« Je savais que t'allais venir. »
Je venais d'arriver devant lui. Nous étions face à face, le bruit de l'eau près de nous et celui des voitures au lointain.
« Tu me l'avais proposé. »
Il retirait la cigarette de sa bouche et en expirait la fumée de sorte à ce que je n'en respire pas.
« Tu es prêt pour une nouvelle balade ?
-Je pense que je suis près à rester avec toi encore un peu. »
Sa cigarette consumée, il l'avait écrasée sans me regarder. Puis ses yeux m'ont fixé avec intensité et il s'est mis à sourire sans raison apparente.
« Il commence à faire froid, je connais un endroit sympa.
-Tu vas m'emmener où, cette fois ?
-Laisse-toi guider, Tommy, ce sera plus intéressant. »
Ces paroles, il me les avait déjà dits et je n'avais pas regretté. Alors je l'ai suivi et on a atterrit dans une boîte de nuit. Le videur lui avait fait un clin d'œil et il m'avait pris la main comme si j'allais me perdre. Je me serais sûrement perdu, d'ailleurs. Un peu partout, des corps se collaient les uns aux autres, la musique faisait vibrer les piliers et Newt ne semblait pas s'en rendre compte. Il fendait la foule comme s'il avait été seul ce soir-là, comme si nous étions dans une pièce vide. Et ça m'a fait du bien de le croire, pendant un instant, qu'il n'y avait personne d'autre que nous. Mais je me faisais bousculer de toutes parts et j'avais du mal à me détendre.
« C'est une boîte gay, j'avais presque crié à Newt en remarquant les couples se former.
-Et alors ? »
Il avait continué à danser. Il avait tourné sur lui-même, il avait effectué des pas que je n'aurais jamais su reproduire et il avait même un peu sourit. J'essayais de me détendre, de faire comme tout le monde, d'ignorer les bousculades et de bouger n'importe comment en me permettant d'appeler ça une danse. Mais le fait était que j'étais Thomas Edison et que le Thomas Edison de cet âge n'y arrivait pas. Newt l'avait bien vu. Il avait souri et m'avait pris la main pour m'entraîner jusqu'à la sortie.
Le claquement de la porte résonnait dans la rue tandis qu'il me lâchait la main.
« Je t'ai peut-être cerné, Tommy.
-Comment ça ? »
Il ne m'avait pas répondu. A la place, il avait couru, était sortit de la rue et suivait une avenue que je ne connaissais pas. Je m'étais mis à le suivre, bien trop soucieux de ne pas vouloir le perdre. J'avais même réussi à diminuer considérablement la distance qui nous séparait, mais les foulées restaient grandes et nombreuses et bientôt la Seine nous apparut. Newt s'était dirigé vers le premier pont venu, jusqu'à son centre, et avait enjambé la rambarde. Il s'était assis dessus avant que je ne réalise vraiment. Moi, à côté de lui à fixer également l'horizon, restant sur le pont pour m'appuyer sur la rambarde en toute sécurité. Il s'était alors mis à rire, à rire tellement fort qu'il devait en avoir des crampes et j'étais certain que les habitants aux alentours pouvaient l'entendre. Mais leur double vitrage nous protégeait, et je me sentais bien.
« C'est moi qui te fais rire comme ça ?
-Pardon Tommy, mais c'était tellement drôle de te voir danser.
-Je ne sais pas danser.
-T'étais le seul qui avait la classe, faut juste que tu l'assumes. »
Il m'avait regardé avec encore son rire à mes oreilles, mais dans ses yeux il y avait un sérieux imbattable.
« Tu devrais tenter des choses, Tommy. »
Je ne lui avais pas répondu et il avait insisté.
« Tu devrais oser. »
Je n'avais encore rien dit. Alors, comme pour se venger de mon silence, je suppose, il avait lâché prise et s'était laissé tomber. La Seine l'a accueilli les bras ouverts et le bruit de sa rencontre avec l'eau m'a fait peur. Je m'étais penché, j'avais crié son nom et j'ai finalement eu le droit à sa tête sortant de l'eau. Il se dirigeait vers la rive et j'y courais sans m'en rendre compte. Une fois près de lui, j'avais remarqué qu'il continuait de rire. Un élan de colère m'avait pris et je m'étais mis à lui crier dessus :
« Et ça te fait rire ? Mais ne fais pas des frayeurs pareilles, tu voulais que je fasse un arrêt ? »
Il ne s'arrêtait cependant pas de rire et j'avais opté pour le comportement le plus idiot du siècle : le bouder.
« Viens avec moi. »
Cette fois ce fût à lui de me suivre. Il ne riait plus, mais dans le métro il continuait de sourire. Moi je l'ignorais, fixant les vitres en m'accrochant à la barre, croisant plus d'une fois le regard froid de mon reflet. Arrivés chez moi, je l'ai laissé entrer et lui ais recommandé de ne pas faire de bruit. Je l'ai conduit jusqu'à la salle de bain et lui ai demandé de me prévenir quand il en aurait terminé.
Quand j'ai entendu l'eau couler, je m'en suis voulu pour mon comportement puéril. Seulement, c'était le seul moyen dont je disposais pour lui faire comprendre que ça ne m'avait pas plus. Il devait bien le savoir, il y avait eu en moi plus de peur que de colère. Quand ses pas sont entrés timidement dans ma chambre, il ne souriait plus. Il semblait fatigué. Une serviette bleue autour de la taille, il se grattait la nuque sans savoir quoi faire. Je lui avais alors tendu des vêtements secs, les miens, et les tenant toujours à bout de bras pour les lui donner, j'avais réussi à lui demander d'une petite voix :
« Tu veux rester dormir ? »
VOUS LISEZ
Newt est un rêve [Newtmas]
FanfictionIl faut que vous imaginiez le soleil d'un crépuscule. Il faut que vous imaginiez le Thomas Edison de ses dix-huit ans, tomber amoureux de Newt, un nocturne parisien. Ils ne se voient que la nuit, la capitale les accueillant et veillant sur eux comme...