| CHAPITRE III |

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- Pardon ?

   Hein ?!?

- Et bien, si vous êtes là, vous pouvez me distraire, n'est-ce pas ? Je dois avouer qu'un partenaire de jeu ne serait pas de refus, répond calmement le comte.

- Qu'il en soit ainsi.

   Je soupire intérieurement. Je n'ai pas envie de jouer aux cartes. Cela dit, si ça me permet de décrocher une bonne note à mon devoir, ce n'est pas cher payé !

   Sebastian frappe de nouveau à la porte.

- Entre, Sebastien.

   L'intéressé s'execute.

- Le dîner est servi, jeune maître.

- Bien. Nous arrivons.

- Comme vous voudrez.

   Le majordome de la maison referme la porte du bureau sans aucun bruit.

- Les demoiselles d'abord, déclare le jeune maître de maison.

- Merci.

   J'avais oublié qu'aux temps anciens, la galanterie des hommes est générale. À mon retour à Lyon, c'est bien la chose qui va certainement le plus me manquer !

- Comte ?

- Oui, milady ?

- Je voulais vous dire... Je ne connais pas les bonnes manières...

- C'est vrai, des règles sont à respecter scrupuleusement. Je suppose que nous allons conclure un deuxième marché ?

- Oui. Apprenez-moi les bonnes manières des nobles, et en échange, je peux vous aider à approfondir vos connaissances en français. Le dialogue est le meilleur moyen pour apprendre.

- Cela me semble être une très bonne idée, mademoiselle Soleil.

   Je rougis légèrement, car sa façon de prononcer "mademoiselle Soleil" en français est très... craquant à vrai dire.

   Ciel me tend sa main droite, que ma main gauche saisit. Nous descendons ensemble les marches, sous les regards intrigués des domestiques. Nous nous dirigeons vers la salle à manger. Sebastian nous ouvre la porte de l'intérieur de la pièce.

   Une grande table en largeur trône au centre. Deux sièges sont installés côte à côte, à l'extrémité gauche. Les murs sont d'un papier peint doré. Une cheminée se situe à l'extrémité droite de la table et un lustre orné de diamants la surplombait.

   Ciel indique ma place, en poussant légèrement la chaise, pour faire signe de m'asseoir. Je prends place après l'avoir remercié. Par la suite, il fait de même.

   Sebastian apporte les différentes assiettes au fur et à mesure du repas, mais il s'avère que je me suis trompée de couverts à chaque fois. Au début, cela amusait le comte, mais au fil des plats, il semble être de plus en plus désespéré.

***

   Le dîner est fini, Ciel m'invite dans ses appartements. Je ne peux évidemment pas refuser.

   Il me précède pour ouvrir la porte de sa chambre. Je découvre une chambre tapie dans l'ombre, avec pour seule lumière le rayon de la Lune.

   Le comte allume un chandelier à l'aide d'une allumette. Ce dernier le prend et le pose sur une petite table ronde, située entre deux fauteuils.
  
   Il me dit de m'asseoir, puis va chercher un paquet de cartes dans un tiroir de sa commode de nuit, qui, comme par le plus grand des hasards, est de sa marque de jouet.

   Le comte ouvre le paquet et mélange les cartes. Celui-ci m'interroge en même temps :

- Quel jeu voulez-vous que l'on joue ?

   Je réfléchis un instant.

- Vous savez jouer au pouilleux ?

   Il me regarde avec un air totalement perdu.

- Quel est le principe ? questionne le maître de maison.

- Avec les cartes que l'on tire, il faut former des paires par couleur, par exemple, un huit de carreau et un huit de cœur. Cependant, une carte, le valet de pique ou l'as de pique, n'a pas de paire, et vous perdez si vous finissez avec celle-ci en main et que votre adversaire et vous n'ayez plus d'autres cartes en main.

- Ah oui, le jeu du valet noir. Très bien.

   Ciel distribue les cartes. Nous commençons à trier les paires. Il me reste environ une quinzaine de cartes. Je pioche chez mon adversaire, et tombe sur un 7 de pique. Je le pose sur la table avec le 7 de trèfle.

***

   Nous sommes en milieu de partie. Le comte me regarde avec un air malicieux sur le visage, ce qui ne me dit rien qui vaille.

   Il s'avance vers moi pour piocher une carte, nos visages à 5 centimètres l'un de l'autre.

- Vous êtes trop près, dis-je, avec un mouvement de recul.

   Ciel approche ses lèvres de mon oreille gauche et me chuchote d'une voix sensuelle :

- Vous savez, je connais d'autres manières de m'amuser avec vous... En dehors des jeux de cartes.

   Mais qu'est ce qu'il fait ?!

- Si vous croyez que je me laisserai avoir aussi facilement... C'est que vous n'êtes pas très stratège.

   Je décide de rentrer dans son jeu en approchant mon visage du sien, au point où je peux sentir sa respiration.

- À mon époque, on m'a appris que les hommes ne doivent jamais croire qu'une femme leur est acquise. De plus...

   Nos lèvres ne sont plus qu'un centimètre d'écart, et mon index lève son menton.

- Les femmes aussi, peuvent séduire les hommes.

   Je frôle ma bouche à la sienne, sans l'embrasser, pour le frustrer.

- En revanche, j'accepterai de jouer un peu plus longtemps avec vous... Si vous acceptez de me dire le vrai lien que vous possédez avec Sebastian.

- Comment...?!

- Vous avez bien entendu. Je sais que Sebastian est soi-disant "un diable de majordome". Ensuite, les livres d'histoire du futur indiquent que vous avez disparu en ayant laissé votre cache-oeil derrière vous, en même temps que Sebastian. Cependant, si ce cache-oeil est vraiment médical, pourquoi avoir disparu en l'ayant laissé ?

   Le comte reste un moment stupéfait.

- Vous êtes plus perspicace que je ne le pensais.

- J'accepte de rester plus longtemps avev vous, à condition que je voie de mes propres yeux ce qu'il y a sous votre cache-oeil. Dans le cas contraire, je vous prie de me laisser me reposer dans mes appartements.

   Il réfléchit, et doit sûrement peser le pour et le contre. Ciel lève les yeux dans ma direction.

- Très bien. Je vais vous dire la vérité... De toute évidence, vous en savez déjà trop. C'est un secret. Si vous vous avisez de dire ce qui va suivre à quiconque, je vais devoir vous éliminer, répond celui-ci avec un air sombre.

- Très bien. Vous avez ma parole.

   Le comte dénoue le noeud de son cache-oeil situé derrière sa tête. 

   J'allais enfin connaître la vérité sur ce qui le lie à Sebastian, et peut-être, la raison pour laquelle son corps n'a jamais été retrouvé...
  

Un lien indestructible. {Black Butler : Ciel x OC}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant