Chapitre 16 - Shame on me

8.4K 470 109
                                    

"Il n'y a rien de plus précieux en ce monde que le sentiment d'exister pour quelqu'un"

<><><><><><><><><><><><><><>

La maison de sa grand-mère est petite mais très accueillante. Carter m'emmène directement dans sa salle de bain, à l'étage, et me fait m'asseoir sur le rebord de la baignoire. Il nettoie ma lèvre qui saigne avant d'appliquer une crème, doucement pour ne pas me faire mal. Ensuite, il observe ma paumette et mon œil avant de mettre de l'arnica dessus pour éviter l'hématome. Je reste silencieuse pendant qu'il me soigne et le laisse faire. Je n'ai pas l'habitude de me battre et encore moins celle de rentrer avec un œil au beurre noir donc il va falloir que j'use de fond de teint en présence de ma famille.

Une fois fini, Carter quitte rapidement la salle de bain me laissant seule. Je ne sais pas ce qu'il pense, s'il est énervé contre moi. Je ne sais pas et le silence dans lequel il me laisse est oppressant.

Je me lève et passe dans sa chambre, attenante à la salle de bain, pour ne plus rester inactive. Il est assis sur son lit, les coudes sur les genoux et il se tient l'arrête du nez les yeux fermés.

- Carter ?

Au son de ma voix, il ouvre les yeux et me scrute en silence. Je n'aime pas quand on me fixe, c'est désagréable et ça me met mal à l'aise. Je m'assoie près de lui et appuie ma tête contre son épaule. Ma paumette me fait souffrir et j'ai un mal de crâne lancinant. Après quelques secondes il passe un bras autour des mes épaules et m'attire contre lui.

- Tu es énervé ?

Je sens les muscles de son bras se tendre et me serrer d'avantage.

- Oui je suis énervé.

- Pourquoi ?

Deux secondes après je me retrouve seule sur le lit tandis qu'il fait les cent pas dans sa chambre.

- Parce que vous vous êtes battues toutes les deux et que je n'aime pas la violence et ..

- Toi tu n'aimes pas la violence ?

Au regard qu'il me lance je comprends que j'aurais mieux fait de me taire. Je ne peux pas m'empêcher d'être sarcastique dans certaines situations. Je baisse la tête avant de chuchoter une excuse.

- Je n'aime pas la violence en ce qui concerne les autres non. Si je me bats ça ne concerne que moi, alors que si tu te bas ça me concerne aussi.

- Ça ne devrait pas être ton problème.

- Tu es blessée et c'est mon problème maintenant.

- Pourquoi tu fais ça pour moi ? Mis à part obéir à mon frère je veux dire.

Je sais que mon frère lui a demandé de s'occuper de moi mais je suis grande et je sais me gérer seule, même si cela signifie me battre avec Jessica jusqu'à ne plus avoir d'ongles ou de cheveux.

- Je te rappelle que nous sommes en couple, du moins pour les autres. Cela veut dire que je tiens quand même à toi un minimum.

« Un minimum ». Ces deux mots viennent de me glacer le sang. Il est mon ami et rien de plus. Il tient à moi un minimum. C'est clair, net et précis, et pourtant je sens mon coeur se serrer. J'ai toujours la tête baissée mais je sens qu'il me fixe.

- Tu devrais te reposer maintenant. Je sais ce que c'est de recevoir des coups au visage et tu vas souffrir le martyr si tu restes éveillée. Je vais t'apporter un analgésique, change toi pendant ce temps là.

Le dilemmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant