Chapitre 8 - partie II

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Hadès

Il n'entendait plus les martèlements de l'humaine contre la porte. Cerbère avait bien réussi son travail. Il allait enfin pouvoir se détendre et se remettre au travail, son monde demandant toute son attention. Le nombre d'âmes qui arrivaient était plus important que d'habitude et il devait gérer leur embarquement avec Charon afin de les amener aux bonnes maisons. Pourtant au bout de cinq minutes, n'y tenant plus, il se leva et monta les escaliers menant à la chambre. Ce silence était bien trop inquiétant pour lui. Qu'avait fait Cerbère ? Il imaginait déjà le pire, s'attendant à trouver un corps étendu au sol mais certainement pas une porte ouverte. Il était fou furieux contre Cerbère. Elle avait pour ordre de la faire taire, pas de disparaître avec elle ! Cependant une pointe de surprise faisait surface parmi sa colère. Comment avait fait l'humaine pour convaincre son chien de garde de la laisser sortir ? Ne se doutant pas de l'endroit où elles avaient pu aller, il s'approchait de la fenêtre pour réfléchir. Peut-être que laisser Calliope enfermée n'était pas une si bonne idée que ça. Il aurait dû écouter Pandore au lieu de lui hurler dessus comme il l'avait fait. C'était sa seule amie et il commençait à la perdre. Elle ne venait plus le voir, ils ne discutaient plus toute la nuit. Son amie lui manquait. Il détestait cette humaine. Elle ne lui apportait que des problèmes. Il perdait pied à cause d'elle et de ce qu'elle pourrait représenter pour lui. Il n'arrivait toujours pas à digérer le fait qu'il l'avait ramené dans son monde et encore moins sauvé à plusieurs reprises. Que lui faisait-elle faire ? Il mettait en danger tout son univers pour ses beaux yeux qui ne cessaient de le hanter jours et nuits. Il allait fermer les paupières face à son incapacité à gérer ses sentiments quand il aperçut dans le champ des asphodèles deux masses ressemblant étrangement à des corps. C'était donc là qu'elles se trouvaient ?

Il parcourait son palais à grandes enjambées, descendant les escaliers quatre à quatre. Il devait les rejoindre au plus vite afin de ramener Calliope à l'intérieur. Personne ne devait la voir ici. Surtout pas les morts. Ils pourraient convoiter son corps plein de vie et s'en servir pour sortir des Enfers en prenant son âme. Il redoutait plus que tout cette idée. Et redoutait encore plus l'idée de la perdre. Son cœur était en pleine guerre avec sa raison, faisant de son corps un immense lieu d'une bataille acharnée. Il se perdait petit à petit dans un océan de vagues. Il se noyait et ne faisait rien pour arranger sa situation. Il était confronté à l'ancienne et la nouvelle Perséphone. À la mort et la vie. À la dépression et la joie de vivre. Mais elles avaient toutes deux le même but, le même espoir : s'enfuir d'ici. S'enfuir de lui.

Il était à quelques pas d'elles maintenant et pouvait voir que l'humaine avait mit une des robes de Perséphone. Pourtant elle ne lui tombait pas parfaitement dessus. Signe de plus montrant la différence entre les deux jeunes femmes. Il se maudissait d'avoir eu l'espoir de retrouver celle qu'il aimait comme elle l'avait quitté. C'était une preuve de plus qui lui ouvrait les yeux sur sa disparition éternelle. Un coup de plus dans son cœur déjà bien meurtri. Il suivait le regard émerveillé de Calliope sur les fleurs. Lui aussi en était fou. Elles étaient tellement précieuses à ses yeux. Il faisait tout pour qu'elles aient le meilleur habitat possible dans le but de pouvoir pousser à tout jamais. C'était son symbole de peine et de pardon. Il s'en voulait d'avoir ravie Perséphone comme il l'avait fait. S'il avait su comment cela allait se terminer, jamais il n'aurait pris le risque de perdre celle qu'il aimait plus que tout au monde. Pourtant depuis l'arrivée de la jeune humaine, ses souvenirs d'elle s'estompaient, remplacés par ceux concernant la jeune mortelle. Laissant son cœur gérer seul la tristesse qui ne cessait de l'habiter depuis des millénaires. En voyant que Calliope avait arrêté de marcher derrière Cerbère, il s'arrêta lui aussi. Il suivit le regard de Calliope et ce qu'il vit lui coupa le souffle. Comment une chose pareille était possible ? Un iris violet se tenait fièrement parmi les fleurs blanches. Jamais telle chose n'était arrivée. Il y avait toujours eu des asphodèles et ce serait toujours le cas. La venue de cette humaine changeait tout son royaume. Il la haïssait. Elle ne pouvait plus rester ici près de lui. Elle infestait ses Enfers, son cœur, son cerveau, ses souvenirs et maintenant ses champs de fleurs. S'en était trop pour lui. Son cœur abandonna la guerre sous les assauts acharnés de sa raison. L'humaine allait retourner dans son monde. Et lui retournerait à ses souvenirs.

Les dieux de l'Olympe T1 - Perséphone [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant