Chapitre 14 - Le poids des quiproquos

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"Le plaisir des disputes, c'est de faire la paix" - Alfred de Musset

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Nous marchons en direction de ma maison, dans les rues désertes. Roy n'est pas très bavard, pas du tout même. Je ne veux pas passer pour un moulin à parole donc je reste muette et nous continuons notre route côte à côte. Même si je ne le connais pas plus que ça, sa présence à mes côtés est rassurante et le film d'horreur n'est plus qu'un lointain souvenir, même si je me doute que quand je serais à nouveau seule dans mon lit il va refaire surface.

Après plusieurs minutes de marche dans le silence environnant, moi fixant le sol et lui les mains dans les poches, nous arrivons devant chez moi. Aucune lumière n'est visible, ma famille doit dormir donc il va m'être possible de me glisser dans ma chambre et dans mon lit sans me faire choper.

Je m'arrête un peu avant le porche et me retourne vers mon compagnon nocturne qui reste planté devant moi. Il n'a aucune expression faciale et se contente de m'observer.

Je bouge d'un pied sur l'autre légèrement gênée, je sais ce qu'il va se passer : il va repartir après m'avoir envoyé bouler comme la dernière fois et disparaître dans la nuit, toujours aussi inconnu pour moi. Mais je ne devrais pas m'en soucier, c'est juste quelqu'un qui m'a aidée au moment opportun c'est tout.

J'ouvre la bouche pour lui parler mais il me devance d'une voix toujours aussi rauque :

- Je voulais te dire pour la dernière fois au parc -

La porte derrière moi s'ouvre dans un fracas, l'empêchant de poursuivre ce qui s'apparentait sûrement à des excuses. J'ai peur de me retourner : les enfants dorment et ma mère est encore de service donc seule une personne peut se trouver derrière moi.

La voix emplie de colère qui raisonne dans le silence me confirme ce que je craignait :

- Haylen ? -m'appelle mon frère.

Je me retourne doucement pour le voir sortir de la maison tout en allumant la lumière extérieure qui nous éclaire tous les deux, Roy et moi; moi rouge et échevelée par ma marche folle à côté de Roy qui marchait très rapidement.

Bryan nous contemple tour à tour avant de fixer son regard sur moi et de me vriller avec. Je vais passer un mauvais quart d'heure. Il sort de sa poche un petit objet que je reconnais comme étant mon téléphone.

- Où étais tu ?

Je sens dans sa voix qu'il essaie de se contenir devant la présence de Roy mais qu'une fois seuls, je vais en prendre pour mon grade.

- Au cinéma -je réponds d'une petite voix.

Je n'ose plus le regarder. Quand mon grand frère est énervé ce n'est jamais bon signe, encore moins quand il est énervé contre moi.

- Tu te fous de moi ? Tu vas au cinéma en semaine à une heure pareille sans prendre ton téléphone et tu crois que je vais te croire sur paroles ?! Tu ne devais pas être chez Mira ?

Il va se mettre à crier. Même la présence du garçon qui m'a raccompagnée derrière moi ne me rassure plus.

- Et c'est qui lui hein ? Tu sors avec des garçons la nuit maintenant ?

Je relève directement la tête pour le contredire quand, sans m'y attendre, un souffle près de mes cheveux me fait me retourner. Roy est derrière moi, me fixant avec un sourire qui serait craquant s'il n'était emprunt de malice. Il m'attire à lui et m'embrasse doucement sur le front. Je sens tous mon corps se crisper et j'ai des sueurs froides : c'est sûr mon frère va me tuer.

Le dilemmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant