Les dieux de l'Olympe T1 - Perséphone [terminé]

Chapitre 19

« Nul effet provenant de la raison ne peut durer toujours, parce que les désirs des hommes changent suivant les influences du ciel. »

- Dante Alighieri, Le Paradis Chant XXVI.

Calliope

Calliope décolla ses lèvres de la bouche du dieu des Morts la première, le souffle court et le cœur battant à toute vitesse, lui faisant mal à la cage thoracique. Elle releva les commissures de sa bouche en un sourire éclatant. Hadès le lui rendit, pas sûr des sentiments contradictoires qui faisaient rage dans son cœur. Avait-il fait une erreur ?

Calliope, qui voyait bien que le sourire du Roi des Morts n'atteignait pas ses yeux, se décala imperceptiblement sur le côté. Elle mettait ainsi de la distance entre eux sans toutefois le montrer. Elle avait peur que ces soudain baisers n'aient provoqué un malaise entre eux et elle ne savait ni comment détendre l'atmosphère ni comment agir avec Hadès. Elle décida de caler sa tête sur le bras du dieu des Enfers, tournant désormais les yeux vers son plafond bleu nuit. Elle préférait accrocher ses yeux à la constellation d'Orion plutôt qu'à la douloureuse beauté de la divinité grecque. Elle le sentit bouger à ses côtés mais ne détourna pas pour autant le regard. Elle en avait presque mal aux yeux de devoir se concentrer sur ces petits points blancs.

– Laquelle regardes-tu ? Lui demandait-il.

– Orion.

– Un bon chasseur qui est mort assez... Il chercha ses mots et reprit. Bizarrement.

– C'est-à-dire ? Disait-elle, le regard toujours fixé sur la constellation.

– L'histoire est assez confuse. C'était un grand ami d'Artémis et ils avaient l'habitude de chasser ensemble. Un jour une flèche lui a été fatale. Artémis n'a jamais voulu nous en parler. Aujourd'hui encore, il ne faut pas lui rappeler ce souvenir. Le seul qui soit au courant est son frère, Apollon, et il n'a jamais trahi sa sœur, lui confia le dieu.

– Pourtant il y a de nombreux mythes à ce sujet, répliqua Calliope, il doit bien y avoir une part de vérité parmi l'un d'entre eux.

– Les humains ce sont appropriés les versions de l'histoire, voulant obligatoirement mettre un fait sur quelque chose qu'ils n'expliquent pas.

La tension dans la voix d'Hadès était perceptible.

– Comme tous les mythes qui nous sont parvenus. Complètement faussés par le bouche à oreille et par le temps. C'est dommage, tentait-elle pour apaiser l'atmosphère.

Le dieu des Enfers ne répondit pas. Calliope, qui se sentait à l'étroit dans sa chambre, se leva de sur le lit. Elle fit quelques pas vers sa commode en bois clair pour prendre un pyjama avant de se retourner en direction de la sortie. Une sortie qui l'appelait tellement elle était mal à l'aise.

– Je vais prendre une douche, lui lança-t-elle en se dirigeant vers la porte.

– Sans moi ? S'offusquait Hadès.

La jeune humaine se retourna, un sourcil relevé. Les poings sur les hanches elle le surplomba quelques instants.

– Comment ça, sans toi ? Je n'aie pas besoin de toi pour me laver, rit-elle, l'air espiègle.

Le Roi des Morts la regarda ardemment ce qui eut comme effet de lui mettre le feu aux joues. La diablerie dont elle voulait faire preuve disparut petit à petit devant le regard emplit de désir que lui offrait la divinité. Il se leva et s'approcha, d'une démarche féline. Il était dangereusement près d'elle. Elle déglutit péniblement en sentant le corps d'Hadès rentrer dans son espace. Il prenait l'air autour d'elle, la faisant suffoquer. Suffoquer de peur et de désir. Il posa ses paumes sur le panneau de bois, entourant le visage rouge de la jeune femme. Elle n'arrivait pas à soutenir le gris brûlant des yeux du dieu grec et se mit à fixer sa bouche. Ce qui était une mauvaise idée. Une très mauvaise idée. Le désir dans son bas-ventre augmenta, lui procurant une délicieuse torture. Elle pressa ses jambes l'une contre l'autre et se mit instinctivement à mordiller sa lèvre inférieure. Voyant le torse d'Hadès se rapprocher d'elle, elle recula un peu plus contre la porte.