En média : Sleeping At Last - Saturn (Instrumental)
JÉRÔME
Cela fait deux jours que Ludovic subit tests sur tests, radios, IRM, pour tenter de trouver une solution à ce qu'il qualifie « d'hallucinations ». Il nous a tout raconté, du début à la fin, comment il a vu le « spectre » de son donneur, et comment il s'en est pris à lui. L'inconscient est la partie la plus mystérieuse de notre esprit, et Ludovic y a fait face cette nuit-là.
Le verdict est tombé. Selon eux, il souffrirait d'un syndrome de l'hallucinose. Il sait qu'il fait face à des visions irréelles, il en est conscient.
Le téléphone à la main, en ligne avec le chef d'équipe français du protocole, je suis à deux doigts d'éclater mon portable au sol.
— Tous les tests ont été faits ! Encéphalites, épilepsies ou encore tumeurs, Ludovic n'a rien de ça. Aucunes substances hallucinogènes, que ce soit drogue ou alcool, aucune insuffisance rénale, aucune... rien ! Ludovic n'a rien ! Je vous le dis, je vous l'assure, il était en train de faire un cauchemar. Les faits sont là ! De là à tirer comme conclusion que Ludovic a un trouble psychique, je ne suis pas d'accord.
— Les seuls faits sont que le patient est malade et vous n'êtes pas psychiatre.
— Qui est celui qui l'a diagnostiqué ? Est-ce qu'il a passé plus de 6 mois avec « le patient » ? Est-ce qu'il a été présent sept jours sur sept et 24h/24 pendant la moitié d'une année ? Je ne pense pas.
— Jérôme ... ce qui lui arrive dépasse votre domaine. Laissez le flambeau.
— Vous compromettez mon travail et tout ce que j'ai dû sacrifier pour avoir ma place ici ! Vous me dites que Ludovic est en train de devenir une sorte de ... de schizophrène, et que c'est de ma faute ! m'exclamé-je violemment.
Mon poing est prêt à cogner dans n'importe quoi. Je me mords les lèvres.
— Je n'ai jamais dit ça, dit-il sur un ton grave et absolument détestable.
— Ludovic reste à Laolu, c'est tout, conclue-je.
— Jérôme, vous allez vous asseoir et vous calmer, s'il vous plaît.
— Non !
Je soupire et passe ma main sur mon visage, sous mes yeux vitreux puis reste attentif aux paroles de l'homme qui me paye. Je me résigne et donne un coup de pied dans mon bureau puis tombe, assis sur ma chaise.
— Jérôme, il faut que vous voyiez quelque chose ... peut-être que nous trouverons un compromis après coup.
Sa voix change et laisse entrevoir une immense déception à l'intérieur. Pas le genre de déception condescendante, mais le genre de déception qui veut dire que beaucoup d'efforts ont été finalement vains. Une déception personnelle, interne. Je déglutis.
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NOS CORPS AMBULANTS [TERMINÉ]
Teen FictionJe m'appelle Ludovic et je suis un Invalide. J'étais un adolescent extraordinairement ordinaire à l'époque. J'avais des amis, une famille et beaucoup d'amour ... je n'en restais pas moins naïf et imprudent. Et cette naïveté et cette imprudence m'ont...