Le Professeur répondit immédiatement, l'air presque mal à l'aise derrière ses lunettes.
C'était une conversation instructive. Une des versions du plan qu'ils avaient mit en place ; pas la plus probable, mais la plus prenante intellectuellement pour lui.Ce qu'il aimait avec cette inspectrice, c'est qu'elle réagissait effectivement comme il le prévoyait, mais avec un humour et une politesse qu'il trouvait très appréciable. Comme un bon service hôtelier.
Il répondit.
«Très bien.
Mais vous comprenez qu'il y a certaines informations que je ne pourrais pas vous soumettre. »Les mots suivant le firent presque sourire.
«Dans ce cas vous me permettrez d'en garder quelques une pour moi. »Il accepta. Lui était tout à fait honnête avec elle, dans la mesure du possible.
Il tapa rapidement.
«C'est un bon deal. »Une pause de quelques seconde à peine. Il ne fut pas étonné de cette vivacité ; elle devait voir dans ses messages un moyen de le connaître, de le comprendre. C'était un peu le but. Donne juste assez.
« Vous comptez faire durer ça encore longtemps ? Je ne vous cache pas que j'ai hâte de prendre des vacances. »
Encore une fois, il admira avec satisfaction le cynisme mesuré.
«Vous dites cela comme si tout était planifié. » répondit le professeur innocemment en se couchant sur ses draps, son pyjama du jeudi bien en place, les petits lumières de l'entrepôt volontairement éloigné des néons crus de l'hôpital.
«Vous comptez me convaincre que ça ne l'est pas ?»
La lecture de ce message le fit sourire.
Allons inspectrice. Ce n'est pas comme ça que vous avancerez. Et vous le savez.
Oui. Décidément. Il l'appréciait cette femme.
Bon. Il avait encore l'épaule un peu douloureuse ; mais lui se savait capable de la mettre au tapis bien plus vite encore. Savoir que ça aussi, il le faisait mieux qu'elle lui offrait une forme de satisfaction.
Allons inspectrice. Voyons comment vous dansez.«Je me demandais, est ce qu'il vous arrive de penser à moi et à ce braquage lorsque vous faites l'amour avec votre mari ? »
Il aurait bien aimé avoir sa voix en plus pour saisir les intonations de la réponse qui lui arriva presque aussitôt ;«Votre intérêt pour ma vie sexuelle n'a pas de limite à ce que je vois. Je ne suis plus mariée. Voilà qui tue un peu la question dans l'œuf. »
Il relut plusieurs fois ses mots. Cette réponse lui posait problème. Elle répondait. Et d'une manière étrange, déplacée. Lui s'attendait à un retour plein de sarcasme. Ces mots là le perdirent un eu. Et sa curiosité commença à franchement le titiller, protégée par la sûreté de tout contrôler.«Je vois. »
Il ne voyait pas.
La réponse n'aida pas du tout, mais alors du tout.«Mais je pense à vous et à ce braquage dans le cadre privée oui. Et vous ?»
Petite inspectrice.Il resta plusieurs secondes devant ses mots la. Il comprenait bien qu'elle était en train de l'avoir quelques part.
Seulement, il n'arrivait pas à mettre les doigts sur le mécanisme exact.
Perturbant.«Moi aussi je pense souvent à vous.» se décida-Il à répondre après plusieurs secondes.
C'était vrai. Il était honnête.
Il menait l'échange, de toute évidence. Puisque c'est lui qui était venue lui parler. Qui dirigeait les règles, les questions, le braquage.
Et pourtant, ses réponses là le faisait froncer les sourcils dans son pyjama bleu impeccablement repassé.«Et vous y pensiez avant le braquage ? À la personne qui allait se retrouver de l'autre côté du téléphone ? »
Nouveau froncement de sourcil.«J'y ai songé oui.»
«Et qu'en pensez vous ?»
«Je ne suis pas déçu. »
La question suivante le dit froncer les sourcils plus encore, et il se demanda vraiment quelle voix elle aurait si elle lui demandait au téléphone.
Plusieurs fois d'ailleurs, il répéta la phrase en tentant de prendre son ton.« Et vous, êtes-vous marié Professeur ? »
Intérêt professionnel ? Personnel ? Profil psychologique?
Il répondit honnêtement.« Non. Je suis du genre solitaire, vous voyez. Et vous ? »
« Je vous ai déjà dit que non. J'espère que je n'aurais pas à tout vous répéter. »
Il eut un bref sourire, et remit ses lunette tombante en répondant d'une main. Il admettait lorsqu'on jouait bien.« Un point pour vous. »
Elle répondit vite ;
«Je vais vous poser une question. N'oubliez pas notre deal. »Négociatrice avant tout, se fit-il la réflexion en inscrivant une réponse.
«Je ne peux pas vous assurer d'y répondre. »La question mit plusieurs seconde à arriver, et il se demanda combien de fois elle l'avait réécrit ; puis combien de secondes elle s'était forcée à attendre.
«Avez-vous fait des recherches sur moi Professeur ? »
«Très peu.»
Demi-mensonge. A l'échelle de sa vie c'était peu. Mais à l'échelle d'un individu lambda, c'était beaucoup.«C'est à la fois rassurant et risqué. Ne dit-on pas «Connaît ton ennemie » ? »
Il saisit la balle au bon.
«Vous voudriez apprendre à me connaître ? »Les mots qu'elle lui offrit en retour le firent sourire.
«Et vous aussi. Ou vous n'auriez pas utilisé ce numéro. »
Touché Inspectrice.«Vous marquez un deuxième point. » admit-Il amusé.
«Vous aimez compter les points. »
Il y avait une amertume dans cette phrase, et comme devant une enfant, le professeur se radoucit.Il mit plusieurs seconde à formuler et à reformuler sa phrase.
«Je ne cherche pas d'informations dans l'idée de m'en servir contre vous personnellement. » écrivit-il honnêtement.
«Je n'en doute pas. »
Et rien qu'à ses mots, il sur qu'elle n'en croyait pas un mot.Il écrivit la réponse.
«Vous n'êtes pas tenue de me répondre.
Je ne vous en tiendrais pas rigueur. Loin de vous l'idée de gâcher votre soirée. »
Bluff ? Culpabilité ? Il n'était pas certain. Un mélange des deux. Il n'avait rien de personnelle contre la femme en face ; au contraire.«Ma soirée se résume à imaginer le pire en sachant que je dois dormir quand même Vous n'interrompez pas grand chose.»
Manipulation ? Réalité ? Instant de réel tristesse ? Lassitude ? Il ne savait pas quoi lire dans ses mots.« Laissez-moi vous alléger l'esprit. Aucun otage n'est blessé. Ils mangent à leurs faim. Ils dorment dans des sacs de couchages. Maintenant allez-dormir Inspectrice. Je vous retient. »
Et elle ne répondit pas, ce qui n'était pas son genre. Il en vint à la conclusion qu'elle s'était tout simplement endormie. Il espérait qu'elle ai vu son message.
C'était une adversaire professionnelle ; mais il la trouvait personnellement relativement sympathique, et il ne voulait pas troubler son sommeil.En plus d'une charmante discussion dans son hangar austère, le professeur avait pousser sur son échiquier un pion de plus.
Voilà qui lançait une phase de plus de son plan.
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De vous à moi
Fanfiction[ Bonjour, Cette histoire se déroule durant l'affaire de la fabrique, le jour après sa toute première rencontre avec le professeur, sous le nom de Salva. Dans cette version, je part du postulat qu'il ne l'a rencontré QU'UNE FOIS au bar. Cela aurait...