Chapitre 32 - Le Cauchemar

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En média : Shrek 2 - All Is Revealed (à commencer à 1:23 minutes) (elle passe trop trop bien)

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LUCILE

Dire que je sens qu'un éclair me parcourt le corps est bien trop faible comparé à la situation réelle. Un orage éclate dans chacun de mes membres. Je suis entièrement tétanisée, paralysée de la tête aux pieds, incapable de dire un seul mot, de bouger une seule main, tandis que sa voix résonne dans ma tête, et répand dans tout mon corps une adrénaline sans fin, des décharges douloureusement addictives.

— C'est moi, c'est Ludovic ... reprend-t-il.

Un nouveau coup de fouet, coup de feu dans mes entrailles vient briser mon état, ma conscience implose en mille morceaux, et ce ne sont que des larmes silencieuses qui viennent parler à ma place.

— Maman ...

Une vague de chaleur m'enflamme le corps tout entier en entendant ce mot. J'ai l'impression que mes vêtements s'envolent en lambeaux de feu. L'environnement qui se dégage de toute cette fumée est tout sauf morose. Il est beau et brillant. Tout devient beau et brillant. Au fond de moi, au fond de mon ventre, je sens une force grandir sous l'impulsion de mon sang déchaîné. Comme un cri qui s'engouffre dans un labyrinthe, labyrinthe qui vient de prendre feu, et où la sortie vient juste d'apparaître devant moi. Mon corps tremble et convulse. Mes mouvements sont saccadés par le stress et la joie. Ma main peine à tenir ce téléphone jaune. Mon esprit tente de s'échapper de moi par tous les moyens, mais ce n'est pas le moment de perdre conscience. Mes poils se dressent un à un et un frisson délicieux vient déposer son souffle chaud sur ma nuque. Je me sens soudainement libre et parfaite.

— Répond-moi ... répond-moi, maman, je t'en supplie. Je suis désolé ...

Une ultime secousse vient m'arracher un hurlement qui me déchire en parcelles. Je hurle sans pouvoir m'arrêter ! Je hurle tellement fort que Josselin tout entier m'entend, et je pleure. Je porte ma main à ma bouche comme pour stopper ce hurlement qui ne vient pas de moi, mais de mes entrailles, de ma douleur. Ce cri-là, c'est celui que je nourrissais depuis tous ces mois. Ce cri de peur, de colère et de malheur. Ce cri que je retenais depuis le début, cette plainte qui ne pouvait s'effacer car je ne pouvais pas blâmer de responsable. Je ne pouvais que blâmer le monde, et je hurle à m'en tuer maintenant.

Je me courbe en avant, et je hurle. Je reprends ma respiration et je hurle à nouveau. Je crie, puis je hurle. Je jure puis je hurle. Je soupire puis je hurle. Je ferme les yeux puis je hurle. Chaque cri est de plus en plus douloureux et libérateur. Mes jambes peinent à supporter mon état qui se dégrade à mesure que je revis. Comme une boule de rouille coincée dans ma voix, je hurle pour l'en faire sortir, car toute la peine que je tenais secrète a été ouverte par ma voix, et doit sortir par ma voix. Mon fils est en vie ! Ma vision est troublée par les larmes qui ne s'arrêtent pas, et je ne veux pas qu'elles s'arrêtent. Je hurle et je ris. Je reprends le téléphone de mes mains tremblantes et j'essaie de me calmer, d'aligner quelques mots censés, et de ne plus me laisser submerger par l'émotion. Mais c'est impossible ... comment puis-je me calmer alors que je sais mon fils vivant ? Il est là, tout proche de moi ...

NOS CORPS AMBULANTS [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant