Chapitre 17

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Ce sont les rayons de soleil qui me réveillent, traversant les étoffes servant de rideaux. 

  Après une nuit presque blanche, je me suis assoupie à l’aube. Les autres se sont endormis avant moi, exception faite de Rafael — qui regardait droit devant lui —, accroupi contre l’encadrement de la cheminée. Zarah et lui sont rentrés juste avant que la nuit ne tombe, muets comme des carpes. J’ai vite baissé les yeux en croisant ceux de mon ami d’enfance, dans lesquels brillaient une lueur inquiétante. La sœur adoptive d’Elisabeth s’est directement couchée, tandis que Rafael s’est assis sur le plancher.

  Je m’étire avant de me redresser et de scruter à tour de rôle les lits dans lesquels reposent mes compagnons. Leurs poitrines, recouvertes de la couverture, se soulèvent et s’abaissent à un rythme régulier. En jetant un œil du côté de la cheminée, je découvre que Rafael n’a pas cherché à rejoindre sa couchette.

  Les ronflements de Loïc me parviennent derrière le dos tandis que je dévisage le fils de Kayla. Sa tête, penchée sur le côté, est appuyée contre le mur. Des boucles brunes retombent sur son front. Ses paupières sont immobiles, montrant que son sommeil n’est pas agité ; ses sourcils — qui prennent l’habitude d’être de plus en plus froncés — se tiennent tranquilles et ses lèvres sont légèrement entrouvertes. Ainsi, on croirait voir un ange. Un ange adolescent, qui dort à poings fermés, plus costaud que la moyenne et qu’on a envie de dorloter.

  Silencieusement, je me lève de mon lit et récupère ma couverture. Je me dirige ensuite vers lui, silencieusement, me mets à genoux et pose la couverture sur lui jusqu’à ses épaules. Il se laisse faire.

  — Que me vaut cet excès de délicatesse ?

  Je sursaute et atterris sur les fesses. Rafael ouvre un œil, tandis que je le fusille du regard.

  — C’est pour être quittes.

  — Pardon, s’excuse-t-il tandis que je me relève avec toute la grâce que j’ai.

  — Je tâcherai de me souvenir que ce n’est pas la peine d’être “délicate”, la prochaine fois… puisque mes efforts sont vains.

  — Je me suis excusé, Ève.

  Alors que je m’apprête à lui tourner le dos, je lui jette un œil.

  — « Pas de sincérité, pas de pardon. Tu devrais le savoir, Meyer… » imité-je avec une voix de souris.

  Rafael ne doit pas être au bout de sa forme, car un bâillement s’élève dans la maison avant qu’il puisse répliquer.

  — C’est quoi, tout ce bruit ? gémit Rachel.

  Quand elle nous voit, elle grogne, puis enfouit sa tête sous la couette. Apparemment, les ronflements de Loïc ne dérangent pas. Par contre, nous…

  Rafael retire la couverture qu’il a sur lui et la plie avant de la déposer à côté de lui.

  — Debout, là-dedans ! m’exclamé-je pour réveiller tout le monde.

  Tous grommellent de concert, sauf mon ami d’enfance et l’Ogre. Celui-ci ouvre les yeux et se lève d’un bond, ses pieds percutant le sol, faisant voler tout objet aux alentours. C’est sûr, mes camarades sont à présent réveillés…

Le Monde des Créateurs - Tome 1 : La Découverte [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant