Chapitre 9 - La Haine de ma Mère

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En média : Sleeping at Last - Uranus

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LUCILE

— Un hamburger aux graines ? Mais c'est le scandale du siècle, dis-je d'un rire nerveux.

— Oui madame, l'établissement est en train de se reconvertir dans une cuisine végétarienne ... me répond la serveuse rondelette et timide.

— Un restaurant américain végétarien ! Ça ne vous semble pas un peu stupide comme phrase ?

— Désolée madame, mais c'est tendance, et ça marche ... je peux appeler mon gérant si vous voulez ...

— Non ! crié-je, sauf si votre gérant à des steaks frais dans ses poches !

— Mais nous avons des steaks, madame ! s'exclame la serveuse, m'affichant alors un grand sourire, carnet en main, prête à noter avec plaisir.

— Mais pourquoi vous ne l'avez pas dit plus tôt ! Bon ... soupiré-je, je prendrais un steak alors !

— Vous préférez steak de soja ou steak de thon ?

Là, mon visage de mère affamée se vide de son âme, se tuméfie presque, ma peau rougit et j'ai l'impression que je vais vomir les enfers sur cette pauvre serveuse. Je me calme, je tente lentement de reprendre le contrôle.

— Je vais prendre une salade ... dis-je, abattue par l'ironie du sort.

— Quelle salade, madame ?

— Je n'en sais rien ... celle que vous voulez, la moins chère ...

— Très bien, je vous apporte ça ! dit la serveuse qui place ce pauvre carnet de commande dans la poche de ses fesses. Madame, vous ne deviez pas être trois ... ?

— Si, si, je suis avec mon fils et sa copine, enfin son amie ... ça reste entre nous mais j'espère quand même que c'est ça petite-copine, ça lui ferait le plus grand bien ! Ils sont sortis dehors le temps que les commandes arrivent ...

La serveuse porte son regard vers l'extérieur et affiche une mine qui dit qu'elle n'a pas assez bien cherché pour les trouver. Je me lève de mon siège, plisse les yeux et aperçoit mon fils, collé à Lili, à quelques mètres de la porte d'entrée. Je souris en voyant mes espérances se réaliser ...

— Oh ... c'est génial !

La serveuse me lance « le sourire des cadeaux de Noël nuls ». Un sourire qui tire vers le bas, ce sourire qui veut dire « Ah ! C'est superbe ! En fait je ne sais pas de quoi vous parlez mais je feins l'acquiescement pour ne pas paraître impolie ». En même temps, je comprends qu'elle s'en fiche, elle n'est que serveuse et moi qu'une cliente.

— Et donc ... ça sera quoi pour eux ... ?

— Deux cordons-bleus avec n'importe quoi à l'intérieur, thon, soja.

NOS CORPS AMBULANTS [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant