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« Les violons mêlaient leur rire au chant des flûtes
Et le bal tournoyait quand je la vis passer
Avec ses cheveux blonds jouant sur les volutes
De son oreille où mon Désir comme un baiser
S'élançait et voulait lui parler, sans oser. »

   Cela faisait plusieurs mois que Newt m'avait quitté. Je revenais de temps en temps dans le bar où il chantait, avec mes amis, et tout seul dans le pub islandais où le blond m'avait fait passer mon batême. J'avais d'ailleurs sympathisé avec le barman qui avait compris à ma présence que lui non plus ne reverrait pas le chanteur.

   J'avais longtemps pensé à ce que nous avions vécu et je me disais que c'était une belle chose, une chance, une bonne histoire. Un souvenir agréable.

« Cependant elle allait, et la mazurque lente
La portait dans son rythme indolent comme un vers,
― Rime mélodieuse, image étincelante, ―
Et son âme d'enfant rayonnait à travers
La sensuelle ampleur de ses gris et verts. »

   Une nuit j'ai décidé d'affronter tout seul Paris. Je m'habituais à parcourir ces trottoirs seul et je m'autorisais à avoir d'autres histoires, bien qu'à cette époque je n'avais rien de vraiment exceptionnel à raconter. D'ailleurs, j'avais l'impression de trouver tout le monde fade après une rencontre comme celle de Newt.

   Je me suis dirigé vers les quais, une feuille à la main, et j'ai lu le poème de Verlaine que j'avais recopié, la fois où j'étais revenu à la bibliothèque que le blond m'avait fait découvrir.

« Et depuis, ma Pensée ― immobile ― contemple
Sa Splendeur évoquée, en adoration,
Et dans son Souvenir, ainsi que dans un temple,
Mon Amour entre, plein de superstition. »

   Il s'agissait de « Initium » et je l'avais trouvé très beau. Je ne m'y connais pas très bien en matière de poésie, mais il m'avait plus.

« Et je crois que voici venir la Passion. »

   C'était peut-être un peu ma façon de lui dire au revoir.

Newt est un rêve  [Newtmas]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant