My vengeance, I will have

Chapitre 28

Ça fait une semaine que Matthew a disparu, j'ai cherché partout mais je ne l'ai toujours pas trouvé. J'avais espéré le voir en cours le lundi suivant mais il n'est pas venu et les jours d'après non plus. Il s'est terré à nouveau et je bouillonne de rage.

J'aurais du lui tirer une balle lors de la confrontation de samedi dernier, sa mort serait passée inaperçu dans cette tuerie et ma vengeance aurait enfin pu être exaucée. Cependant je ne l'ai pas fait, je ne lui ai pas troué le crâne.

J'ai eu tant d'occasions de le tuer, tellement que j'en ai perdu le compte, et je suppose que lui aussi. Il n'a pas eu peur, pas une seule seconde, de se tenir à mes côtés, même lorsque j'avais une arme. Il savait que je n'étais pas capable de le tuer. Peut-être l'a t-il toujours su.

Mais s'il est parti, c'est qu'il a dû prendre peur que je passe à l'action. Je dois passer à l'action.

- C'est ton tour, Skylar, me dit Kyle en me poussant vers le ring.

Je me faufile à travers les gens qui se trouve en travers de mon chemin et monte sur le ring. Si je veux réussir à atteindre mon objectif, je dois devenir plus forte.

- T'es sûre de vouloir te battre gamine ? Demande mon adversaire avec un sourire confiant.

Je ne me donne pas la peine de répondre et il émet un bruit de mécontentement. Je n'ai que faire de ces badineries, si je suis ici, c'est pour me battre.

Le combat commence et mon adversaire se jette sur moi tandis que je reste stoïque. Il m'assène un coup puis deux et il les enchaîne sans que je ne riposte.

La douleur est a peine perceptible malgré le sang de certaines plaies. Ce n'est pas assez, je veux sentir une douleur fulgurante. Je veux sentir le sang dans ma bouche, je veux sentir mes os se briser, je veux sentir la mort.

Je crois que je commence à te comprendre, Matthew. J'ai compris pourquoi tu me laissais te frapper et que tu te laissais faire, tu pensais que tu devais être puni. Tu pensais que tu te sentirais moins coupable, n'est-ce pas ?

Et bien sache que pour moi, ça ne fonctionne pas. Je suis toujours aussi coupable. Tant que te ne seras pas mort, je serais toujours aussi condamnable.

- J'en ai assez, tu ne m'es plus utile, dis-je en me relevant du tapis.

- Parce que tu crois que tu vas pouvoir rivaliser contre moi ? Dit-il en riant.

Je lui lance une droite et il a l'air sonné. Je lui rends ses coups et il perd ses moyens. Je le mets KO et il s'étale par terre.

Je quitte le ring et me rends dans les vestiaires.

- C'est ton cinquième combat de la semaine et tu es encore très amochée, me réprimande Jackson.

Je hausse les épaules, j'ai beau être amochée, je ne sens rien. Tout me paraît fade.

***

« Rends toi à Jacksonville sur Mathews Bridge. Je t'y attendrais à minuit. »

C'est probablement un piège mais je vais quand même m'y rendre. J'ai besoin de réponses et c'est peut-être ma dernière chance de le tuer.

Et puis il est incapable de me tuer.

Je conduis jusqu'au point du rendez-vous.

Le pont est désert et il est faiblement éclairé par quelques lampadaires. Je m'arrête à quelques mètres d'une silhouette plongée dans la lumière d'un lampadaire. C'est Matthew. Il est bien là. J'ouvre ma boîte à gant et saisi l'arme qui y est rangée. Elle n'est pas chargée, mais il y a des balles. Je sors et marche jusqu'à être en face de Matthew.

- Tu es venue, ça ne m'étonne pas, dit-il avec un sourire.

- Pourquoi m'as-tu donnez rendez-vous ?

- Je voulais te voir.

- Avant que je ne te tues, j'aimerais que tu m'éclaires.

- Vas-y, je t'écoute.

- Pourquoi avoir kidnappé Victoria en me laissant avec un mot ?

- Comme je te l'ai déjà dit, les Hell's ont fait une alliance avec les Tigers. Ils devaient te tuer et ils ont kidnappés Victoria en pensant que ça t'attirerait vers eux. Je pensais qu'en te laissant un avertissement, tu comprendrais que tu étais en danger. Mais évidemment, à la première occasion, tu t'es jetée dans la gueule du loup.

- Et je suppose que lorsqu'ils ont vus que ça ne fonctionnait pas, ils ont envoyé quelqu'un me tuer pendant que les Tigers retenaient mon gang avec une attaque.

- Ton intelligence me surprendra toujours autant, s'exclame t-il, sourire aux lèvres.

- Pourquoi lorsque je me suis infiltrée, personne ne m'a reconnu ? Ils retenaient Victoria pourtant.

- Ce n'est pas avec eux qui l'ont kidnappée.

Je crois que je commence à comprendre, Matthew. On a beau se creuser la tête, il n'y a pas de bonnes solutions. On doit être prêt à tout pour arriver à ses fins, quitte à prendre des décisions qui nous hanterons toute notre vie.

- Et ce mec, Zach, tu devrais faire attention à lui, il est dangereux.

- Je l'ai tué.

Il se met soudainement à rire. Un rire franc et mélodieux qui résonne dans ce silence de minuit.

- Tu es incroyable, chaton.

- Mais pourquoi tiens-tu tant à me protéger ?

- Parce que tu comptes pour moi.

- Si je suis venue, c'est pour te tuer, dis-je en sortant mon arme.

- Je le sais et c'est pour ça que je t'ai donné rendez-vous. Je pense que je peux bien te laisser ce plaisir. Après tout, c'est ton anniversaire.

- Je n'ai pas besoin de ta permission.

Mon arme est braqué sur lui et son sourire est toujours aussi rayonnant. Comment peut-il encore être si confiant ? Moi-même je ne suis pas aussi sereine : ma main tremble, ma respiration est suffocante et mon cœur ratte un battement sur deux.

Je ne suis pas sûre d'avoir même la force d'appuyer sur la détente. Alors que lui semble si confiant. Prêt à disparaître.

Je force mon doigt à bouger, à appuyer sur la détente. J'ai l'impression qu'une force invisible retient mon index et l'empêche de se mouvoir.

Je dois le faire. Si je ne tiens pas ma promesse de vengeance, je ne serais plus rien. Tout ce que j'ai fait jusqu'à maintenant perdrait tout son sens.

Tire. Tire. Tire.

Tire !

J'appuie sur la détente. La balle par tet s'enfonce dans sa poitrine.

J'entends son souffle devenir difficile et le mien se coupe entre chaque hoquets de mes sanglots.

- Je t'aime, Skylar.

Il s'avance et se laisse tomber dans la rivière St Johns.

- Non !

Un cri désespéré qui résonne dans ce silence de mort.

Moi aussi je t'aimais, chaton.