Le dilemme

Chapitre 30 - Tourmente

"Rester en colère, c'est comme saisir un charbon ardent avec l'intention de le jeter sur quelqu'un; c'est vous qui vous brûlez" - Bouddha

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Une main posée sur mon épaule exerce une légère pression, me forçant à quitter le pays des rêves. Je me redresse doucement, encore à moitié endormie et en essayant de comprendre ce que je fais dans ce lieu. Après quelques secondes je me rappelle que je suis au commissariat ainsi que tous les événements de la nuit dernière.

L'horloge murale affiche cinq heures de l'après-midi et je reprends tout à fait mes esprits. Mon frère doit être mort d'inquiétude, ainsi que mes amies, je n'ai donné signe de vie à personne depuis que je metrouve ici.

La personne à mes côtés bouge légèrement et je me rends compte qu'ils'agit de Roy. Son teint est pâle et fait ressortir d'énormes cernes. Il a les cheveux décoiffés et ses habits sont froissés, souvenirs de sa nuit en cellule. Le bas de sa lèvre et son arcade droite sont ouverts et un bleu se dessine autour de son oeil gauche. Même avec tout cela il arrive toujours à dégager un je-ne-sais-quoi de magnifique

J'ai tellement eu peur cette nuit que sans réfléchir, par instinct, je quitte mon siège et saute dans ses bras, entourant son cou des miens. Il paraît surpris mais je le serre fort en étouffant quelques sanglots que je ne peux retenir. Quelques instants après il pause une main dans mon dos et une autre dans mes cheveux, en me serrant également contre lui.

-Tu vas bien ? -chuchote-t-il tout contre mes cheveux.

Je m'éloigne alors de lui pour le fixer.

-C'est à moi de te demander ça Roy ! Regarde toi !

J'approche une main timide de son visage et de ses blessures mais il se dégage et me tourne le dos, les mains dans les poches.

-C'était rien cette nuit, j'ai déjà vécu pire.

-Ce n'est absolument pas rassurant Roy ! -m'écrié-je.

Je n'avais pas pour but de m'énerver contre lui mais la fatigue se fait ressentir ainsi que le stress accumulé tout au long de ses heures d'attente.

-Tu n'aurais pas du te battre, regarde où ça mène - chuchoté-je.

Je ne pensais pas avoir parlé assez fort pour qu'il m'entende mais il se retourne vers moi et me fusille du regard. La façon dont il me regarde me tue sur place, comme s'il m'envoyait des balles en plein coeur et je me liquéfie, en baissant les yeux et la tête.

-C'est à cause de mecs comme ça que des filles comme toi meurent. Des filles naïves, innocentes et qui n'ont rien fait pour mériter cette infamie. C'est à cause de ça qu'elle est morte.

Son visage se tord d'une douleur sourde et ses yeux se mettent à briller. Je me rapproche de lui pour le reprendre dans mes bras. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive, je ne suis absolument pas quelqu'un de tactile, étant plutôt du genre pudique, mais le voir souffrir me fait également souffrir.

-Ne me touche pas.

Il quitte la salle d'attente et disparaît dans le couloir ducommissariat. Je reste bouche-bée et ait du mal à reprendre mes esprits. En voulant à mon tour quitter la salle, je tombe nez à nez avec le shérif qui, les bras croisés, me fixe avec pitié.

-Ma fille, les garçons comme ça ne sont pas bons pour les filles comme toi. Tu devrais t'éloigner de lui avant que le pire n'arrive.

-C'est juste un ami !