Chapitre 14

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- T'as rien à faire là, Matthew.

Comment ose t-il venir sur la tombe de mon père alors que c'est lui qui l'a achevé !

Il s'assoit près de moi et je me décale, me jugeant trop près de lui.

- J'ai pensé que tu voulais récupérer ça, dit- il en me tendant l'arme que Jackson m'avait donné plus tôt dans la journée.

- Tu es bien serein pour quelqu'un qui donne une arme à son ennemie mortelle, dis-je en la prenant.

- Il n'y a pas de balle.

J'ai toujours mon sac où se trouvent les balles que j'ai enlevées et j'hésite à lui en tirer une dans la tête. On est déjà sur place.

La seule chose qui me retient, c'est Dan. Je n'ai que faire de son interdiction mais sa menace en revanche, m'affecte directement.

- Tu sais que je vais te tuer ? Déclaré-je avec confiance.

- J'en doute pas, dit-il en s'asseyant à mes côtés.

Je n'ai pas besoin de le regarder pour deviner qu'il affiche un sourire en coin.

- Pourquoi es-tu aussi calme quand je te menace de mort ? Demandé-je agacée face à sa désinvolture.

- Et toi ? Pourquoi tu m'as donné ton arme tout à l'heure ?

- Je savais que tu n'allais pas tirer, chuchoté-je plus pour moi-même que pour répondre à sa question.

- Exactement.

Comment peut-il être si sûr de lui ? Si Dan ne me l'avait pas interdit, je l'aurais tué.

- Je te l'ai dit. Je vais te tuer.

- Et j'en suis aussi certain que toi. Cependant pour l'instant, tu n'en es pas capable, chaton.

- Qu'est-ce qui te fait dire ça ? M'agacé-je.

- Notre histoire n'est pas encore terminé. Tu sais aussi bien que moi que tu me tueras que lorsque je t'aurais rendu des comptes.

- J'ai pas besoin de tes explications pour te tuer, fais-je en pointant l'arme sur sa tempe.

- Il n'y a pas de balle. Et puis même s'il y en avait, tu ne pourrais pas tirer.

Il tourne la tête vers moi et plonge son regard dans le mien.

- Tu veux savoir si je t'ai vraiment aimé ou si je me suis simplement joué de toi, n'est-ce pas ?

Je baisse mon arme. Il a raison, il n'y pas de balle.

- Tu te rappelles notre premier baiser ? Demande Matthew en détournant les yeux.

Évidemment que je m'en rappelle, crétin !

- J'avais préparé un pique-nique sur la plage, on était heureux. Et regarde nous aujourd'hui, c'est comme si rien n'avait changé.

- Tu sais quoi, Matthew ? Va brûler en enfer.

Je me lève et pars. Je sais très bien qu'il fait exprès de me provoquer et il sait s'y prendre à la perfection.

Il sait exactement quoi dire ou faire pour obtenir une réaction de ma part. Il a toujours su lire en moi comme dans un livre ouvert.

Il me connaît mieux que quiconque et pire encore, il me connaît mieux que je ne me connais moi-même. Il sait ce que je vais faire avant même que je n'y ai pensé.

C'est lui qui mène la danse pendant je ne fais que le suivre.

Ah ! Ça m'énerve !

Je m'enferme dans la voiture et tapote mon pouce sur le volant, signe de mon agacement.

Mon estomac se noue et ma gorge se serre.

Pourquoi ne l'ai-je pas déjà tué ?Peut-être que je n'en suis pas capable. Mais merde ! Putain !

Des sueurs froides et des tremblements incontrôlés me surprennent.

Je prends le chargeur, le met dans mon arme et la fixe un instant. Je peux le faire.

Mon téléphone sonne, me faisant sursauter, et le numéro de Dan s'affiche. Je ne décroche pas, surtout si c'est encore pour me prendre la tête avec lui. Je prends mon portable et l'éteins.

Les tremblements qui traversent mon corps deviennent plus forts, mon estomac se noue un peu plus et des nausées viennent s'ajouter à mon mal.

Que m'arrive t-il ? Suis-je malade ?

Je range mon téléphone et mon arme. Ce n'est pas le meilleur moment de l'utiliser dans mon état.

Les sueurs froides et les tremblements ne cessent pas et je sors de la voiture et respire un peu d'air frais. Je me penche, mains sur les genoux, tremblotante et nauséeuse.

Que se passe t-il ? Je n'étais pourtant pas malade ce matin.

Une fois un peu plus calmée, je démarre et commence à rouler. Il n'y a personne sur la route et le noir de la nuit est éclairé par la pleine lune et les quelques étoiles qui parsèment le ciel.

Est-ce que je vais pouvoir appuyer sur la gâchette et tirer sur Matthew ? On s'est quittés si soudainement et je ne suis même pas sûre de ne plus avoir aucun sentiment pour lui.

Je commence à avoir chaud, la chaleur de la voiture m'étouffe alors j'ouvre les fenêtres. L'air frais s'engouffre à l'intérieur et je me sens revivre. Je longe une route en bordure de mer et le son des vagues paraît comme une mélodie à mes oreilles.

Je me concentre sur ce bruit.

J'avance à l'aveugle seulement guidée par Matthew.

- On est bientôt arrivé ? Demandé-je en m'agrippant plus fermement à son bras musclé.

- T'inquiète pas chaton, on y est presque.

Je me concentre sur les bruits extérieurs et je pense entendre le son des vagues.

- On est à la plage ? Demandé-je surprise.

Il ne me répond pas et me lâche. Il m'enlève le bandeau qui cachait ma vue et je suis d'abord aveuglée par la lumière avant de voir la tête de Matthew.

- Surprise ! dit-il tout sourire.

- Pas mal, admis-je.

- C'est le paysage qu'il faut admirer, pas mon visage, dit-il moqueur.

Je lui donne un petit coup sur l'épaule et m'attarde sur ce qui m'entoure.

Le ciel est couvert de nuages dorés et le coucher de soleil se reflète sur la mer. Sur le sable se trouve un plaid avec un panier en osier.

- Un pique-nique sur la plage, dit Matthew en me prenant par la main.

On s'assoit sur le plaid et il m'enlace. Je me laisse bercer par ses bras musclés et son odeur enivrante. Nos regards se croisent et ses lèvres m'attirent. Je mords ma lèvre inférieure. Il pose sa main sur ma joue et ses lèvres frôlent les miennes dans un élan de douceur.

Il se recule et sourit en coin malicieusement.

- Ne me fais pas languir, gémis-je.

Il souris satisfait et m'embrasse enfin. La sensation de ses lèvres sur les miennes est si agréable et c'est comme une explosion de joie.

Un klaxon me sort brusquement de ma transe et je me rabats sur la droite, évitant un accident.

Je me gare sur une place se trouvant devant la plage et arrête le moteur. Je descends et m'assois sur le sable frais. Le vent est froid, la mer est déchaînée et les vagues s'écrasent violemment contre les rochers.

Les tremblements reprennent et je serre les poings pour les contenir tandis que des sueurs froides font de nouveau leur apparition.

My vengeance, I will haveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant