Home to Avonlea (trad. française)

Chapitre 8: Les étoiles

Anne était allongée dans l'herbe.

Il faisait sombre et froid, et la pluie tombait du ciel étoilé. La lune était là aussi, grosse et solennelle, et toujours aussi brillante, illuminant le monde. Au milieu de la pelouse trempée, Anne n'était plus qu'une simple tâche rousse. La pluie nettoyait sa blessure. La nature devenue Pieta, la berçait.

Anne avait toujours des vertiges, et le monde, lui, nageait devant elle. Elle avait vraiment perdu beaucoup de sang et n'était plus tout à fait maîtresse de ses pensées. Elle pensait à pleins de choses délirantes, son imagination créait des histoires encore plus délurées que d'habitude. Elle était nauséeuse et aussi faible qu'une petite plume.

S'allonger par terre avait paru être une bonne idée en premier lieu -après tout, elle avait marché pendant ce qui semblait des heures- mais maintenant, elle ne pouvait plus se relever. Peut-être qu'elle mourrait ici, sur l'herbe, à côté de la route.

Anne ne put vraiment penser, après cela. Elle était maintenant inconsciente.

Le rêve de Anne était joyeux. Tout brillait et éblouissait, et les rayons du soleil dansaient sur ses tâches de rousseur, sur son teint rosé. C'était l'été et elle se trouvait dans une magnifique prairie rayonnante et garnie de fleurs splendides. Les papillons dansaient autour d'elle et de magnifiques fleurs sauvages et brins d'herbe coiffaient ses cheveux bouclés.

Ses cheveux étaient auburn et elle portait une merveilleuse robe bleu pale à manches bouffantes. Elle se sentait divinement heureuse et rit avec joie lorsqu'elle aperçut Marilla et Matthew pas très loin, assis sur le porche des Pignons Verts, la saluant, leurs visages radieux. Tout allait bien. Tout était parfait.

Ensuite, une voix raisonna. Elle lui était familière. Toute sa colonne vertébrale frissonna. Elle se retourna, et vit un garçon grand et charismatique, aux cheveux noirs et bouclés, encadrant un pâle et beau visage. Un garçon qu'elle connaissait et qui avait quelque peu changé, le temps d'un voyage. Il avait mûri, il était là, et il était heureux de la voir.

« Gilbert! » Anne ne put s'empêcher de sourire.

Il se rapprocha. Il avait un sourire doux et craquant. Anne se sentit alors magnifique et aimée. Il était tout d'un coup devenue timide.

Elle prit une grande inspiration. C'était dur de respirer et Anne grimaça. Elle ne pouvait inhaler correctement, ses muscles étaient comme déchirés.

Soudain, le visage de Gilbert changea. Il y avait un problème. Il était en train de dire quelque chose, mais sa voix sonnait comme s'il était dans de l'eau. Elle ne comprenait rien. Anne se rapprocha de Gilbert, mais lui, semblait s'éloigner. Il criait maintenant, mais il était impossible pour Anne de percevoir ses mots. Elle était effrayée.

« Gilbert? » Anne voulait que ça s'arrête.

Ensuite, elle entendit ces mots: « Anne! Reveille-toi! »

...

Gilbert et Diana ne voulaient pas se l'admettre, mais tous les deux commençaient à penser qu'ils ne retrouveraient jamais Anne. Ils avaient chevauché toute la nuit et tout ce qu'ils avaient découvert étaient de terribles indices, qui laissaient croire que Anne était blessée et avait subi un accident. Ils étaient sur la route -qui était sûrement la plus mauvaise de toutes celles qui existent-, où ils ne voyaient désormais plus aucune trace de Anne.

« Gilbert, on devrait rentrer. » dit Diana, fort, pour se faire entendre par-dessus la pluie battante et le vent. « On ne trouvera pas Anne ce soir... On va tous les deux attraper froid avec ce temps ou bien avoir nous-mêmes un accident. »