Amon attend patiemment d'atteindre la gare de Margareta. Quentin l'accompagne avec son cousin flamand qui est chez lui pour le week-end. Amon ne l'avait jamais vu auparavant. Mais il n'a pas cherché à mieux le connaître depuis qu'ils sont montés dans le train. Il veut voir Greta qui lui manque encore plus alors que le train arrive bientôt à sa gare. Aujourd'hui, après les cours, il lui a acheté une bague. Il veut lui offrir, la faire sourire et peut-être l'embrasser. L'embrasser n'importe où, pourvu qu'il puisse la toucher du bout des lèvres.
  Le train ralenti et Amon se colle à la vitre, observant le quai de la gare de Greta. Il voit Julie. Il cherche un peu partout Margareta, maudissant les arbres qui l'empêche de regarder si elle ne descend pas sa rue, peut-être est-elle hors tard.
  - Je reviens, dit-il avant de se lever.
  Il se dirige vers la sortie du wagon et croise Julie qui lui sourit. Amon est persuadé que Margareta prendra le train suivant, il va l'attendre. Il descend alors du train.
  Le prochain est dans deux heures, il ne sait même pas où elle habite. Il s'assied alors sur un muret, les mains dans les poches et patiente encore. Plus les minutes passent, plus il fait de plus en plus sombre comme les pensées de Amon. Il se dit finalement qu'elle ne va sans doute pas à cette fête, se prenant comme la raison de son absence. Elle lui en veut d'avoir été puni, cela les a empêcher de se parler pendant deux semaines. Amon fait comme il a l'habitude de faire et se méprend. Il se crie à lui-même qu'il aurait dû étudier son latin à la place de regarder ces films. Il aurait évité tout ça. Il aurait vu sur ces deux semaines, environ, quatre fois celle qu'il aime. Et ils auraient pu, à la place de se retrouver à cette fête, se voir au cinéma ou glander nul part, quelque chose de plus intime où ils ne crieront pas pour discuter.
  Deux heures sont passées, le train s'arrête devant lui. Il s'injure de ne pas avoir pensé à prévenir Greta de prendre le train avec lui. Amon monte tout de même dans le wagon, le visage crispé par le dégoût qu'il ressent face à ce qu'il pense être sa débilité et par le fait qu'il ne se sent même pas capable de rendre amoureuse une fille de lui.
  Le paysage défile comme les souvenirs avec Greta qu'Amon se remémore. Il veut tellement la voir. Il l'aime plus que la dernière fois qu'il a pensé à ses traits qui l'inspire et l'anime. Il en est ivre.
  Il arrive devant la maison de Pietro qui tremble par la musique. Devant la façade, une autre maison où une dame guette les mouvements de la résidence sa voisine. Amon ne veut pas d'ennui et pense à s'en aller. Puis, il se rappelle qu'à cette heure il n'y a plus de train pour le ramener chez lui. Il entre donc dans la maison. Directement, il tombe sur deux personnes assises au sol dans le hall d'entré, une fille et un garçon. Il reconnaît ce dernier, il le salue. Il continue alors de marcher, passe près d'un baffle qui fait remuer son cœur et il s'en veut de l'entendre alors que Greta n'est même pas là. Ils ne prêtent pas attention aux jeunes qu'il essaie d'éviter de toucher pendant leurs ébats influencés par l'alcool. Il rejoint Quentin qui danse avec une fille, il s'appuie contre le mur et détourne son regard de son ami. Il aperçoit Pietro, un joint à la main. Et soudain, Greta se fraie un passage dans la foule. Amon se redresse directement et se précipite vers elle. Il sourit et lui dit qu'elle lui avait manqué.
  - Tu viens d'arriver ? demande-t'elle.
  - Oui. J'ai voulu t'attendre pour prendre le train mais tu n'es pas venue.
  Elle hoche la tête et désigne du regard Pietro.
  - Je suis rentré chez lui juste après les cours.
  - Tu es contente de me voir ? s'exclame Amon en se retenant de la prendre dans ses bras.
  Elle fronce les sourcils. Amon est sûr qu'elle se pose des questions.
  - Viens.
  Il la suit pour arriver à l'étage où ils s'enferment dans une chambre qui sent le parfum. Ils s'assoient sur le lit double et Greta fixe Amon. D'une telle intensité qu'il se demande s'il a encore été maladroit.
  - Quoi ? demande-t'il.
  - Je crois que je tiens à quelqu'un.
  C'est au tour de Amon de froncer sourcils.
  - Ah bon...qui ?
  Greta secoue la tête.
  - Je ne vais pas te dire qui. Je veux juste demander ton avis.
  - Vas y, répond-t'il à contre-cœur.
  Amon n'a pas forcément envie d'entendre Greta parler de quelqu'un qui a réussit à la faire l'aimer alors que Amon est toujours bloqué à la case départ.
  - D'accord. Sois sincère.
  Amon hoche la tête en fixant ses pieds.
  - Il y a quelque chose dans ce qui l'entoure qui est vu comme...commence-t'elle en cherchant ses mots. "Malsain"? Je sais pas. Mais tout le monde déteste en parler. Beaucoup de personnes ont le même avis à ce sujet pourtant celui que j'apprécie en a un de différent. Il vit dans un monde que tout le monde méprise. J'ai appris ça de Pietro. C'est lui qui me l'a dit. Je ne l'ai même pas appris par celui que j'affectionne. Mais je le comprend. Ça doit être flippant d'avoir cette éducation, surtout pour avoir des amis. Les autres ne sont pas toujours ouverts même s'ils n'ont pas de quoi l'être.
  - Je comprend pas Greta.
  Elle s'allonge sur le lit.
  - Je l'aime bien mais j'ai peur que ce ne soit pas normal.
  - T'es amoureuse ?
  Amon sent une sorte de jalousie monter.
  - Non, rit elle.
  Il est rassuré et s'allonge aussi. Il la regarde sourire quelques secondes avant qu'elle ne reprenne son sérieux.
  - On m'a appris à détester ces personnes, à croire qu'elles n'ont pas de cœur et qu'elles sont complètement dérangées. Mais on ne m'en a jamais présenté. Et depuis que je connais mon ami, j'ai l'impression que je ne peux plus comprendre cela. Ses parents sont amicales aussi. Sauf que j'ai peur qu'ils deviennent des sortes de "cobayes" même s'ils aiment une certaine philosophie qui voulait utiliser une être spécifique à faire des expériences dessus. Mais par là, je veux dire que ce milieu m'intrigue un peu. Tu sais, personne ne veut entendre l'avis de ceux qui idolâtre ce sujet. Mais je ne veux pas utiliser mon ami pour savoir. Cela changerai beaucoup trop notre relation et ça le rendrait aussi totalement inutile quand j'aurais tout appris.
  Amon se tait. Il sait qu'elle parle de lui.
  - C'est mon père qui appartient à ce monde. Pas moi.
  - Pourtant il t'éduque comme il aurait voulu l'être.
  Il n'ajoute rien. Amon sait qu'il n'a pas les mêmes idées que son père. Il vit avec ces dernières mais il a toujours voulu se faire sa propre idée sur les choses.
  - Je suis juive, Amon.
  - T'es pas juive.
  - Qu'est-ce que t'aurais fait ?
  Amon se redresse, vexé.
  - Arrête, dit-il sèchement.
  - Qu'est-ce que t'aurais dit ? Tu l'aurais dit à ton père ? C'est vrai qu'il séquestres des personnes dans la maison qu'il fait louer ?
  Amon serre les poings.
  - Pour qui tu prends mon père ? Pour un psychopathe ?
  Greta hausse les épaules.
  - T'es trop bête pour comprendre. Vous l'êtes tous. Mon père est un homme respectable, il n'a pas une attitude primitive comme tout le monde le pense. Il veut me rendre aussi intelligents qu'on été ceux qu'il admire et pas pour me rendre taré. C'est en vous écoutant qu'on le devient.
  Amon se lève et sort de la chambre. Margareta n'a même pas chercher à comprendre, elle a cru ce qu'on lui a dit, c'est tout. Amon a l'impression qu'il s'est trompé sur elle, qu'elle n'est pas si différente.

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