Dans le brouhaha d'une fast-food, Greta regarde par une vitre, grasse des mains d'enfants, le monde s'activer sous ses yeux. Comme un écran de télévision. Elle est à part et pourtant si proche. Elle se demande souvent si quelques fois, d'autres personnes la regarde passer devant leur fenêtre, vitre, leur yeux. Et qu'ils se demandent à leur tour si dans un futur, ils la reverront. Simplement parce qu'il leur semblera que Greta est insignifiante par rapport à toutes les choses qui nous entourent inconsciemment et qui rendent la vie, dans un sens, plus réelle.
Pour Greta, l'humain est un idéalisme et sa création un réalisme, meurtrier des SDF (sans destin fixe). Avec tous ses concepts et inventions, l'homme aura toujours un destin plutôt stable parce que vivre en marge de la société est voué à l'échec. On lui fait croire dans les livres qu'on peut être soi. Mais la société qui nous abrite ne peut s'empêcher de rendre l'humain indescriptible par la vaste diversité des choix qu'elle nous prête. Parce qu'un jour, il faudra lui être redevable et lui rendre. Mais rendre indescriptible l'être, c'est lui faire oublier son identité. Bizarrement, Greta aime les choses concrète qu'elle peut déformer.
Un argile dur, impénétrable et un moule en silicone qui s'adapterai à chaque jour, à chaque battement de cils de Greta.
Elle finit de manger ses ognons frits et sort du restaurant rapide. Mais avant de s'en aller elle écrit :
La sombre impulsion de devoir se nourrir, de se réveiller assoiffé. Et le ventre gargouillant les paroles en l'air de l'accusé. L'air qui évite les gouttes fraîche d'une espèce de futur tellement espéré qu'il s'est transformé en une utopie réveillant et faisant pleurer le ciel juste au-dessus d'un crâne chauffe qui n'est plus que regard. Cervelle perdue dans le sentiment d'exister, de ressentir l'amour ou l'indifférence.
Elle décide de flâner dans les rues commerçantes. Croise par hasard un groupe d'ami avec qui elle reste quelques fois à l'école. Forcément, elle finit son après-midi avec eux. Ils vont chercher un casier de bières. Ils le boivent, conclurent, skatent, rient des anecdotes de Greta et de ses tentatives de dire ce qu'elle pense.
- On dirait que t'as fumé trois joints !
Pourtant l'herbe rend Greta idiote et complètement vide de sens. Ses pensées sont toujours reçues ainsi. Jamais comprises. C'est la nostalgie de Greta : être comprise par une personne. Entendre un "oui, je comprend".
Ils arrivent à entrer dans un bar interdit au moins de dix-sept ans. Eux, savent mentir sur leur âge. Greta et une amie, elles, n'y arrivent pas. Alors elles restent appuyées contre le mur de la bâtisse. L'amie fume une cigarette en faisant une moue d'ado dégoûtée de la société et par ces porcs d'adultes qui l'empêchent de vivre. Greta acquiesce. Se retient de la contredire. Elle tombe de fatigue devant l'ignorance de son amie. Une amie qu'elle pense par intérêt. Pour ne pas inquiéter son entourage, surtout son père qui culpabilise de la séparer de ses amis pendant un mois. Et puis, par son attitude sociable, se sent obligée de conserver le lien avec les adolescents de son école. Et ceux qu'on lui fait rencontrer.
22:26. Le train se stoppe. On entend peu de personne entrer dans le wagon. Trois personnes passent devant Greta qui regarde leurs pantalon. Une femme et deux hommes. Alors qu'ils s'en vont, elle relève la tête pour regarder la vitre en face d'elle. Pour la première fois elle s'est assise sur une banquette verticale au train qui se trouve en face de six sièges disposés de la même façon. Là où, régulièrement, on installe les toilettes. Il fait nuit, elle ne remarque que les lumières artificielles des villes et villages qui défilent. Il lui reste encore cinq arrêts avant de descendre.
Elle entend des bruits de chaussures s'écraser contre le sol du train. Alors qu'elle tourne son visage vers la droite, un garçon se dirige vers un siège en face d'elle. Elle reconnaît le pantalon un peu trop large kaki du garçon. Elle se pince les lèvres quand il lui sourit. Elle sort de son sac son carnet.
Tes dents jaunies plantées dans tes gencives comme autant de pierres tombales à moitié déterrées, écrit-t-elle.
Elle remarque la jambe du garçon bouger d'une façon qu'on pourrait croire comme nerveuse. Mais Amon ne l'est pas. Ses jambes flageolent de temps en temps quand il n'est pas assez redressé sur son siège.
Il a fait demi tour après s'être rappeler de l'attitude qu'avait son ami Quentin quand il trouvait une fille jolie. Il a hésité avant de revenir sur ses pas "c'est pas bizarre de revenir en arrière comme ça, sans raison ?". Puis, il s'est dit que ça devait plutôt lui plaire qu'un garçon s'intéresse à elle.
Devant ses lèvres pincées il s'est retenu de rire. Il est tellement nul avec les filles. Mais la voir sortir un cahier noir et y écrire dedans l'a rendu curieux. Il l'inspire ? Il se redresse alors et lève le menton, essayant de lire ce qu'elle y note. Sa jambe ne tremble plus.
Greta le remarque et se renfonce dans son siège. Ses écrits sont personnels et faire lire ce qu'elle fait à quelqu'un devrait dire lui expliquer et traduire ce qu'elle ne sait pas expliquer après l'avoir couché sur papier. Tout change d'un jour à l'autre. C'est mentir d'expliquer une seule fois ce que veut dire ses pensées.
Ayant l'impossibilité de voir ce qu'elle fait, Amon sortit de son sac-à-dos, lui aussi, un cahier de note. Il l'avait sur lui parce que hier, après les cours, il s'est directement rendu chez Quentin et à dormi là-bas. Sur son cahier il est écrit des formules de mathématiques, des définitions de mots,... Il lève les yeux au-dessus de son livre alors que le train s'arrête encore une fois. Il aperçoit Greta le regarder aussi.
Elle sourit derrière son carnet face au comportement de ce garçon. Elle ajoute alors à sa page lignée à moitié pleine :
"Quand j'étais p'tit j'ai essayé d'être pote avec Dieu en l'invitant chez moi pour le championnat du monde de basket. Il est jamais venu. "
Elle se dit qu'il a été sans doute ce genre d'enfant. Et puis, à ses longues jambes fines tout porte à croire qu'il pourrait être un basketteur ou qu'un jour, il a été contraint à être fanatique de ce sport.
Amon tourne les pages de son cahier pour en trouver une vierge. Il sort de son sac un bic et s'applique à griffonner sur sa page quadrillée. Il essaie de se rappeler des cours de dessin aux quels il s'était inscrit l'année dernière. Il dessine le carnet de la jolie fille. En arrière-plan, son front et ses cheveux noir qu'il imagine sentir l'orange. Satisfait, il décroche de son cahier la feuille, la met en boule et l'envoie de l'autre côté, aux pieds de Greta.
Elle l'attrape et le déplie. Elle découvre son prétendu portrait. Elle regarde d'abord sur l'écran numérique du train et remarque qu'elle descend déjà au prochain arrêt. Elle lève les yeux vers le garçon qui regarde ailleurs.
Il essaie de se persuader de ressentir le regard de cette fille sur lui. C'est plus beau d'imaginer la scène. Mais bizarrement, il entend qu'elle s'affaire à ranger son carnet et refermer la tirette de son sac. Il l'a dévisage alors. Quoi ? Elle s'en va ?
Le train se stoppe à nouveau. Greta se lève et en même temps lance la boulette de papier sur le, peut-être, basketteur. La boulette lui tombe sur la tête et il le prend vite dans ses mains en la regardant s'en aller. Face à son profil, il remarque sur sa mâchoire gauche un grain de beauté, le rendant beaucoup plus curieux devant elle. Il aime ces dires :
"Je l'effleure, elle m'est fleur.
Grains de beauté minuscules, constellation descendant jusqu'à ses seins.
Je deviens l'astronaute de sa peau. "
Avec appréhension il déplie le papier et lit sous son dessin :
Je fais de l'art comme y en a qui égorgent un porc.
Il sourit. Il se met alors à chercher sur le papier sans doute son numéro de téléphone ou peut-être son prénom et nom de famille. Mais rien. Juste son écriture.
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L'entrain
Teen FictionJe ne vois plus que tes épines, je te vois toi. (Ce que écrit Margareta dans son carnet sont des phrases qui ont été écrites par @opprobre)