qu'il vient chercher une fois par semaine. Curieux, non?
- Oh oui! Très ! Mais est-ce une preuve suffisante ?
- Bien sûr que non mais il est devenu un suspect ! Le patron du restaurant en a parlé à un ami à lui qui est commissaire et un avis de recherche a été lancé. Le restaurateur avait une photo de lui. C'était à une soirée il y a de cela quatre ans. C'était une photo présentant une partie de l'équipe de cuisine. Ils l'ont recardée, et figurez-vous que , malgré la mauvaise qualité de l'image due à l'agrandissement, cet homme ressemble au nôtre !
- Nous allons la retrouver alors?..
- Oh je l'espère, Madame ! En tout cas, nous avançons à grands pas!..
- Merci beaucoup !..
- Vous me remercierez en temps voulu !.. Désolé, j'ai un double appel ! Ça doit être votre fille !
- Au revoir et à bientôt ! »

L'inspecteur avait déjà raccroché. Robert entre dans le salon. Marguerite était assise. La tête dans les nuages, les yeux dans le vide.

- « Marguerite ?.. Tout va bien ?..
- Oh!.. Excuse-moi... je ne t'avais pas entendu arriver.
- Tout va bien ?
- Je ne sais pas...
- Une mauvaise nouvelle?..
- Non... plutôt bonne je crois...
- Je te rapporte un peu d'eau et tu me racontes. »

Marguerite lui attrape le bras.

- « Non... reste, je vais tout te dire... »

Et elle lui raconte tout ce qu'elle sait. Robert ne comprend pas sa réaction. Lui, se sent si heureux ! Il la prend dans ses bras. Des fines larmes s'échappent des yeux de Marguerite.

- « Je ne lui ai même pas demandé son nom...
- On le saura bien assez tôt... l'important, c'est que maintenant, on a un suspect et une piste à suivre ! »

Le téléphone sonne à nouveau. C'est Anne-Sophie. Elle lui apprend le nom du suspect : Jean Delaporte. L'inspecteur Berenger prend le train pour Lyon. Une enquête est lancée. Ils ont retrouvé l'adresse de sa mère et vont aller l'interroger. Il rappellera en fin de journée. Anne-Sophie pense venir le week-end prochain. Elle avait l'air heureuse ! Ça faisait longtemps ! Marguerite se dit que la journée risquerait d'être longue.

- « Je vais tricoter une belle écharpe pour Anna.
- Oui, tu as raison ! Elle en sera très heureuse ! »

Et elle se met à la tâche. Pendant ce temps, l'inspecteur Berenger est dans le train. Il regarde les deux photos, les compare. À quelques petites choses près, les deux hommes sont les mêmes ! Si cette affaire pouvait aboutir à de belles retrouvailles, il serait l'homme le plus heureux ! C'est sa première grosse affaire en tant qu'inspecteur ! On y croit ! On y arrivera!
Il arrive à la Part-Dieu où ses collègues lyonnais l'attendent. Ils lui font un briefing pendant le trajet jusqu'à la maison de la mère du suspect. Elle se trouve à Montrottier , un petit village à quarante minutes de Lyon. Sur la route, ils discutent de l'affaire d'Anna. Ils parlent des collègues du suspect qui sont venus pour signaler sa disparition. Ils ont évoqué Anna, leurs doutes et suspicions en ce qui concerne Jean Delaporte. Et c'est à ce moment-là que l'affaire a pris une nouvelle tournure ! Qu'un homme disparaisse est une chose ! Mais qu'il le fasse après tant de faits qui ne ressemblent plus à de simples coïncidences, ça donne à réfléchir ! Ils arrivent à la maison. Le portail est grand ouvert. Ils pénètrent sur la propriété après avoir appelé car la sonnette ne fonctionnait pas. La porte du garage, qui est en contre-bas, n'est pas fermée non plus! Et il semble qu'elle soit restée de la sorte depuis quelques temps. Des feuilles mortes ont habillés le sol d'un tapis feuillu dans des tons de marrons. Ils frappent à la porte. Aucune réponse. L'inspecteur Berenger pense qu'ils devraient entrer même si cela devait se faire par la force! Ils frappent à nouveau. Un homme fait le tour de la maison. Il ne voit personne. L'inspecteur décide de tourner la poignée de la porte et à sa grande surprise, elle n'est pas fermée à clé ! Ils pénètrent à l'intérieur en prenant des précautions de sécurité. Personne dans la maison. Dans un dressing, des vêtements sont en dessus dessous mais partout ailleurs, tout y est plutôt bien rangé.

- «  Venez voir! Derrière ce rideau, il y a une porte!.. Elle n'est pas fermée à clé non plus ! Trois des hommes, dont l'inspecteur Berenger, descendent les escaliers, armes à la main. Ils tombent sur une autre porte grande ouverte cette fois-ci et juste derrière, une autre et là, ils découvrent une petite pièce comme un studio sans kitchenette. Un reste de sandwich en décomposition se trouve sur une table dans un plateau ! Un verre qui a servi à contenir une boisson sucrée, un soda, peut-être du coca est aussi posé sur la table mais à côté du plateau. On y trouve des dessins. De très beaux dessins plutôt tristes à voir... Un journal intime est sous l'oreiller. L'inspecteur en lit quelques pages... « C'est bien elle!.. C'est Anna ! Ce Jean est bien notre homme ! ». Il monte à l'étage. « Je dois les appeler ! Anna était ici ! » Il sort de la maison.

- « Allô ?
- Oui c'est l'inspecteur Berenger... c'est bien notre homme ! Anna était ici !
- « Était »? Elle ne l'est plus ?
- Malheureusement non! Mais on va la retrouver ! On va la retrouver ! Je vous le promets ! Dites à votre mère que je ferai tout ce qui est en mon possible pour la retrouver et je vous la ramènerai ! »

Une voix appelle au sous-sol.. « Il y a un cadavre ! Il y a un cadavre ! » L'inspecteur raccroche, apeuré, et court vers la voix en compagnie de ses collègues lyonnais. L'un d'eux, le plus jeune, a vomi en découvrant un corps dans un congélateur. L'inspecteur jette un œil, « Pourvu que ce ne soit pas Anna ! » ! Et ce n'est pas Anna!
« Ouf! » Il se sent rassuré. C'est une personne plus âgée. Une femme. Dans un second congélateur, on y trouve un homme. « Ces deux personnes sont certainement ses parents ! » se dit l'inspecteur. « Ce Jean est un assassin ! Il a tué ses parents ! Oh mon Dieu ! Moi qui viens de faire la promesse de ramener Anna saine et sauve! »

Marguerite apprend la nouvelle. Avec Robert, ils décident d'aller à Lyon. Ils veulent se rapprocher d'Anna. Peut-être qu'elle y est toujours mais dans une autre maison ou appartement. En se réveillant aujourd'hui, Marguerite avait senti quelque chose de nouveau !
« Oui! On y est presque ! Ma petite Anna! On arrive vers toi! ». Les affaires prêtes, ils partent pour la gare, avec Robert et Fleur.

À Montrottier, la maison est envahie d'hommes, et de femmes, des enquêteurs spécialisés en criminologie ! Tout un corps de métier se donne la peine de faire de leur mieux pour retrouver la jeune fille mais aussi pour savoir si elle est toujours vivante ou non. On y relève le moindre petit indice comme des cheveux dans le lit. Les deux cadavres sont emmenés à la morgue où le médecin légiste donnera des réponses sur leurs morts en interrogeant leurs dépouilles ! L'inspecteur Berenger a les points liés mais ses collègues le renseignent sur tout ce qu'ils découvrent de nouveau. On apprend qu'il s'agit bien de ses parents. La femme est morte il y a cinq ans et l'homme deux ans auparavant. Tout deux ont reçu un coup sur la tête à l'arrière du crâne. Mais la femme serait tombée contre un meuble en bois certainement. Était-ce un ou deux accidents? En tout cas, une chose est certaine : les deux décès n'ont pas été signalés. Jean aurait donc dissimulé leurs morts et percevaient leurs retraites. Il payait leurs impôts et toutes les autres taxes qu'ils percevaient. Il se trouve que des achats ont été fait avec leurs cartes bleus récemment. Beaucoup de provisions achetées dans deux supermarchés différents du coin. On peut donc espérer qu'Anna soit toujours vivante mais ailleurs. Il s'est enfui pour ne pas se faire démasquer ! « Mais où peut-il bien être ? » Le notaire de la famille les renseignera certainement sur les actes de propriété que la famille Delaporte possède. Ce dernier est interrogé mais il n'a pas plus d'informations. À part ces deux maisons, ils ne possèdent rien d'autre ! L'affaire se complique mais l'inspecteur ne veut pas se décourager ! « Si près du but! On avance à grands pas mais plus assez vite! » Que va-t-il dire à la famille ? Il espère ne pas leur avoir donné de faux espoirs! « Non! On la retrouvera! »
Dans la soirée, Marguerite arrive à Lyon. Ils vont à l'appartement de Robert qui se trouve à Caluire. Robert s'excuse du désordre ! Il était parti bien vite quand Marguerite le lui avait demandé. Mais elle ne voit rien de désordonné ! Demain, ils contacteront l'inspecteur pour lui dire qu'ils sont sur place. « Lyon! Ça faisait longtemps que je n'étais pas venue! » se dit Marguerite ! Elle ne pensait pas y revenir un jour en compagnie de l'homme qu'elle avait tant aimé et qu'elle aimait toujours !
La nuit tombe. Il faut dormir ou du moins essayer ! Un nouvel espoir pour toute toute la famille mais encore tant d'incertitudes! « Anna, je sens que tu es vivante ! Nous espérons juste qu'il ne t'est pas fait trop de mal ! Oh , Raymond ! Protège-la! Nous avançons vers toi ma chère petite ! Je t'aime si fort ! »

Mamie Aquarelle Où les histoires vivent. Découvrez maintenant