Chapitre 14 : Cygne noir

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Tout le monde marchait derrière moi. La tête baissée, triste, le pas lent et mélancolique. J'étais en tête de file et je connaissais ce funeste chemin que j'empruntais souvent pour aller déposer les offrandes. Papa a dit qu'il ne m'obligeait pas à prier mais que je devais aller chaque semaine au Monument. Quand j'y repense, c'était assez gentil de sa part car Petrova devait y aller tous les jours quand elle dormait à la maison.

Sortie de mon songe par l'énième cri de douleur de Gadrija, je lançais un regard derrière moi et vit la trentaine d'invités qui s'étaient mêlés à ceux déjà présents. Ils avaient entamé "le Conte du Cygne noir" et chantaient comme si mon père était vraiment là.

Une grande brume grise de gens tristes s'avançait vers le cimetière familial. Là où reposaient nos ancêtres comme les morts les plus récents. Priska était enterrée là-bas et son père reposerait près d'elle après la fin de l'autopsie.

Car, en vérité, nous devions enterrer un cercueil vide.

C'est ce qui rendait l'événement encore plus triste. Malheureusement, même si je le voulais, je ne dirai rien sur ce qui s'est passé. Apparemment, j'aurais fait un malaise dû à la chaleur bien que la température n'était pas supérieure à 17°C. Je m'étais trop couverte et je me suis écroulée au milieu du chemin et mon nez s'est cassé lors de la chute. D'après Tatiana, Alfrigd est passé près de moi et m'a regardé avant de continuer sa route sous le regard effaré de l'ensemble des personnes présentes.

Au lieu d'essayer de renouer avec sa fille, cet idiot la laisse faire un malaise. James se serait alors précipité pour m'aider et m'a confié aux soins de Mr. Goldwiny. Il m'a soigné et nourrie. Pendant toute la durée des obsèques, je suis restée à la maison avec la baguette de l'homme qui m'a élevé entre les mains.

Quand tout le monde fut rentré, je pris mes affaires et retournai dans le petit salon. Après plusieurs minutes, tous les autres étaient arrivés et ils portaient une valise ou un sac sous le bras. Ils m'ont tous demandé si ça allait mais je n'ai pas vraiment su répondre. Je me sentais vraiment bizarre mais pas en mal. J'avais juste l'impression que... Je n'arrive pas à l'expliquer.

Anastasia m'a rassurée et m'a assuré que je n'avais rien manqué de différent. C'était la même chose qu'à l'enterrement de notre grand-oncle Daniil mais en moins terrifiant. Elle m'a d'ailleurs avoué qu'elle aurait préféré ne pas venir car elle ne pouvait pas supporter de passer plus d'une heure à proximité des tombes de son père et de sa sœur jumelle. Elle m'a ensuite donné un livre Moldu que je n'avais pas encore lu, "Les Misérables". Je pensais le lire pendant notre séjour chez les Granger-Weasley.

C'est alors que Ron, Hermione et Harry apparurent derrière nous et nous firent signe de les rejoindre. Tandis que les autres commençaient à descendre, Scorpius me retint par l'épaule et dit :

- Je suis désolé que tu n'aies pas pu rester à cause de ta chute. J'ai trouvé ça très émouvant que tout le monde chante cette chanson.

- En fait, il s'agit du conte préféré de mon père. Il est transmis à l'oral depuis des siècles sous forme de chanson.

- Ah, je comprends mieux.

- D'ailleurs, je te remercie mais je pense que je n'aurai pas apprécié l'ambiance de la cérémonie, avouai-je soudain. Avec ma mère qui m'a menti, mon vrai père qui m'a laissé m'écrouler sur la route, mes grands-parents paternels qui veulent tout prendre en main et le cercueil vide...

- Ne t'inquiètes pas... fit ce dernier. Je sais ce que c'est de perdre un être cher... Et j'imagine que c'est encore plus blessant quand cette personne emporte un mensonge dans sa tombe.

- Je suis désolée pour ta mère... soulignai-je en me rappelant les évènements.

- Tu n'as pas à être désolée pour quoi que ce soit. Tu mérites d'être soutenue. Et si ce n'est pas par ta famille, ce sera par tes amis.

Harry Potter et le Fléau de Beauxbâtons (HIATUS)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant