Anne-Sophie

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« Voilà déjà deux mois qu'Anna a disparu. On sait qu'elle pourrait être à Lyon. Je crois qu'elle est toujours vivante. Je sens qu'elle est vivante ! Ma vie ne ressemble plus à grand chose. Je vais, je viens. Je tourne en rond. Je suis comme enfermée dans quelque chose mais c'est faux ! Car je sais que je suis libre de mes mouvements. C'est très bizarre comme sensation ! Je suis vivante, les gens me voient bouger. Je suis morte , j'ai perdu une partie de moi. Mais une sorte d'espoir me donne la force de me lever du lit. En tout cas, il le faut ! Ma tite Lilou... elle a 7 ans. Elle doit avoir sa chance! Celle de pouvoir s'épanouir dans son monde . Je vais rentrer avec elle. Oui, je vais rentrer à la maison. Ce sera dur. C'est déjà dur! Mais Lilou retournera à l'école. Elle aura une vie sociale au moins! »

  Anne-Sophie essaie de se convaincre de tout ça. Elle est couchée dans son lit. Son corps est comme aimanté contre les draps. Elle se sent vide mais voilà... elle ne l'est pas! Elle a décidé ! Elle appellera Fabien pour lui dire qu'elle va bientôt rentrer. Elle pense à Marguerite. « Je vais l'abandonner... » Et c'est à cet instant, qu'elle sort du lit. Anne-So se dirige vers la cuisine. Marguerite y est. Elle boit son bol de café. Ce matin, elle est sortie pour se dégourdir les jambes et a acheté des viennoiseries. Ça faisait longtemps qu'elle n'en avait pas acheté. Anne-So se sert du café. Elle regarde sa mère. Et lui remercie pour le croissant qu'elle prend. Elle en mange un bout, le trouve très bon.

-  « Maman ?
-  Oui?
-  Je ramène Lilou à la maison.
-  Tu as bien raison ma chérie. J'y pensais ce matin à mon réveil. Lilou doit retourner à l'école. Retrouver ses amis. Toi aussi tu devrais retourner au travail. On doit essayer de continuer pour ceux qui restent.
-  J'ai eu le même genre de pensées à mon réveil . J'avais juste peur de t'abandonner.
-  J'ai l'habitude de vivre seule. J'ai Annie. J'ai le téléphone pour vous appeler.
-  Oui, tu as raison maman. Je vais appeler Fabien. Je pense qu'il a besoin de moi comme moi, j'ai besoin de lui. Tu pourrais venir avec nous quelques jours!
- Ce serait comme reculer pour mieux sauter! Non, je vais rester ici. Les recherches continuent. Je veux être là si l'inspecteur Berenger trouve quelques indices.
-  Oui, tu as raison. "

  Anne-Sophie appelle Fabien. Ils parlent longtemps. Fabien propose de venir les chercher dans deux jours. Ce sera le week-end. Elle se dit qu'elle aura le temps de rassembler ses affaires. Que va-t-elle devenir ? A-t-elle été une bonne mère ? Avec Fabien, ils ont des emplois du temps bien chargés. Souvent absents! Et si elle avait accepté qu'Anna aille en Espagne, rien de cela ne serait arrivé. Elle lui demande pardon. Il la rassure.

- « Tu es une mère parfaite ! Je viens bientôt te chercher. Nous allons nous battre ensemble pour survivre ! Tu es une épouse merveilleuse ! Je t'aime Anne-So!
- Je t'aime aussi ! À samedi !
- À samedi ! Embrasse Lilou.
- Je n'y manquerai pas! »

Et ils raccrochent tous les deux. Anne-Sophie a le coeur déchiré . Elle se sent tomber par terre. Elle est épuisée. Marguerite accourt . La soulève. L'allonge dans le canapé. Lui donne de la fleur de Bach. Cinq gouttes sous la langue. Elle reprend ses esprits.

- « Maman... merci... je t'aime maman...
- Je t'aime aussi ma chérie. C'est moi qui me sens coupable... Si elle était allée avec ses amies, aujourd'hui, tout serait normal !
- Pardon maman ! Je ne veux pas que tu te sentes coupable ! Je n'aurais jamais dû dire ça à Fabien !
- Mais tout ça est bien vrai ! Je dois te raconter quelque chose. Quand Anna était là, les petites ont voulu que je raconte mon histoire avec Raymond.Notre rencontre. J'ai raconté. J'ai évoqué un ancien amoureux que j'avais eu avant Raymond. Par la suite, Anna a cherché à connaître son identité par des questions plus ou moins détournées. Ensuite, elle a cherché sur internet. Elle l'a trouvé.
- Et tu crois que c'est cet homme qui l'a kidnappé ?
- Non! Je ne pense pas! Il m'a appelé il y a un mois! Il voulait avoir des nouvelles. Il disait qu'il avait eu mon numéro par le biais de la presse. Il voulait juste me rendre visite. Prendre des nouvelles de la petite, de moi...
- Alors peut-être qu'en faisant ses recherches, Anna est tombée sur un malade ! Un type qui pourrait s'appeler pareil ! Mais pourquoi serait-elle allée le voir si elle l'avait trouvé ? Tout ceci est un non-sens !
- Crois-tu que cette affaire pourrait intéresser la police malgré tout?
- Tout est important ! Je vais appeler l'inspecteur Berenger! On doit lui tenir au courant de cette affaire ! Comment s'appelle -t-il? Ton ami?
- Robert Fritton.
- Dis-lui de venir. Il racontera ce qu'il sait à l'inspecteur. »

Anne-Sophie appelle l'inspecteur. Marguerite appelle Robert. Elle l'hébergera dans le studio. Il demande s'il peut venir avec Fleur, sa chatte, elle n'est plus toute jeune. Marguerite accepte évidemment .

- « Anna avait dit à Emma et Lola qu'elle était en train de faire quelque chose d'important et qu'elle leur raconterait quand elle trouverait une solution. Il s'agissait peut-être de vous réunir tous les deux ! Elle s'était mis dans la tête de jouer à Cupidon !
-  Oui, tu dois avoir raison ma chérie ! J'espère qu'un ange veille sur elle aujourd'hui ! »

  Évoquer Anna a le pouvoir de faire couler des larmes... Marguerite annonce à Anne-So que Robert arrive demain. Une voiture se gare. C'est l'inspecteur. Il était dans le coin. Les deux femmes se dirigent vers lui pour tout lui expliquer.

-  « Dans ce cas, je reviendrai demain en fin de matinée. »

  Elles le saluent. Il quitte le domicile. La nuit tombe. Anne-Sophie est couchée. Elle n'arrive pas à trouver le sommeil. Marguerite, de son côté, ne dort pas non plus. Robert serait-il la clé de toute cette histoire ? Ce serait formidable !

Mamie Aquarelle Où les histoires vivent. Découvrez maintenant