Trainees

826 58 0
                                    

Jimin P.O.V :

Être trainee n'était pas difficile, c'était un enfer : j'avais l'impression que mon statut d'humain s'était dégradé à celui d'un chien, et encore... Levé à 6h, voir 5h, couché vers minuit, pas forcément trois repas par jour parce qu'il fallait qu'on maigrisse, poulet non stop pour les protéines, entraînements épuisants et il y avait plus de cours qu'au lycée ! Danse, chant, rap, jeu d'acteur, chinois, japonais, coréen pour qu'on prenne l'accent de Séoul, maintien, expression dans les médias, exercice de playback... Et la compétitivité : chaque entraînement était noté, si on passait sous la barre moyenne des notes, on était viré. C'était un stress constant, j'avais failli me faire virer des tonnes de fois parce que j'arrivais moins bien à apprendre les chorégraphies de hip hop que celles contemporaines, mon chant était moyen, mon rap mauvais et ainsi de suite. L'ambiance me rendait malade, presque littéralement, et je n'avais qu'un seul ami : Kim Taehyung. À la base on ne ressemblait pas mais sa personnalité était tellement simple et dépourvue de malveillance que je n'avais aucun mal à le fréquenter. On avait commencé à se rapprocher quand l'un des autres trainees avait tenté de lui voler un de ses cours de japonais et que je l'en avais empêché : la suite s'était faite toute seule... On était dans la même classe au lycée, on était tous les deux des provinciaux même si nous n'étions pas de la même région et on traversait les mêmes difficultés. Vivre un enfer était toujours plus agréable à deux et nous étions donc devenu inséparables (surtout qu'on avait le même emploi du temps) : on faisait la route jusqu'au lycée ensemble, on mangeait (quand on avait le droit) ensemble, on faisait équipe si besoin pendant les entraînements comme ça on était sûr que l'autre n'allait pas essayé de nous faire perdre des points exprès... Parfois je ne le comprenais pas, ses réactions et ses pensées m'échappaient, mais je laissais couler parce que son originalité était tout simplement adorable : un petit soleil au quotidien.
On se soutenait pour ne pas craquer et sans lui, j'aurais abandonné depuis longtemps : trop de fatigue, trop de stress, trop de jugement... Mes nuits, déjà courtes, étaient souvent blanches, je devais constamment supporter l'angoisse des autres parce qu'on dormait tous dans un dortoir, j'étouffais...

-Jiminie, tu as une tête à faire peur, déclara Taehyung d'une voix morose.

-Toi aussi, répondis-je en baillant.

On avait des cernes tellement marquées qu'on aurait pu croire à un maquillage d'halloween, c'était horrible...

-Je ne vais pas survivre, les maths vont m'achever, gémit-il.

-Les maths ? Je ne tiendrai même pas jusqu'à l'histoire-géo, soupirai-je.

Parce que en plus de nos entraînements à l'agence, il fallait rajouter les cours, et ceux de la capital étaient plus durs que ceux de province...
On se traina jusqu'à notre classe et je sortis mes affaires alors que Taehyung s'écroulait à son bureau.

-Tae, on n'est même pas encore en maths, me laisse pas tomber, marmonnai-je en le secouant.

-Chim, je crois que je vois le bout du tunnel, je suis désolé... Je te donne ma part de poulet...Argh...

Sa tête retomba sur la table et il fit pendre sa langue pour bien me faire comprendre qu'il était mort. Je ris en le secouant avec un faux désespoir jusqu'à ce que le prof arrive et que Taehyung ressuscite miraculeusement.
Le premier cours fut horrible, le deuxième encore pire et je faillis m'endormir plusieurs fois malgré mes efforts pour suivre. Honnêtement, le troisième fut juste une bataille pour rester éveillé, j'avais carrément abandonné l'idée de suivre...
L'après midi arriva, nous n'avions que deux cours : le premier passa, mal mais il passa, par contre je ne sus jamais de quoi parlait le deuxième parce que je m'endormis au bout de cinq minutes.
Je fus réveillé par la sonnerie et j'ouvris difficilement les yeux, groggy. Mon regard dériva vers Tae qui dormait aussi : rien d'anormal. Par contre le silence dans la classe était bizarre...
Je me tournai et me figeai : tout le monde était écroulé sur les bureaux, même la prof. Je paniquai, encore plus lorsque je remarquais que les couloirs qui auraient dû être envahis par des élèves hurlants étaient déserts et silencieux.
Je secouai violemment Taehyung en lui criant de se réveillant et il ouvrit les yeux à mon plus grand soulagement. Pendant une fraction de seconde, je crus que ses yeux étaient verts mais il les cligna et ils étaient noirs : un jeu de lumière...

NormauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant