Et tu longes ce muret, l'air volage, la pulpe de tes doigts effleurant le béton. La tête en arrière, tu souris, rêveuse. Tu rayonnes.
Le vent soulève ta robe de coton blanc. Tu es si sensuelle sous le soleil qui se reflète sur les mèches de tes cheveux châtains. « Suis-moi. ». Tu attrapes ma main avec fermeté et tu cours vers la plage, à pas de chat, me traînant derrière toi.
Tu respires le bonheur. Tu es si belle. Sans prévenir, tu retires tes tropéziennes. Tu as quelque chose en tête. Je le vois à ton sourire présomptueux. Somptueux, voilà comment qualifier ce que tu dégages. Somptueuse, naturelle et spontanée...
Nous sommes pieds nus, réchauffés par le soleil. Tu bondis, et t'élances vers la mer calme et bleutée, décidée à t'immerger dans la transparence. Ta vie semble en dépendre.
Naturellement, je cours à tes trousses, je ne veux pas perdre la moindre de ces secondes délicieuses à t'observer. Tu transcendes le paysage, traînant derrière toi les manches évasées de ta robe, qui, comme des tranchantes, créent une frontière fictive entre ta gauche et ta droite.
Tu cours avec difficultés dans le sable sec et chaud, qui te ralentit, t'épuise. Je te rattrape. A quelques mètres, l'eau saline s'effondre sur le sable, mousse et chatouille tes orteils. Tu passes devant moi, l'air décidé à ne pas revenir sèche sur la terre ferme. Tu t'agites lorsque ton corps s'avance encore plus dans l'onde froide, mais tu continue ta traversée.
L'eau caresse déjà le creux de tes genoux, et danse en formant des tourbillons autour de tes jambes. Tu provoques les mouvements des abysses maritimes, incarne le trouble.
À présent, l'eau t'arrive à la taille. « ah c'est froid ! ». Les bras tendus à l'horizontale, le corps tout crispé, sur la pointe des pieds, tu essayes de fuir l'aquosité. Mais tu continues à t'enfoncer vers l'immensité. Tu es courageuse, et belle. Je vais te rejoindre.
L'eau salée remonte le long du tissu, absorbé par le coton comme une éponge. Il a soif de toi. Je peux apercevoir ta peau par transparence, ton nombril, le centre de mon monde, et tes tétons rosés qui s'exhibent, pour se défendre contre le froid.
Tu es magnifique.
Tu es un voyage à toi toute seule.Tu me fascine. Je te rejoins, tout habillé, l'eau me détend. Quel bonheur d'être cet homme, indispensable à la vie d'une sirène. Tu plonges pour retrouver ton élément.
Tu perturbes la mer d'huile, frôle le sol, remontes pour inspirer. La tête en arrière, les cheveux trempés, le long de ta chute de reins, l'eau s'écoule, gouttes par gouttes sur ta robe de cristal.
Je suis à proximité de ton corps. Main tendue, je peux repousser tes cheveux sur ton épaule et embrasser ta nuque, la palper, la masser, savourer ce que je sens, ce que je vois. Je saisis ton épaule pour te retourner et t'embrasser. Tes lèvres ont bleuies. J'aimerais te réchauffer autant que tu réchauffes mon cœur meurtri.
Mais nous plongeons juste main dans la main, pour se noyer dans l'infini. Je me sens en paix grâce à toi.
VOUS LISEZ
Carnet
PoetryQuand, assis sur un banc, ou peut-être sur la pelouse de ton jardin, tu t'effondres dans la misère de ta vie, écrire tes pensées, te raccrocher à la légèreté des mots devient une question de survie. Voilà ce qu'est ce carnet : une issue de seco...