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   Un pas devant l'autre et la lune comme témoin. Il faisait nuit quand je marchais sur les quais de Seine, quelques jours plus tard. Je regardais Newt au loin. Plus je m'approchais, et plus je le rendais réel. Il m'avait vu. Il avait jeté sa cigarette et il s'avançait vers moi. Nous nous rapprochions de plus en plus et j'avais l'impression que tout Paris était capable d'entendre mon cœur battre aussi fort. Puis les mètres se sont transformés en centimètres et je l'ai vu me regarder.

   On n'avait pas parlé. On s'était contentés de se fixer un petit moment, comme pour se rassurer et s'assurer que l'autre était bien là. J'étais venu pour lui, il avait attendu pour moi. J'avais espéré le voir et maintenant je me trouvais en face de ses yeux sombres, de ses cheveux blonds, de sa peau pâle et de ses longues jambes. Le silence nous engloutissait sans nous noyer et sans nous bousculer. Nous n'avions tout simplement pas besoin de parler.

   Puis Newt a dirigé son regard vers l'eau. Il devait sûrement y voir le reflet de la lune, reine de la nuit qui lui murmurait peut-être des paroles à dire ou des gestes à faire. Mais c'était moi qui avait commencé à parler. J'avais brisé le silence sans le lâcher du regard. J'avais vu la courbe de sa mâchoire sous cet angle et ses cils plus longs que je ne le pensais. J'ai brisé le silence pour lui dire :

« Le pire, c'est que ma sœur te donnerait sûrement raison. »

   Newt s'est rapidement tourné vers moi à l'entente de ces mots. Il a essayé de lire en moi, je le suppose par le regard qu'il m'a fait cette nuit-là, et sans même m'avertir il m'a pris dans ses bras. Il m'a serré si fort que j'ai eu l'impression à un moment de sentir les battements de son cœur contre mon torse. Et ce qui m'avait fait sourire, c'était que son cœur remuait à la même vitesse que le mien.

   Cette nuit-là, on a fait l'amour. Une chambre d'hôtel, des draps blancs et des murmures. Newt m'offrait ma première expérience. Il m'avait offert plus que ça. Ce que je retiendrais, et ce que j'ai à vous dire, c'est que la nuit parfaite n'existe pas. Seulement, il faut savoir s'en souvenir quand même et apprécier à sa juste valeur ce que nous sommes en train de vivre. Et même s'il y a des choses que je ne réalise qu'aujourd'hui, à l'époque j'avais déjà conscience de ce que je vivais.

   J'ai su que je n'avais pas fait de bêtise quand je l'ai vu en ouvrant les yeux. Le soleil se levait et je venais de me réveiller, toujours dans cette chambre d'hôtel, accueillit par les draps blancs. Il s'était réveillé en même temps que moi. On s'était regardés un instant et il s'était mis à rire, comme timide de ce que nous avions fait. J'avais fait pareil, mais j'avais fini par me lever, je devais aller en cours.

   Newt m'a réclamé mon t-shirt et je le lui ai donné, prenant le sien en échange. Il s'était surélevé pour m'embrasser et m'avait laissé partir, sa main glissant de ma nuque pour se laisser tomber sur le lit. C'était comme ça que je lui avais dit au revoir.

*

   Quelques heures plus tard, je me retrouvais à mon cours sur Schopenhauer. Je luttais contre le sommeil et contre les souvenirs de la veille. Je tentais de maintenir mon stylo droit mais mes notes étaient presque incompréhensibles. Ce n'était néanmoins pas surprenant. Ce qui l'était un peu plus, c'était mon ami à côté de moi, Gally, qui ne faisait rien pour me maintenir éveillé. Il n'était pas d'humeur loquasse, ce jour-là. Arrivé au déjeuner, j'en profitais pour lui demander ce qui n'allait pas. Minho, l'ayant remarqué autant que moi, se fit autant attentif que possible.

« Brenda m'a largué.

-Oh merde, désolé mon pote...

-Viens manger à la maison. Toi aussi Minho. Sonya réussit toujours à faire fuir les idées noires. »

   Il avait haussé des épaules et j'avais pris ça pour une approbation. J'avais prévenu Sonya par message et elle n'avait pas hésité à accepter, ravie de pouvoir se rendre utile.

Newt est un rêve  [Newtmas]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant