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   Le mois de mai promettait des beaux jours agréables, et pourtant je me trouvais enfermé dans une salle de classe bien trop petite à mon goût. Non pas que me retrouver dehors au milieu d'adolescents fumant toutes les marques de cigarettes possibles me donnait envie, surtout à l'approche des examens, mais la motivation me manquait un peu.

« Tu devrais prendre des somnifères.

-Je t'ai déjà dit que je prenais pas de ces trucs. »

   Gally soupira en prenant en note la citation que le professeur venait de donner.

« Tu notes pas ?

-Je la connais par cœur, celle-là. »

   Je lui montrais la première page de mon cahier où une liste de citations prononcées par les plus grands philosophes y était retranscrites. Mon ami souriait déjà, secouant la tête comme pour me dire que je restais incorrigible.

« Je savais que j'aurais pas dû prendre cette filière, me disait Gally. Y'a que des intellos ici.

-Tu pensais que t'allais fumer je-ne-sais-quoi et trouver le sens de la vie ?

-A peu de choses près. »

   Je levais les yeux au ciel en souriant tout de même. J'avais rencontré Gally en début d'année, et entre nous ça avait tout de suite collé. Il avait été de ces rencontres qui n'ont pas besoin de temps pour vraiment se comprendre, et qui n'ont pas besoin non plus de trop en dire.

« Allez, ce soir je t'emmène dans un endroit sympa.

-Faut que je bosse, je l'avais contredit. J'ai pas le temps pour sortir.

-Minho sera de la partie, de toute façon t'es obligé de venir. »

   Je soupirais de nouveau, de guerre lasse. Si mon meilleur ami venait, Minho, il n'allait certainement pas me laisser travailler tranquillement chez moi.

« De toute façon, ajouta Gally en se penchant vers moi, t'es en avances dans tes révisions. »

   Il accompagna sa remarque d'un clin d'œil et moi j'haussais les épaules, mécontent de devoir les suivre et encore plus de ne pas pouvoir le contredire.

*

   Cette porte blanche, je la connaissais par cœur. Je ne comptais plus le nombre de fois où j'en avais poussé le battant. J'abaissais la poignée et dépassais le seuil. Je refermais la porte et me tournais vers le lit. Rachel, ma douce et belle Rachel continuait de dormir. Je pris place sur la chaise à côté de son lit, ignorant le moniteur à ses côtés et les files qui l'accrochaient à la vie.

« Salut, Rachel. »

   Je lui prenais la main tout en la regardant. Nous avions les mêmes yeux, mais cela faisait longtemps que je n'avais pas pu les voir. La couleur de nos cheveux était également la même, et cela faisait plaisir à voir qu'ils prenaient soin d'elle ici.

   Je lui parlais quelques minutes, comme je le faisais presque à chaque fois que je venais la voire.

« Gally essaye encore de me changer les idées. Ce mec lit en moi comme dans un livre ouvert. Il sait que je pense encore au blond. »

   J'avais fait part de mon rêve et de ma rencontre silencieuse avec cet inconnu. Rencontre, bien qu'aucun regard ne se soit vraiment échangé, ni aucune parole. Je lui racontais presque toutes les choses qui m'arrivaient, sans doute parce qu'elle était la seule personne à qui je pouvais tout dire. Elle me connaissait mieux que quiconque.

   Je restais encore un peu avec elle avant de me décider à partir. Je déposais délicatement mes lèvres sur son front, caressant sa joue de mon pouce en signe d'affection.

« A bientôt, sœurette. »

   Une promesse de retour, un encouragement à revenir.

*

   Les bruits du bar ne me plaisaient pas. Des gens riaient trop fort, d'autres s'exclamaient en faisant des phrases beaucoup trop longues, et d'autres renversaient leurs verres sans même s'en apercevoir. Mais je ne voyais peut-être que les points négatifs, après tout.

« Alors, on n'est pas bien, là ?

-J'ai l'impression d'entendre mon père, je lui faisais remarquer.

-Fais pas ton rabat-joie, je suis sûr que t'es super heureux d'être ici. »

   Minho avait cette particularité de toujours embellir les choses. Peut-être que prendre le métro ne m'avait pas spécialement dérangé, sans doute que sortir de cette bouche souterraine pour voir les bâtiments parisiens m'avaient plus, et même peut-être que la devanture de ce bar m'avait semblé accueillante. Mais il restait évidement que je préférais être chez moi à travailler ou à dormir, plutôt que de me retrouver au milieu de gens qui semblaient déjà ivrognes tandis que vingt-deux heure n'avait pas encore sonné.

   Cependant, je devais bien admettre que le lieu en soi restait agréable. Si on faisait abstraction de la plupart des êtres humains ici présents, on pouvait apprécier le plafond en voûte, la scène en bois, le comptoir travaillé en détail et même les nombreuses fenêtres qui ajoutaient du charme par leurs formes arrondies.

« Comme ça tu penseras plus à ton petit blond. »

   Minho souriait en me disant cette phrase et moi je levais les sourcils comme pour lui dire que les chances que cela fonctionne frôlaient le pourcentage du zéro. Mais il m'offrit un verre, alors je commençais à le boire en écoutant distraitement les accords de guitare et fixant les vaguelettes de ma bière, pendant que la voix grave du chanteur venait me transporter ailleurs.

Newt est un rêve  [Newtmas]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant