Chapitre 2 - Le Sable Rose

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En média : Meeting Laura - Perfume

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LUDOVIC

Ma tête frappe au sol avec toute la force de mon élan. Un choc inouï se produit dans mon cou, et un immense « crac » résonne dans l'abîme. J'ai l'impression d'être démantibulé par la vitesse. Mon corps roule dans les vagues comme un pantin brisé. Je sens que quelque chose s'est rompu en moi, de mon cou jusqu'à mon bassin. Une immense douleur me traverse l'échine, m'arrache un cri étouffé par l'onde, puis le vide délétère s'imprègne de mes sens.

Je ne sens plus mes bras. Je ne sens plus mes jambes. Un immense rien pénètre mes veines et les brûle, et les déchire. Je constate rapidement l'horreur de toute cette situation : je ne peux plus bouger.

Impossible de battre des jambes et des bras, impossible de remonter à la surface, impossible de hurler, de crier, malgré l'énergie qui s'engouffre dans ma voix. Sous l'eau, personne ne vous entend jamais hurler. Je suis en train de me noyer, je vais mourir, je vais mourir aujourd'hui et maintenant ! Je ne veux pas mourir, par pitié, je ne veux pas mourir ! Je tente de me dégager mais je me fatigue plus qu'autre chose. Plus grand est l'effort, plus grande est la tasse.

Dans un premier temps je ne réalise pas ce qui m'arrive. Je ne prends pas immédiatement conscience de la réelle raison de pourquoi je suis paralysé. Je pense d'abord à la peur, bien trop grande pour dégager d'autres hypothèses, et je ne cherche pas à comprendre sur le moment, juste à survivre.

Je pris, mais putain je prie ! Je me dis que je ne peux pas mourir, pas ici et pas maintenant. Je me dis qu'un tas d'autres gens méritent de mourir à ma place. Je me dis que je suis trop con pour crever de cette façon. Je supplie qu'un miracle arrive ... mais vu les circonstances, vu les règles, vu que le monde s'écroule sur moi, je finis par comprendre que ma ténacité est vaincue, et que ma mort ne peut être l'enchaînement du hasard. Le miracle que j'attendais n'arrivera jamais. L'eau ne se retire plus des rochers, elle ne retourne pas au large de la mer, elle reste, comme observatrice, comme témoin de ma fin. Bientôt j'irai rejoindre les bouteilles en plastiques dansantes sur les vagues.

Je sais que je perds conscience, je le sens. Un deuxième instant de vide pénètre dans mon esprit. Ces visions me parviennent lentement, guidées par les flots. Je vois et j'entends ma mère qui rit, qui m'appelle, qui me regarde, qui vit. C'est comme si elle était là, dans l'eau avec moi. Elle ne se doute pas que je lui reviendrai dans un cercueil ... si par chance quelqu'un arrive à me retrouver.

L'élan de mon plongeon se dissipe, il me reste encore assez d'air pour remonter à la surface. Je m'efforce de retenir le plus possible ma respiration, et chaque hallucination, chaque vision et son m'aident à tenir bon. Mais la perspective que quelqu'un me sauve quitte lentement mon esprit, à mesure que la vie quitte mon corps. L'illusion de ma mère se dissipe, elle aussi perturbée, troublée par ma vision qui se voile.

NOS CORPS AMBULANTS [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant