11) Routine

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Yoongi P.O.V :

-Demain vous pouvez vous reposer du concert, le soir on a une radio, le lendemain deux interviews programmées et on partira dans la soirée. Les emplois du temps précis vous ont été envoyés sur vos portables.  Vous pouvez aller faire un tour si vous voulez mais dans ce cas prenez un garde du corps avec vous comme d'habitude, et évitez les endroits où vous pourriez rencontrer des problèmes.  Vous connaissez la chanson...

-On connait Sejin hyung, on connait, le rassura Jungkook.

-J'ai vu un magasin Gucci sur le trajet du stade, il faut absolument que j'y aille. Quelqu'un m'accompagne ?

Sejin hyung secoua la tête devant l'excitation de Taehyung et sortit de la chambre d'hôtel. Je n'arrivais toujours pas à croire que c'était notre quotidien et notre routine à présent : les concerts sold-out dans des stades dont on ne voyait pas le bout,  partout à travers le monde, les chaînes et les cérémonies qui se battaient pour nous avoir, notre succès qui ne semblait pas vouloir cesser de croître... Je me rappelais pourtant comme si c'était hier quand la mère de Taehyung s'était ruinée pour lui fournir un ensemble décent et qu'il ne soit pas la cible de moquerie dans la capitale, où que Tae lui même découpait ses T-shirts pour obtenir un style qui lui convenait à défaut de pouvoir s'en acheter. Il y a quelques années, on faisait des meetings très sérieux tous ensembles pour établir une liste de course mensuel avec le minimum, notre staff cherchait des endroits publics et dans la nature où tourner nos MVs car on ne pouvait pas se permettre d'acheter un décor ou des installations. Pourtant notre succès avait commencé avec ça ; une MV filmée avec une seule caméra et un seul caméraman, dans un coin paumé et sous la pluie, avec des vérifications dans le coffre d'une voiture pour le rendu...
Et maintenant, Tae terrorisait les magasins Gucci, nous pouvions faire nos courses sans amener de calculatrice pour vérifier qu'on ne dépassait pas une limite, nos MVs coûtaient et valaient des sommes que je préférais taire et je pouvais composer sans vendre mon travail pour une bouchée de ramyeons...

-Je ne suis pas trop Gucci, plutôt Givenchy, esquiva Jin hyung.

-Pas moi non plus Tae, désolé, enchaina Namjoon.

-Jungkook, tu ne vas pas m'abandonner aussi ?, supplia Tae avec des yeux de chiot.

-Si, sans hésiter. Je n'ai rien besoin de m'acheter et j'ai horreur de faire les magasins de vêtements, grimaça le maknae.

-Je peux t'accompagner si tu veux, mais pas trop longtemps, sourit Jimin.

-Ah ! Enfin un petit ami exemplaire ! Prends-en de la graine Kookie !, s'exclama le rejeté en allant faire un câlin à Jimin tout en fusillant Kook d'indignation.

Ce dernier n'en parut pas trop affligé et se contenta de hausser les épaules.

-Jiminie hyung te gâte trop, c'est tout, soupira-t-il.

-L'hôpital qui se fout de la charité, marmonna Jin en se levant. Je vous laisse à vos disputes de couples, on se voit ce soir pour le dîner...

Je l'aurais bien suivi pour fuir mais il aurait fallu que je me lève, donc non. En plus on était dans la chambre de Hoseok et Jimin, donc j'avais le droit de squatter...
J'observai avec ennui les trois maknaes se disputer (ou plutôt Tae et Jungkook se disputer un Jimin qui ne cherchait même plus à comprendre l'enjeu du combat) et je soupirai en passant une main sur mon visage. Ils étaient tous les trois tellement bruyants, alors qu'il n'y a pas si longtemps on devait se coltiner un lapin dépressif en crise identitaire et un couple qui ne savait plus où donner de la tête. Je me souvenais très bien le jour où Jimin avait débarqué en catastrophe dans mon studio (sans frapper) en commençant à me parler de relations polys alors que j'étais en train de bosser sur notre prochaine album. Je l'avais chassé en disant que tout le monde faisait ce qu'il voulait et que de toute façon notre rapport à la normalité était merdique depuis le début, et donc résultat : on avait à présent un lapin toujours hyperactif mais heureux, dans un couple qui savait un peu trop bien où donner de la tête.
Est-ce qu'on avait gagné au change ? Je me posais encore la question...

NormauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant