Chapitre 29

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« Qui sourit n'est pas toujours heureux. Il y a des larmes dans le cœur qui n'atteignent pas les yeux. »

- Jane Austen.


Hadès

Il se réveilla aux côtés de Cerbère. Sa peut-être future tendre Cerbère. Il voulait pouvoir offrir un bonheur total à sa famille. Il voulait offrir son amour à Cerbère. Mais il en était incapable pour l'instant. Sans doute ses sentiments se changeraient à la vue du petit être naissant de leur union. Mais pour l'instant, il ne pouvait la voir autrement que comme Cerbère la Gardienne des Enfers et la mère de son premier enfant. Et le seul sentiment qu'elle lui procurait, c'était son profond respect.

Il sortit silencieusement de la chambre pour ne pas réveiller la femme encore endormie et se dirigea vers son bureau.

Les mots de Pandore dansaient encore devant ses yeux. Sa trahison envers son intégrité et son orgueil avait eu raison de leur amitié et plus jamais il ne voulait l'avoir en face de lui. Comment avait-elle osé dire que son enfant n'était qu'un mensonge. Déjà la colère du dieu remonta. Pour se calmer, il prit son ardoise et contempla les notes de Charon.

Ce dernier faisait passer les âmes d'une berge à l'autre du fameux fleuve Styx. Et il se faisait beaucoup d'argent il fallait croire. Le nombre de morts étant grandissant. Pourtant cela n'inquiéta pas Hadès. Certaines périodes de l'année pouvaient être plus marquées de décès que d'autres. Il avait déjà connu ça et le connaîtrait jusqu'à la fin des temps.

Malgré le mémento de Charon, le Roi des Morts ne pouvait s'empêcher de penser au papier que Pandore lui avait rapporté. Il fouilla son bureau de fond en comble afin d'y mettre la main dessus dans le dessin de la brûler mais ne la trouva pas. Il voulut également récupérer ses notes sur la prophétie mais celles-ci étaient introuvables. Hadès fronça les sourcils. C'était étrange. Assez étrange pour le déranger quelques temps mais malheureusement pas assez pour qu'il s'en soucie davantage. Au moins le problème de s'en débarrasser était résolu.

Hadès se remit à la tâche et oublia les soucis que Pandore avait amenés.

* * *

Trois mois s'étaient écoulés depuis la visite de Pandore concernant la prophétie. L'hiver allait toucher à sa fin et Hadès était toujours aussi malheureux. Il avait gagné un enfant mais à quel prix ? Il avait perdu les deux amies qui comptaient le plus dans sa vie et avait hérité d'une compagne qu'il n'aimait pas et dont la présence commençait à le dégoûter. Il ne se voyait plus gagnant dans cette histoire. Même la perspective de voir bientôt son enfant ne le réjouissait plus. Il ne pensait désormais qu'à Los Angeles. Qu'à Pandore. Qu'à Calliope. Sa douce humaine. Il commençait à s'inquiéter de ne pas voir ses sentiments pour la jeune femme diminuées. Il commençait également à regretter son choix de mettre Pandore à la porte. Il n'avait plus personne. Il était seul.

Il était à la fenêtre de son bureau, perdu dans ses pensées. Le champ d'asphodèles et d'iris n'était plus qu'une étendue de fleurs fanées.

Désolation et mort.

Voilà tout ce à quoi il était voué à répandre. Quoi de plus normal pour le Roi des Morts. Le dieu des Enfers.

Hadès souffla un bon coup et posa sa tête contre le verre de la fenêtre.

Lasse. Voilà tout ce qu'il ressentait. Et était apte à ressentir.

Même le manque de Calliope était banal comparé à sa lassitude. Il essayait chaque jour de remettre la main sur les papiers de la prophétie et de Pandore mais chaque jour se soldait par un échec. Il essayait également de se rappeler les paroles des Moires, en vain. C'est comme si cela n'avait été qu'un cauchemar. Une cruelle hallucination. Il aurait tellement voulut rappeler les Moires. Malheureusement, jamais elles ne voudraient lui remettre en tête leurs paroles. À la place, elles prendraient un malin plaisir à le tourmenter. À lui rendre la vie encore plus pénible qu'elle ne l'était déjà.

Il était en train de somnoler sur sa couchette quand Cerbère entra dans son bureau sans frapper. Il se releva précipitamment et lissa sa chemise noire.

– Bonjour ma chère. La nuit a été bonne ?

– Très merci. Le bébé a été tranquille. Pourquoi es-tu parti de si bonne heure ce matin ? Me fuirais-tu ?

Hadès regarda Cerbère s'avancer vers lui de sa démarche sensuelle. Il ne pu s'empêcher de regarder le ventre rond de la Gardienne. Son ventre était douloureux et une nausée le cloua sur place, si bien que Cerbère réussit à lui faire une tendre étreinte.

– Non. Comment pourrais-je te fuir ? Disait-il à contre cœur. J'avais juste beaucoup de travail.

– Tellement de travail que tu t'assoupis sur ton sofa ? Répondit Cerbère, dubitative.

Elle voyait bien que malgré sa grossesse Hadès n'était toujours pas sous son charme. Mais le principal, c'était qu'il était à elle.

Hadès haussa les épaules, n'ayant aucun argument pour répondre à cette légère pique.

– Tu sais, ce n'est pas avec ce comportement que tu verras ton enfant. Comment sauras-tu ce qu'il lui faut si tu restes enfermé en permanence ? Et moi ? Tu as pensé à moi ? Comment vais-je faire sans toi ? Comment vais-je me sentir ? Je me sens déjà moins désirable à tes yeux, alors qu'est-ce que ce sera quand il sera là ?

Hadès fronça les sourcils. De quel droit Cerbère osait-elle lui dicter sa conduite ? De quel droit pouvait-elle dire ça alors qu'elle lui avait tout prit et qu'il faisait de son mieux pour essayer de l'aimer ? Elle était abjecte et Hadès ne la supportait plus. Il ne voulait plus voir ce visage d'une beauté incroyable et qu'il trouvait pourtant répugnant. Il ne voulait plus voir les cheveux blonds aux pointes grises. Il ne voulait plus voir ce corps de femme enceinte. Il ne le voulait plus parce que c'était tout ce que n'était pas Calliope. Sa Calliope. Et la femme dont il était amoureux.

À contre cœur, il répondit :

– Je vais faire des efforts. Pardonne-moi.

Satisfaite, Cerbère hocha la tête et sortie du bureau d'Hadès, un sourire énigmatique aux lèvres.

Les dieux de l'Olympe T1 - Perséphone [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant