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  Ils ne se voient pas pendant pratiquement un mois. Greta a perdu l'inspiration et ne veut plus sortir de chez elle sans. Elle a passé son mois cloîtrée dans sa chambre, quand elle avait  le talent pour faire la malade, elle y restait même pendant les semaines de cours. Alors Amon c'est dit que c'était fini, qu'il faudrait voir ailleurs. Il était pourtant si sûr de pouvoir garder près de lui cette fille qu'on ne rencontre pas deux fois. Il s'est mis à regarder des films de romance qu'il trouve toujours aussi médiocre. Une nullité qui se confond avec celle de comment on lui a obligé de ne plus la voir. Aussi médiocre que ce début de sentiments qui l'ennuient maintenant. Que faire de tout cela sans la personne qui est là représentation de cette émotion ? Après une semaine sans la voir, il s'est décidé à venir tout les après-midi en ville. Avec Quentin, quelqu'un d'autre, seul. Parfois pour seulement une heure, deux,...dans l'espoir de la revoir. Il n'imagine pas comment ses yeux vont se croiser mais il appréhende d'apercevoir un autre visage. Et ça l'angoisse. Et il s'obligeait désormais à détester ce que c'était l'amour par des romances. Et pourtant, il essayait, chaque soir, d'humer l'odeur du livre de Maupassant sans pourtant reconnaître l'odeur alléchante et chaleureuse qu'avait Margareta.
  Mais un mercredi où Quentin l'accompagne, il entre dans un Fast-food. Il commande de la nourriture grasse et s'assied sur une table. Amon regarde encore autour de lui, voulant l'apercevoir. Il se surpris à apercevoir le même manteau. Elle est seule, la tête dans sa bras ce qui l'empêche de reconnaître son visage, avant que deux filles ne joignent à elle. Greta ne relève pas la tête pour autant. Le manque de Amon le fait serrer les dents. Elle s'accroît devant la proximité qu'il entretient pourtant maintenant avec Greta mais, il ne peut toujours pas revoir ses yeux bruns qui contient la souffrance du monde et encore moins son nez remonté. Juste sa tignasse qui lui rappelle les sangles d'une éternelle souffrance où il serait accroché et ligoté à une chaise, devant un mirage beau, où une plaine vaste s'ouvre à lui alors que ses pieds touchent un sol froid et si glauque qu'il a peur de regarder en-dessous de lui.
  Mais dans un sens, il serrait les dents une rage envers elle. Pourquoi le laisser ainsi aussi longtemps ? Pourquoi se taire ?
  - Qu'est-ce que tu regardes ? demande Quentin en croquant dans une frite.
  Une des amies de Greta remarque Amon. Elle donne un coup de coude à son autre amie en le pointant du menton. Marie ne reconnaît pas Amon à première vue. Puis, petit à petit elle se souvient de cette soirée. Elle l'a trouvé mignon.
  - Greta, l'interpelle-t'elle.
  Margareta marmonne un "oui".
  - Amon nous regarde.
  Greta fronce les sourcils, toujours la face cachée. Pourquoi doit-il forcément être là lorsqu'elle sort enfin de son train de vie se résumant à l'école puis la maison mais aussi la maison puis l'école.
  Elle tourne alors son visage vers la gauche, posant sa joue sur son bras. Elle ne voit pas Amon. Elle se remet dans la même position mais vers la gauche. Elle le voit. Elle l'interroge en même temps que lui du regard. Ils se regardent sans savoir quoi fait ni quoi dire à ses amis ou par langage des lèvres à l'autre. Mais Amon détourne trop vite son regard de Greta. Elle sourit sentant s'émoustiller à nouveau son esprit. Elle veut crier que ça y est elle est de retour ! Mais au lieu de ça, elle sort du restaurant à l'odeur de graisse et court presque vers une papeterie où elle achète en une minute un nouveau carnet couleur rouge carmin. À peine le vendeur attrape son argent, elle prend le cahier et sort de sa poche son stylo.
  "La brise envolait ta chaire prise dans un rosier carmin baignant dans le sang de tes pleurs se confondant aux animaux blessés, et ton chant strident, sifflant toute la réalité du monde me revenait essoufflé d'avoir combattu le monde cancéreux. Toi, l'enfant né dans ce putain d'occident. Et déambulant entre chaque corps pendus à leur échalas, borgnes d'avoir vu de trop près leurs utopies, tu repassais émincée et gourmade de passion. Le goût de tes yeux d'amandes me semblait venu d'un demi-dieu...qu'était-il arrivé à ton iris qui semblait retenir tout le malheur du monde ? L'étincelle de la souffrance ? "
  Alors qu'elle attrape la monnaie de trop, elle revient sur ses pas jusqu'à ce que dévier le chemin vers la gare. Ses joues lui font mal depuis qu'elle n'avait pas arrêter de sourire devant ce qu'elle pouvait encore écrire. Et ça la rend heureuse de retrouver sa liaison des mots et son amant le papier blanc. Elle aime la façon que ces deux âmes de sa vie lui permettent de s'en aller d'un monde qui l'oblige à se sentir mal-aimée et peu importante. Devant ses écrits, Greta s'anime et se dit que personne ne peut aussi bien comprendre qu'elle ce qui se couche sur les feuilles. Leurs lignes forment des mots dans son inspiration formant l'inspiration. Elle est comme soulager d'enfin être après ce mois fade où rien ne pouvait lui enlever l'attitude morose qui lui collait à la peau. Elle écrit encore :
  Cette peau, couverte d'une file de transpiration qui m'était impossible d'enlever même avec la substance la plus acide que ce monde de suicidaire pouvait me donner. Mais son vert avait créée une brise dans mes cheveux qui s'évanouissaient peu à peu comme mes paupières qui voulaient recouvrir ma façon de voir les choses. Et maintenant, j'ai l'impression qu'un dégénéré me suit. Qu'un fou est à mes trousses, prêt à me sauter dessus n'importe quand. Et c'est la panique. Aurais-je le temps de terminer tous ces poèmes qui se bousculent dans ma tête ?

L'entrainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant