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  Mercredi. La plupart des étudiants passent leur après-midi au cinéma, dans un fast-food, nul part et Greta se trouve soit des amis soit un divertissement seule. Elle décide de simplement de ne pas déjeuner et acheter de nouveaux posters pour sa chambre. Après n'avoir rien trouvé d'attrayant, elle dépense alors son argent dans des vêtements puis dans des chaussures...un nouveau carnet, un stylo plume,... Elle découvre que sa journée est d'un ennui terrible. Elle décide alors de se rendre à la gare en hésitant avant tout d'aller au cinéma. Là-bas, elle écrit :
Plancher grinçant, parlant comme un commère muet. Son regard vif qui n'attendait que la vie sur sa tête. Lui, patientant d'une éventuelle véritable existence sur sa peau de brun vêtue pour le couvrir, lui entrelacer les pieds. J'ai l'impression d'être un plafond, il disait. Soupir de rêvasseur.
De quoi patientons nous ? Certains espèrent les sentiments. Oh... Que les expressions de mes viscères me manquent. Le tremblement de mes membres si peu communs me rassure enfin que je ne suis pas invisible devant mon reflet. Mes lèvres murmurantes et triturantes embrassent et se taisent jusqu'au bout de souffle. Mourantes.
Soupir de rêvasseurs.
Qu'attends-tu ?
  - Salut.
  Le son était bien trop proche d'elle pour qu'on s'adresse à quelqu'un d'autre. Elle lève le nez vers encore ce garçon.
  - Salut.
  Même si elle meurt d'envie de lui demande pourquoi est-il là.
  - Tu t'en vas déjà ?
  Elle hoche la tête en fermant son carnet.
  - Qu'est-ce que tu écris dedans ? demande-t-il.
  - J'étudie.
  - Vraiment ?
  - Oui.
  Elle regarde l'heure sur sa montre. 14:13. Son train arrive dans un quart d'heure. Elle serre les mâchoires. La jambe du garçon tremble encore après qu'il se soit assis à côté d'elle. Elle sent qu'il se retient de parler.
  - Qu'est-ce que tu fais ici ? demande-t-elle.
  Il répond trop vite pour qu'il n'ait pas préparer sa réponse à l'avance :
  - J'ai acheté un DVD.
  Il le sort de son sac-à-dos et le tend à Greta qui ne le prend pas dans ses mains. Elle reconnaît un des acteurs sur l'affiche :
  - Il n'a pas joué dans "Le Pianiste" ?
  - Si. Il est génial, répond-t-il.
  Il range son achat et remet ses mains dans ses poches. Sa jambe se remet à trembler.
  14:25.
  - Et je me disais en te croisant ici, commence-t-il.
  Greta eu une phrase à écrire. Elle se la répète incessamment pour ne pas la perdre.
  - Tu peux venir chez moi, on le regardera ensemble.
  Elle l'a perdue. Elle se retient de souffler d'exaspération.
  - Enfin... Je l'ai déjà vu mais toi, non, continue-t'il.
  Il m'a regarde de profil. Elle ne lui répond pas. Subitement, il se souvient qu'elle ne connaît pas son prénom.
  - Je m'appelle Amon, dit-il.
  Ça réveille Greta qui fronce les sourcils. Amon ?
  - Amon ? répète-t'elle.
  Elle pense : Amon Göth ?
  - Oui. Et toi ?
  - Tu savais qu'un Allemand nazi durant la second guerre mondiale s'appelait Amon Göth ?
  Il est surpris de cette réflexion. Il marmonne :
  - Je suis au courant, oui.
  D'habitude c'est son père qui le lui rappelle. Très peu de personnes se souviennent des noms des tueurs de juifs. Sauf un. Sacrilège de prononcer son nom ! dit son père en imitant une voix de bon citoyen, toute douce. Et puis il rit en donnant une claque à l'épaule de son fils avant de lui ébouriffer ses cheveux.
  - Alors ? dit Amon.
  - Tu ne préfères pas plutôt aller au cinéma ?
  Il se retient de commenter qu'il a déjà vu tous les films à l'affiche. Mais il hausse les épaules et ils se lèvent alors que le train arrive à la gare.

L'entrainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant