Chapitre 9 - partie I

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média : heavy - linkin park (feat kiiara)

« Tel que celui qui désire gagner,     pleure et s'attriste en tout ses pensers, lorsque le temps amène sa perte, tel me fit la bête sans paix, lui, peu à peu s'approchant de moi, me repoussait là où le soleil se tait. »

- Dante Alighieri, L'Enfer Chant I.


Calliope

Elle se demandait pourquoi un iris venait se glisser dans ce décor de fleurs blanches ? C'était l'intrus dans ce cadre blanc parfait. Et elle ne comprenait pas.
Pourquoi ? Pourquoi le fait de voir cet iris la tracassait autant ? C'était un peu la mauvaise herbe que l'on retrouvait dans nos jardins. On en voulait pas. Si bien qu'on utilisait du désherbant hyper chimique histoire de les tuer une bonne fois pour toute. Pourtant tout le long de son trajet elle eu le loisir d'en apercevoir quelques uns éparpillés par ci par là. Et pendant tout le trajet elle se posait la même question. Pourquoi y avait-il des iris parmi les asphodèles ? Et elle n'était pas la seule que cette question tourmentée.

Cerbère avait finit par desceller les petites tâches mauves dans le champ blanc et en avait retroussé son nez de dégoût. Son monde se remodelait et cela ne lui plaisait pas. Elle savait très bien que quand l'humeur de son souverain changeait, son royaume le suivait. Et pour elle, ces fleurs violettes ne représentaient qu'une chose. Le deuil du dieu des Morts commençait à s'estomper. Soit l'humaine y était pour quelque chose, soit c'était elle. Elle espérait que c'était elle. Elle attendait son roi depuis la nuit des temps. Elle était prête à tous les sacrifices pour l'avoir. Pour lui.

Quand à Hadès, le simple fait d'en avoir vu de nouveaux l'avait fait se téléporter jusque dans la résidence de Cerbère car il savait qu'elles se rendaient là-bas. Il ne supportait décidément plus la vue de ces misérables éclats parmes et préférait les attendre dans un lieu clos. Loin de toute cette mascarade dont il était la victime. 

L'humaine allait rentrer chez elle. Sans négociation possible. S'il lui arrivait quelque chose, il la reverrait ici, morte, au beau milieu du Styx, en partance directe pour une de ses maisons. Cela le réjouissait. Débarrassé. Il allait enfin en être débarrassé. Il en avait que faire de ses problèmes et de sa dérisoire vie.

Calliope rattrapait Cerbère qui l'attendait devant une maison en pierres grises. Elle était tellement dans ses pensées qu'elle n'avait pas vu la bâtisse qui se dressait fièrement entre des cèdres. Et pourtant elle était imposante pour une personne vivant seule. Elle scrutait les pierres lisses du perron, les touchait, elle était subjuguée par le lierre grimpant sur les colonnes. Elle ne pouvait s'attarder trop longtemps car Cerbère l'attendait, impatiente, sur le pas de la porte. Alors elle repoussait son admiration à plus tard et se dépêchait de rejoindre la gardienne des Enfers avant qu'elle ne change d'avis et ne la ramène dans sa prison rouge.
L'entrée donnait accès sur un couloir bordé de deux portes en bois à droite et à gauche puis se terminait sur un immense escalier fait des mêmes pierres que la maison et de bois clair. Cerbère montait déjà les larges marches pour se diriger à l'étage et n'attendait pas Calliope qui balayait le couloir avec ses yeux, tombant sur des tableaux fleuris. Fleuris ? Elle ne s'attendait certainement pas à ça de la part de la femme se tenant devant elle. Elle aurait plutôt pensé à des représentations sanglantes ou d'horreur mais certainement pas à des champs de fleurs. Ça ne collait pas avec la personnalité qu'elle dégageait ou du moins tentait de se donner. Ne perdant pas plus de temps, elle la rattrapait à mi-chemin des escaliers avant de chuter la tête la première sur les marches. Décidément, sa maladresse ne l'avait pas quitté dans le monde des Enfers. Rouge de honte, elle relevait la tête et croisait le regard hilare de Cerbère. N'y tenant plus celle-ci explosa de rire. C'était plus fort qu'elle, jamais elle n'avait rencontré pareil humain. Calliope se frottait le front et sentait déjà la bosse qui n'allait pas tarder à pointer. Elle grognait face à l'hilarité de Cerbère qui ne pouvait plus se contrôler, si bien qu'elle en tenait son ventre et était à deux doigts de s'écrouler au sol.

     – Tu as finis de te moquer de moi ?

     Cerbère essuyait les larmes qui perlaient à ses yeux et tenta d'adopter une expression sérieuse, mais c'était peine perdue. Rien que de voir le front rouge et boursouflé de le jeune humaine la faisait repartir dans un fou rire. Calliope à bout, la dépassait pour rejoindre le premier étage. Le chien de garde la suivait, un sourire toujours au coin de la bouche.

     – Fais attention, il y a un tapis, tu risquerais de tomber en t'accrochant le pied dedans.

     – Très drôle, répondis Calliope, j'en peux plus de rire, je vais faire dans ma culotte.

     – Si on ne peut plus plaisanter, ronchonnait Cerbère. Prends la deuxième à droite.

     En bonne élève, Calliope suivit ses paroles et fit très attention au tapis. Il n'était pas à l'ordre du jour qu'elle retombe une deuxième fois et encore moins devant cette peste. Car elle en était persuadée, cette histoire n'allait pas être finie d'être racontée. Elle arriva devant une porte en bois massif et tourna la délicate poignée en nacre. Quand elle pénétra dans la pièce, elle eu le souffle coupé par tant d'espace. Cette chambre devait faire la taille de la sienne et celle de Pandore réunis. Les murs étaient crème, la peinture recouvrant les pierres. Un immense lit fait pour au moins quatre personnes était à sa gauche, entre deux petites tables de chevet. Elle avait envie de sauter dessus, les draps ayant l'air d'être remplit de plumes. Elle se décalait pour laisser passer Cerbère qui avait finit de rire à chaque coup d'œil vers elle. Quand elle la regardait à nouveau, son visage était indéchiffrable et tourné vers un fauteuil en velours noir en plein milieu de la pièce. Derrière ledit fauteuil, un immense dressing fait de miroirs et de caisses. Jamais elle n'en avait vu de si grand et de si beau. Elle en rêvait. Elle était tellement obnubilée par la pièce de ses fantasmes qu'elle n'avait pas vu la personne dans le fauteuil. Pourtant il ne passait pas inaperçu. La chemise grise qui moulait son corps à la perfection et qui laissait croire qu'elle allait bientôt exploser par tant de muscles. Ses larges épaules. Ses cuisses musclées. Ses cheveux noir corbeau bouclés et en bataille. Ses yeux gris transperçant. Cette odeur masculine, à la fois boisée mais avec une note qu'elle ne saurait décrire. Oh oui, il ne faisait aucun doute que le dieu des Enfers se tenait là, assis, dans ce fauteuil. Et pourtant il lui fallut quelques instants avant de le voir. Sa respiration se coupa. Ses mains devinrent moites. Son cœur s'accéléra. Son bas ventre se contracta. Elle n'en revenait pas de l'effet qu'il lui faisait. Personne ne lui avait autant donné envie de se fondre dans ses bras. De l'embrasser jusqu'à ce que le monde tout entier périsse. Elle voulait sentir ses bras la soulever, la serrer contre lui. Elle était avide de son contact. Elle osa lever les yeux pour les planter dans les siens. Et ce qu'elle y lu la chamboula. Jamais pareille fureur n'avait été présente dans un regard. Elle recula, la peur ayant désormais prit place sur le désir. Était-il en colère après elle pour avoir quitté sa chambre ? Ou pour une toute autre raison ? Il se leva et elle reculait de plus en plus. Au bout de quelques pas elle toucha le mur et n'avait plus aucun échappatoire possible. L'étau d'Hadès se resserrait autour d'elle. Elle suffoquait de terreur. Qu'avait-elle fait pour l'avoir énervé à ce point ? Il se plaquait à elle et lui chuchotait au creux de l'oreille.

     – Tu rentres chez toi.

* * *

Et oui, le séjour de Calliope dans les Enfers touche (déjà) à sa fin ! Notre cher Hadès préfère sans doute se tourner vers le passé qui sait ?
Je vous dis à demain pour la suite 😘

Les dieux de l'Olympe T1 - Perséphone [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant