Chapitre 12 : Guerre froide

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"À table tout le monde !"

Assise près de James et entourée de mes amis et cousins, j'entendis la voix de Madrija --le surnom de ma grand-mère maternelle Anushka Romello-- résonner dans les couloirs du manoir. Aussitôt, le sol tremble. Les meubles tanguent, les murs se couvrent de petites fissures et tout le monde tombe au sol.

- Qu'est-ce que c'est que ça ? s'écria Scorpius en essayant de se relever.

- Vu le choc sismique je dirais un troupeau d'éléphants, suggéra James.

- Ou des baleines bleues avec des pattes, commenta également Tatiana.

- Ce n'est rien de tout ça ! fis-je en rampant vers un téléphone rouillé.

Je décrochais le combiné puis appuya sur un bouton avec une oreille dessus. Aussitôt, je bouchais mes oreilles et mes sœurs aussi. On entendit alors des hurlements provenir d'en bas. Ayant peur d'y être allée trop fort, je sortis du petit salon et me dirigeais vers la grande salle à manger. Là bas mes oncles --les frères et les cousins de mon père-- se bouchaient les oreilles.

Les autres qui m'avaient suivi ne comprenaient pas la scène. L'alarme ne sonnait plus et ils décidèrent finalement de se déboucher les tempes.

- Mais que s'est-il passé ? questionna Rose en réajustant sa coiffure.

- Mes oncles deviennent incontrôlables lorsqu'il s'agit de nourriture alors mon père a effectué quelques modifications sur le téléphone de service du manoir. Pour les calmer, on déclenche une alarme sifflante qui n'est pas dangereuse mais juste insupportable pour tous les individus ayant la capacité auditive d'un géant. Et comme on a du sang de géant, on doit se boucher les oreilles sous peine de torture.

- C'est pour ça qu'on a rien entendu ? demanda Lily.

- Exactement, répondit tante Lindsey derrière eux.

Tante Lindsey, l'unique petite sœur de mon père, était magnifique. Elle avait les yeux turquoises comme ceux de Grand-mère Gadriata, des tâches de rousseur, un sourire d'ange, une longue cascade de cheveux bruns et un corps de mannequin. Papa disait que ça beauté n'avait d'égal que sa loyauté.

- C'est d'ailleurs aussi pour ça que les "sept grands nains" sont en agonie continue dans la salle à manger... ajouta-t-elle avec pitié.

- Je pense que oui, répondit Olga d'un air craintif.

- En attendant, j'ai faim ! Quand est-ce qu'on mange ? geignit Alexis en faisant tourner une mèche de cheveux de sa couette droite autour de son index.

- Vous pouvez y aller vu que Madrija s'est occupée des offrandes et qu'elle a appelé tout le monde, déclara ma tante en se dirigeant vers la salle à manger.

Elle partit alors avec mes sœurs, mes cousins et mes cousines.

- Freyja, c'est quoi cette histoire d'offrande ? quémanda James en s'approchant de moi.

- Mes grand-parents ont été élevés dans la culture traditionnelle de la zone. Comme mon père a fait emménager toute la famille ici, près d'Oslo, ils voulaient au moins conserver les coutumes du Grand Nord et en particulier les offrandes aux dieux.

- En d'autres termes, abrégea Scorpius, ce sont des polythéistes qui effectuent des rituels basés sur les prières et les présents comme de la nourriture, des cadeaux, etc...

- Tes grand-parents croient donc en la mythologie nordique ? interroge James. Pas étonnant que ton père s'appelle Odin.

- En fait, rectifiai-je, pour le prénom de mon père, c'est plus de la superstition que de la croyance. Enfin bref... On devrait aller manger ou Madrija va se vexer.

Nous entrons dans la salle où une table aussi longue que celle de la Grande Salle était dressée. Toute l'argenterie et la vaisselle préférée de Papa était disposée et je vis de loin la chaise ou ce dernier avait l'habitude de présider le repas.

Mes oncles étaient assis de part et d'autre de la table avec au milieu d'eux tante Lindsey qui paraissait être très minuscule. Tout comme "mon père" et "oncle" Alfredo, elle était deux fois moins grande que les géants de notre famille bien que sa taille soit type d'un mannequin. De l'autre côté de la table, les invités sorciers étaient présents. Les Potter, les Granger Weasley ainsi que Scorpius étaient assis. Je pris alors ma place habituelle à côté de mes sœurs dont les chaises se situaient vers l'habituelle place de mon père.

Ma mère prit ensuite place et celui que je redoutais tant était arrivé. Alfrigd s'apprêtait à s'asseoir sur la place de celui que j'avais toujours considéré comme mon géniteur. Je stoppais alors sa manœuvre en m'exclamant :

- C'est la place du chef de famille ici.

- À la mort de mon frère, il me semble que je suis désigné comme étant le nouveau chef de famille des Storkhel, plaisanta ce dernier.

- Ah bon ? Les menteurs sont donc des chefs de famille ? questionnai-je avec ironie.

Un silence pesant s'installa. Ils avaient sûrement dû comprendre que je ne plaisantais pas.

- Freyja je t'interdis de lui parler comme ça ! riposta ma mère.

- Comme tu m'as aussi interdit de savoir la vérité depuis toutes ces années ! m'écriais-je plus fort.

- Mais enfin, Freyja... fit Olga d'un air déboussolé.

- Qu'est-ce que ça veut dire ? interrogea Tatiana à l'intention de sa mère.

- Nous aimerions bien le savoir, dirent mes grands-parents paternels.

- Cela veut dire que pendant toutes ces années, ma mère m'a élevé avec un homme qui n'est pas mon père, déclarai-je avec dégoût. Et c'est seulement après sa mort, après avoir pleuré cet homme avec qui je n'ai pas de lien direct, que j'apprends que c'est Alfrigd mon géniteur. Vu vos têtes je pense que personne n'était au courant...

- Si, moi je l'étais.

Tout le monde se retourne et une tête familière me sourit. Les mêmes cheveux bruns foncés, les mêmes yeux violets aubergines, le même teint mat et le même sourire qu'Odin. Une version féminine de son propre père mais avec un look bohémien et décontracté. C'était, sans aucune hésitation, Anastasia Paravel Carlotta Storkhel. Ses longs cheveux frisés virevoltaient à chaque pas qu'elle faisait vers ma mère.

- Je m'étais promis de rien dire, pourtant je pense que j'aurais fini par le faire aujourd'hui, entama cette dernière. Mais, comme à chaque fois, Freyja découvre ce que les gens se donnent tant de mal à lui cacher...

- Comment as-tu su ? quémanda ma mère, incrédule.

- Au moment où tu nous as annoncé que tu étais enceinte de Freyja, tu sortais d'une conversation "politique" avec Alfrigd et Papa. Depuis qu'on est enfants, tu utilises ce stratagème pour nous faire sortir et procéder à des discussions que tu ne voudrais engager en notre présence. J'avais déjà compris le truc à l'époque et j'ai écouté toute la conversation. Même les passages sur le fait que Freyja serait adoptée par Papa à la naissance pour éloigner les soupçons ou encore que sa place sur la tapisserie serait changée...

- J'arrive même pas à concevoir que vous ayez pu me faire ça... soufflais-je avec mépris.

Anastasia se tourna vers les Potter et demanda :

- James, c'est ça ? Tu pourrais raccompagner ma sœur dans sa chambre ? Elle doit se reposer. Reste avec elle jusqu'à ce qu'elle dorme et veille à ce qu'elle ne fasse pas de conneries.

- Ok, approuva ce dernier sans rechigner.

James me prit la main et m'emmena jusqu'aux escaliers. De là, je lui montrai l'itinéraire à suivre et nous arrivâmes jusque dans ma chambre. Nous y entrâmes et nous nous assîmes sur mon lit...

Harry Potter et le Fléau de Beauxbâtons (HIATUS)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant