Chapitre 4

15.6K 685 15
                                    


Elle se retourne. J'avais parlé tout bas, pas sûr qu'elle ait compris ce que je lui ai dit. J'ai 17 ans et je n'ai jamais parlé. Peut-être parce que personne ne faisait attention à mon état. Elle se rassoit devant moi et attend que je continue, sans doute, ce que je fis.

Moi : Ça a commencé à cause de cette dispute... Je lui raconte l'histoire d'une traite sans m'arrêter par peur de ne pas pouvoir continuer. Je parle certes, mais c'est nécessaire. Quand je finis par lui raconter l'histoire de ce matin, elle me regarde choquée, avec les larmes aux yeux. Et là, elle me dit quelque chose de surprenant.

Elise : Et bah merde...

Moi : Je sais, c'est moche.

Elise : Non, fin si, c'est moche, mais tu as parlé longtemps. Je veux dire, waouh, c'est déjà un progrès. En ce qui concerne ton père, si on peut appeler ça un père, il est hors de question que tu prennes d'autres risques...

Moi : Et je vais aller où, hein ? Je ne veux pas me retrouver seule dehors.

Elise : Attends, je n'ai pas fini. On a un programme pour les enfants qui ne peuvent pas rester dans leur famille. Mais dans ton cas, on sera obligé de t'envoyer dans une autre ville pour te protéger. Parce que j'ai peur qu'il puisse te retrouver et que ce soit pire. Ce serait jusqu'à ce que tu sois majeure, ce qui ne devrait pas tarder, il me semble.

Moi : Oui, le 24 décembre, dans maintenant 8 mois. Mais il reste un mois d'école. Je n'ai pas d'affaires et puis, il va s'énerver...

Je commençais à paniquer, à avoir peur.

Elise : Ne t'inquiète pas, je m'occupe de tout. Mais je dois organiser tout ça aujourd'hui, voir avec ton directeur et envoyer la police à ton domicile. En ce qui te concerne, pourrais-tu rester à l'école jusqu'à ce que je vienne te chercher ?

Moi : Sans problème.

Et elle fait signe de partir. En chemin, je croise le directeur qui repartait dans son bureau. La journée passe très vite, ce qui me paraît bizarre. Peut-être de savoir que tout ça va être fini me donne moins l'envie de regarder le temps.

17 heures, je dois l'attendre devant, comme elle me l'a demandé. Je ne sais pas ce qui va se passer. Si elle a vraiment fait ce qu'elle m'a dit, je ne lui en voudrais pas si cela n'était pas possible en une journée. Ça serait un record. Je souffle, j'ai peur. Et là, je la vois, avec le sourire aux lèvres. Ouf, je crois que c'est bon signe.

Elise : Ah, comment ça va depuis ce matin ? J'ai de très bonnes nouvelles et une mauvaise.

Alors, pour commencer, je n'ai pas pu te réinscrire dans le lycée de ta nouvelle ville pour la fin de l'année, mais pour la rentrée. Ah oui, ton père s'est fait arrêter. Il a protesté et disait que ce n'était pas lui, que tu avais dû te faire ça pour te venger de ta mère qui était partie, tout ça. Bref, la mauvaise nouvelle, c'est que je ne t'ai pas trouvé de place pour te loger dans une famille. Ils n'ont pas l'habitude, ils trouvent ça trop dur de s'occuper d'une enfant sans contact et sans parole.

Je me mets à pleurer. Personne ne veut de moi, ma mère est partie sans moi, mon père me hait et maintenant on me prend pour un monstre que personne ne veut sous prétexte que je me suis renfermée. Donc tout tombe à l'eau. Je vais aller où ?

Elise : Calme-toi, ma belle. On a trouvé une solution. Tu vas venir vivre avec moi. Comme ça, vu qu'on a déjà établi le dialogue, ça sera plus facile pour toi. Et puis, je vis seule donc ça ne dérangera personne.

Moi : Mais je devais quitter la ville...

Elise : C'est ce qui est prévu. J'habite à l'Anopie, ce n'est pas très loin mais assez loin pour que tu sois en sécurité.

Elle me le dit avec un sourire. Je lui rends. Je me sens bien, comme si sa joie étouffait ce qui me faisait mal à l'intérieur.

Elise : Ce qui est pratique, c'est que tu auras le temps de t'adapter. Tu auras 3 mois avant l'école. Allez, on y va. On a du chemin. C'est parti pour ta nouvelle vie.

Une âme soeur pas comme les autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant