Chapitre 18

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Les gardes derrière le chevalier nous conduisent dans le nouvel escalier en colimaçon en joignant nos poignets pour mieux nous retenir. Ils nous poussent quand nous n'avançons pas assez vite à leur goût. Aaron en pâtit, s'écroulant à genoux à la fin de l'ascension, son bandage imbibé de sang. Il peine à respirer.

- Laissez-le ! crache Rachel à l'intention du Chevalier Noir.

Ce dernier n'y fait pas attention et va s'asseoir sur son sinistre trône. Le velours noir du siège est de la plus haute qualité et les branches tordues de l'arbre qui le soutienne créent la silhouette d'un monstre cauchemardesque. Soit à l'image du Chevalier Noir.

- Que nous voulez-vous ?! fulmine Elisabeth, bien qu'apeurée.

- C'est plutôt à moi de poser la question.

Au lieu de se tenir bien droit, les épaules carrées - comme un monarque se doit de le faire -, il est légèrement bossu, un coude sur l'accoudoir et la joue sur son poing. Le poids sur ses épaules se fait sentir.

- C'est vous qui entrez par effraction dans mon château. Vous auriez pu toquer à ma porte, affirme-t-il sur un ton tranquille.

- Pour nous jeter dans la gueule du loup ? Non, merci, rétorque Joyce dont les traits se sont crispés.

- Malheureusement, ce genre d'infractions a des conséquences, continue-t-il en l'ignorant. Et il se trouve que je suis obligé de me tenir à une réclamation qu'on m'a faite.

Il se lève et sort son épée au métal d'ébène de son fourreau.

- Le Chef des Destructeurs vous tient en laisse, c'est ça ? le consulté-je en le fusillant du regard.

- La provocation ne marche pas avec moi, Evelyn.

Qu'il prononce mon prénom comme s'il était un de mes proches me donne des frissons.

- Vous ne voulez pas vous battre contre nous, deviné-je.

Sa main s'allonge vers un des gardes, qui lui fournit une seconde épée en argent, bien plus réceptive au peu de lumière qui traverse les grandes vitres opaques. Il le remercie d'un signe de tête avant de se diriger vers moi.

- Lâchez-la, s'il vous plaît.

- Ne l'approchez p...

Le serviteur le plus proche de Rafael le fait taire, posant une main sur sa bouche. Il le plaque au sol et mon ami se débat sauvagement. Des collègues du garde viennent l'aider à le maintenir.

Presque hypnotisée, j'ai un mouvement de recul quand les doigts gantés du Chevalier me caressent la joue, mais ne bronche pas. Puis il baisse la main et récupère la lame argentée pour me la donner. Peu habituée au poids du métal, elle m'échappe des mains et heurte le sol dans un tintement. Je l'empoigne par le manche et resserre ma prise.

- Voyons vos compétences en combat, dit-il en se retournant. Vos amis affronteront mon armée ; vous me ferez face.

Le temps d'un claquement de doigts, des centaines de soldats se pressent dans le palais, armés jusqu'aux dents.

- Vous êtes trop nombreux, argumenté-je. Et mes camarades n'ont aucune...

Deux sentinelles débarquent dans la salle du trône et laissent tomber un tonneau près de mon groupe.

Le Monde des Créateurs - Tome 1 : La Découverte [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant