Chapitre 15

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Du coton. C'est la première chose qui me vient à l'esprit quand je me réveille de mon apaisement saisissant. J'ai la sensation d'avoir dormi dans un cocon aussi caressant que du coton.

Mais en ouvrant les yeux, elle se dissipe avec un empressement détonant avec sa légèreté. Le nuage sur lequel je croyais reposer n'est en fait qu'un simple matelas recouvert de draps bordeaux dont les coutures commencent à se défaire. En balayant la pièce du regard, je vois que je suis de retour dans la chambre féminine. Mais comment ai-je pu arriver là alors que...

Mes narines perçoivent alors une odeur sucrée qui me donne l'eau à la bouche. Mon ventre se met à gronder et je remarque enfin la faim qui me tenaille.

- Ah, la Belle aux Bois Dormants est enfin réveillée !

Je me tourne vers Nathalie, debout dans l'encadrement de la porte, un plateau dans les mains. Sur ce dernier repose quelques crêpes encore chaudes sur une assiette. De petits récipients bordent le plateau avec un verre de jus d'orange.

- Je sais pas ce que t'aimes comme accompagnement, alors j'ai pris tout ce que je pouvais avant que les autres ne se jettent dessus.

La gentillesse de Nathalie me laisse d'abord sans voix. Nous nous sommes bien mises d'accord sur le fait que Zarah resterait une amie pour moi et avons - je suppose - fait la paix. Je ne savais pas que ça allait au-delà d'un terrain d'entente...

Elle pose le plateau sur le lit, à côté de mes jambes étendues que la couette couvre entièrement.

- Mange, puis viens dans la cuisine. On a un plan à mettre en place...

- Pourquoi ? demandé-je brusquement.

Elle hausse un sourcil.

- Pour en mettre plein la vue au Chef des Destructeurs, j'imagine.

- Je ne parle pas de ça.

Mon regard glisse vers le petit-déjeuner qu'elle m'a préparé, puis revient à elle. Pour une raison que j'ignore, son visage se flanque d'un sourire railleur, ressemblant trait pour trait à celui de son frère.

Si je commence à la comparer à Éric, c'est mal barré...

- J'ai pas mis de poison si c'est ce qui t'inquiète.

Je lui jette un regard sévère qui la fait ricaner.

- Mange ou pas, il y a aucun problème. Je serais ravie de te débarrasser de ton fardeau...

Sur ces mots, elle tourne les talons pour me laisser seule dans la pièce.

Quelques minutes plus tard, j'ai englouti toutes les crêpes - au caramel, bien entendu - et me lèche les doigts. Notre calvaire ne l'est peut-être pas tant que ça, en fait... Je secoue la tête en pensant à tout le mal que notre ennemi a fait à notre communauté. Ce ne sont pas quelques galettes qui vont changer la donne...

Après m'être essuyé les doigts sur une serviette en papier, je daigne enfin sortir des couvertures et me lever. Je chancelle, l'esprit encore embrumé, puis reprends mon équilibre. Je prends le plateau et fais un pas prudent vers la porte.

Le Monde des Créateurs - Tome 1 : La Découverte [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant