Chapitre 18 - Le -Grand- Départ

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LUCILE

Cette dernière semaine aura été ... trop rapide, trop douloureuse. Au premier levé de soleil, je savais que mes jours étaient comptés. Le temps a toujours été le pire ennemi de l'Homme. Il s'écoule entre vos doigts et ne fait aucune distinction. Alors que les jours passaient, je me sentais de plus en plus impuissante, je ne pouvais rien faire. Parler devenait un supplice tant les mots m'écorchaient la gorge, et bouger n'avait même plus d'intérêt. Bouger pour aller où, et pour faire quoi ? Je restais allongée, et cela pendant les quatre premiers jours. Les trois derniers furent différents, je les ai passés assise, à regarder mon fils en me demandant si, après tout ça, j'allais le revoir un jour.

J'aurais dû surveiller son adresse mail. J'aurais dû effacer minutieusement chacun de ces messages pour l'empêcher de faire quoi que ce soit. J'aurais dû contrôler chaque mouvement, chaque déplacement, chaque parole et chaque humeur ... j'aurais dû ... j'aurais ...

Non, Lucile ... Non, tu n'aurais jamais fait ça, idiote ... je n'aurais jamais fait ça à mon fils. Je n'aurais jamais accepté d'être pour lui un deuxième handicap.

Et pendant que je réfléchissais à ça, je voyais le temps s'écouler entre mes doigts, alors que je restais là, assise, à regarder mon fils, me demandant toujours si j'allais pouvoir le revoir, après tout ça ...

Si l'on m'accorde ... si le Ciel est assez clément pour que je puisse revoir mon fils, vivant et en chair et en os ... je ne demanderais qu'une heure au plus, ou une minute me suffirait, même une seconde, le temps d'un baiser, même un battement de cil, juste un regard ... juste le revoir, devant moi, debout ... et heureux ... c'est tout ce que je demande ...

S'il doit passer par là pour être heureux, s'il doit prendre tous ces risques pour être heureux, dans la vie comme dans la mort ... alors, en tant que mère, je ne peux rien faire d'autre pour lui que de le comprendre, quitte à souffrir, quitte à pleurer toutes les larmes de mon corps jusqu'à ce que l'enfer consume jusqu'au dernier de mes os, quitte à hurler, quitte à prier, quitte à mourir, quitte à regretter les actes manqués et les beaux jours à venir ... je comprendrais, et je voudrais qu'il reste heureux, qu'importe qu'il soit là, avec moi, ou Ailleurs ...

Je m'étais approché de lui, au dernier jour qu'il me restait, avant que ce Sable ne l'emporte, je lui avais dit quelques mots. Je lui avais dis que je le comprenais, que je l'aimais, et que je lui faisais la promesse de ne pas pleurer lorsqu'il prendrait son envol. Il m'avait sourit et dit : « Embrasse-moi comme si c'était la dernière fois, maman ... ». Alors j'ai pris sa petite tête dans mes paumes vides de temps, et j'ai déposé un baiser sur son front, comme à ses premiers jours, exactement de la même manière. Dès lors, lorsque mes lèvres quittèrent leur but, j'ai su que je venais de créer quelque chose de nouveau, un nouveau chemin. Quelque chose avait changé ... une chaleur, une senteur ... un sentiment distinct. C'était le monde qui me tendait les bras et qui me disait de garder espoir. C'était eux qui me souriaient. C'était le monde, et Ludovic.

NOS CORPS AMBULANTS [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant